Année après année, Rafael Nadal repousse les limites du possible sur les courts de la Porte d'Auteuil. Désormais à la tête de 12 titres à Roland-Garros, le Majorquin laisse sans voix les plus grands experts du tennis. À commencer par ceux qui le connaissent le mieux.
Nadal : une pluie d'éloges
Les réactions de Carlos Moya, Thomas Muster, Toni Nadal ou Alex Corretja.
Carlos Moya, champion de Roland-Garros en 1998 et co-entraîneur de Rafael Nadal
"Ces deux derniers mois ont été très difficiles pour Rafael. Avec l'équipe nous avons essayé de l'entourer au mieux. Nous avons laissé nos rôles de coach, physio ou autre de côté pour être avant tout des amis Il fallait qu’il sache qu’il avait quelqu’un à qui parler, sur qui il pouvait compter.
Ça a été une période très difficile pour lui mentalement et aussi physiquement à cause de la blessure survenue à Indian Wells. Il a dû se pousser jusqu’à la limite pour être de retour sur le court, pour être motivé.
Il a eu une attitude incroyable dans ces mauvais moments, c’est ce qui l’a amené ici aujourd’hui, donc chapeau à lui. C’est facile de jouer bien quand tout va bien mais ce qu’il a traversé ces deux derniers mois montre quel compétiteur il est et à quel point c’est un génie mentalement."
Toni Nadal, oncle et ex-entraîneur de Rafael Nadal
"12 titres... C'est incroyable ! Quand il avait battu Roger Federer pour se qualifier pour sa première finale lors de sa première participation, c’était déjà incroyable. Le dimanche, quand il avait gagné contre Puerta, j’étais soulagé, je me disais : 'ça y est, il en a gagné un, il ne quittera pas le circuit ATP sans titre en Grand Chelem.' Et chaque année j’ai dit: 'oh une autre, et puis une autre…'
Avant chaque finale ici, je dis à Rafael : 'Pour toi, c’est difficile, tu es nerveux mais tu n’as pas grand-chose à perdre. 1 titre sur 7 ou 8 titres, ça ne change pas grand-chose. Pense à ton adversaire. Lui joue beaucoup plus gros.'
Au début de la saison sur terre, on était inquiets car il l'a débutée sans avoir pu s’entraîner correctement et après, il a perdu contre Fabio Fognini. Il a fait un mauvais match et ça lui a fait perdre confiance. Il n’a pas bien joué jusqu’à Rome, où tout a changé.
Là-bas, après avoir assisté à un de ses entraînements, je me souviens lui avoir dit : 'Ne réfléchis pas trop car tu n’es pas si loin de ton meilleur niveau.' Je savais qu’il ne manquait pas grand-chose pour qu’il joue bien.
Il avait du mal à me croire car il n’était pas dans un moment facile mais je lui ai dit : 'Il faut que tu gagnes ici à Rome et puis ensuite à Roland-Garros et tu passeras un bon été.'
Il a retrouvé son niveau de jeu à Rome, il a très bien joué en demi-finales contre Stefanos Tsitsipas puis en finale contre Novak Djokovic, et ces victoires lui ont donné la confiance suffisante pour faire de bons matchs ici."
Francisco Roig, co-entraîneur de Rafael Nadal
"Peu de choses me surprennent aujourd’hui. Il est capable de se sortir de situations dont tu ne le savais pas capable de sortir. Sa passion, son envie après toutes les victoires qu’il a connues et toutes les difficultés qu’il a traversées sont incroyables. Je crois que c’est celui, dans le Big 3, qui a le plus de mérite car il a connu beaucoup plus d’épreuves que les autres.
Ça fait déjà très longtemps qu’on a l’impression qu’on s’approche de la fin. Je me souviens quand notre objectif était d’arriver à jouer les Jeux Olympiques de Rio…Et on est toujours là, je crois qu’il ne faut pas fixer de dates, tant qu’il a envie et que son corps le lui permettra, je crois qu’il sera au rendez-vous."
Alex Corretja, finaliste de Roland-Garros en 1998
"Il y a quelques semaines Rafael Nadal était plus faible que les autres années à la même époque. Mais à partir de Barcelone, il a commencé à retrouver le rythme et la confiance. Gagner Rome a été fondamental pour lui. Et ici, il a joué un tennis brillant, très agressif, déplaçant beaucoup ses rivaux.
Ça fait plusieurs années qu’il joue de manière plus agressive et c’est l’une des clés de ses derniers succès, ça lui permet de jouer des matchs plus courts et quand il arrive en quarts de finale ou en demi-finales, il est dans une bonne dynamique et n’a pas perdu énormément d’énergie.
Aujourd’hui, ses premiers tours durent 1h50 alors qu’avant, c’était plus 2h45 pour le même score.
Il n’y aura plus jamais personne comme lui. Pour gagner ici, il faut être très fort physiquement et mentalement. Roland-Garros est à mon avis le tournoi le plus difficile à gagner. Il faut supporter des échanges longs, récupérer après des matchs parfois dans des conditions difficiles et Rafa l’a remporté 12 fois… Enfin pour le moment ! Parce que c’est le joueur le plus fort mentalement que j’ai connu. "
History was made.
— Roland-Garros (@rolandgarros) June 9, 2019
And so were the GIFs.
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Thomas Muster, champion de Roland-Garros en 1995
"Aujourd'hui, Dominic a dû prendre plus de risques, sortir de sa zone de confort et ça l’a fait faire plus de fautes que d’habitude. Dans le deuxième set, il a mieux servi, a eu plus de points faciles derrière son service mais Rafa a trop bien joué. Dans le début du quatrième set, Dominic a eu des opportunités qu’il n’a pas réussi à convertir et face à Rafa, ça ne pardonne pas.
Mais ce sont déjà deux finales pour Dominic après plusieurs demi-finales ici à Roland-Garros et il se rapproche de Rafa. Qui sait ce qui se passera dans le futur. Mais je reste optimiste sur le fait qu’il pourra un jour soulever cette coupe."