Onze ans après son titre chez les juniors, Kristina Mladenovic a enfin une héritière à Roland-Garros en la personne d’Elsa Jacquemot. La Lyonnaise, tête de série n°3, a fait preuve d’une grande combativité pour s’imposer 4/6, 6/4, 6/2 après 2h12 de jeu face à la Russe Alina Charaeva.
Sacrée Elsa !
Onze ans après Kristina Mladenovic, Elsa Jacquemot s'est offert le titre du simple filles à Roland-Garros.
Les choses avaient pourtant bien mal commencé pour la pensionnaire de la All In Academy, où elle s'entraîne avec Simon Blanc et Nicolas Tourte. Bousculée par la Russe, Elsa a cédé son service d'entrée de match. Malgré un débreak pour recoller à 3-3, la Lyonnaise s'est de nouveau fait surprendre, perdant la première manche 6/4. Alors que son adversaire, quart-de-finaliste en simple filles et finaliste en double lors de l'édition 2019, semblait avoir pris l'ascendant, Elsa n'a jamais baissé les bras.
Ne jamais renoncer
Courageuse et accrocheuse, elle s'est battue sur chaque point, variant un peu plus les trajectoires pour faire la différence en fin de deuxième manche et recoller à une manche partout. Enfin lancée, c'est elle qui a pris les devants dans le set décisif pour doucher définitivement les espoirs de titre de son adversaire en se détachant rapidement 4-0 puis 5-1, avant de conclure 6/2 sur une dernière double faute d'Alina Charaeva.
"C'était dur. Je suis restée dans mon match. Je n'avais qu'une envie : gagner. Je voyais la victoire. J’avais envie de gagner et d'avoir ce trophée. C’est grâce à cette rage que j’ai gagné !"
Savourer sans s'emballer
Ce titre à Roland-Garros, Elsa et sa famille en rêvaient depuis longtemps. "C'est la récompense de tant d’années de travail pour arriver à ce titre. Alors le faire à Roland-Garros, c'est encore plus fort, c'est ce dont rêvent tous les joueurs français", se réjouissait son père Jérémie, arrivé de Lyon le matin-même avec Céline, la maman, pour assister au triomphe de leur fille.
Née dans une famille d'athlètes, c'est pourtant au tennis qu'Elsa s'est révélée très vite talentueuse. "On jouait en loisir au TC des Ronzières au nord de Lyon, elle nous accompagnait et un jour un entraîneur l'a vue taper contre un mur et nous a proposé de s'occuper d'elle, raconte la mère de la nouvelle championne de Roland-Garros juniors. Elle a très vite accroché et c'est elle qui nous a embarqués dans son projet. Depuis des années, sa vie, c'est le tennis. Elle mange tennis, elle dort tennis, elle rêve tennis..."
Volonté et sacrifices
Pour transformer ses rêves en réalité, la licenciée du Tennis Club de Lyon depuis 2014, qui vit à côté de la All In Academy la semaine et rentre chez ses parents le week-end lorsqu'elle n'est pas en tournoi, n'a pas hésité à arrêter ses études pour se consacrer entièrement à sa passion et est prête à tous les sacrifices.
"C'est une battante, confirme son entraîneur Simon Blanc. On pense vraiment qu’elle a tout ce qu’il faut au niveau mental et physique pour aller jouer sur les grands courts un jour mais il y a évidemment encore du chemin à faire. Il faut apprendre, aujourd'hui elle apprend en gagnant et gagner un Grand Chelem en juniors pour une fille de cet âge-là, c’est top."
"Je savoure le moment, souriait Elsa Jacquemot en conférence de presse. Toutes les joueuses qui ont fait ce tournoi voulaient le gagner. C'est bien. Je suis très contente. Je savais que ça allait m'aider pour la suite de le gagner. La route est longue. Le chemin est long, je le sais et je vais continuer à travailler."
Huitième joueuse française de l'ère Open à inscrire son nom au palmarès de Roland-Garros juniors, Elsa Jacquemot vise avec ce titre la place de numéro un mondiale juniors, catégorie dans laquelle elle pourra encore s'aligner l'an prochain. "On ne sait pas si les tournois juniors de fin d’année vont avoir lieu, confiait son entraîneur. Si c’est le cas, elle en fera un ou deux pour assurer sa place de numéro un mondiale et sinon on verra l’an prochain..."
Avant de se consacrer totalement au circuit professionnel pour grimper au classement WTA où Elsa figure actuellement à la 525e place.