Irrésistible à Paris, Iga Swiatek, 19 ans, a écrasé la concurrence pour s’offrir son premier titre en Grand Chelem… et son premier titre tout court. Retour sur une épopée fulgurante.
2020 dans le rétro : Swiatek, rock the Central
Retour sur un moment marquant de la saison 2020 : l'épopée fulgurante d' Iga Swiatek à Roland-Garros. Avec le titre à la clé.
Toujours ébranlé par la pandémie de Covid-19, le monde du tennis était loin de se douter qu’il allait assister à une autre tempête durant cet automnal Roland-Garros 2020. En 7 matchs comme autant d’éclairs, l’ouragan Iga Swatek a tout emporté sur son passage, ne laissant que des miettes à une concurrence réduite au statut de fétu de paille.
Certes, la Polonaise de 19 ans ne débarquait pas à Paris en tant qu’inconnue, elle qui avait atteint à «Roland» les 8e l’an passé et à Melbourne en début d’année. Brillante chez les jeunes, elle s’était révélée en 2018, en remportant Wimbledon juniors.
Halep balayée… comme les autres
Pas de quoi lui coller une étiquette de favorite sur le dos néanmoins. Juste avant Roland-Garros, Swiatek avait perdu d’entrée à Rome. Qui plus est, elle n’avait jusque-là joué qu’une seule finale (perdue) sur le circuit principal, à Lugano.
Avant la quinzaine parisienne, elle pointait à la 54e place à la WTA.
Mais son premier tour Porte-d’Auteuil allait donner le ton d’une épopée fulgurante. 1h04 de match, trois petits jeux inscrits, et la finaliste de l'édition 2019 Marketa Vondrousova était éjectée sans ménagement de la compétition.
A peine quelques miettes de plus laissées à Su-Wei Hsieh (6/1, 6/4) puis à Eugenie Bouchard (6/3, 6/2), et voilà Iga Swiatek de retour en 8e de finale où l’attendait Simona Halep, grande favorite du tournoi.
Les deux joueuses s’étaient affrontées au même stade de la compétition l’an passé… pour une victoire express de la Roumaine (6/1, 6/0). On dit souvent que l’histoire à tendance à bégayer ; pas ce jour-là. Halep, d’ordinaire si solide, a fini torpillée en 2 manches par une Swiatek aux frappes chirurgicales.
«Complètement fou»
La suite fut tout aussi expéditive. Trévisan facilement écartée en quart, la surprise Podoroska sans solutions... seule Sofia Kenin, lauréate à Melbourne en janvier, pouvait s’interposait entre elle et le trophée. Mais l’Américaine, blessée à une cuisse, n’a pas plus que les autres pu enrayer le raz-de-marée polonais.
A l’issue d’un tournoi de bout en bout stratosphérique, Iga Swiatek est devenue la première Polonaise – femmes et hommes confondus – lauréate d’un tournoi du Grand Chelem. Au total, elle n'a laissé échapper en moyenne que 28 jeux… soit quatre par match.
À 19 ans et 4 mois, elle est la plus jeune gagnante du tournoi depuis Monica Seles en 1992 et la première à ne pas concéder le moindre set depuis Justine Henin en 2007. «Ça me dépasse, c'est complètement fou», a lâché la Polonaise, interloquée et large sourire aux lèvres après la finale.
Le sport dans le sang
Fou, peut-être. Inespéré, sûrement. Il y a encore quelques mois, la native de Varsovie ans était une jeune fille presque comme toutes les autres, partageant sa passion du tennis avec la suite de ses études.
«Je devais faire des entraînements à 7 h du matin, parce qu’elle devait aller à l’école après. Elle arrivait fatiguée, après avoir dû étudier la nuit», se rappelle son entraîneur, Piotr Sierzputowski, qui travaille avec elle depuis 2016.
Mais la Polonaise a su cultiver le goût du sport et de l’effort transmis par son père, Tomasz, ancien spécialiste de l'aviron, 7e au Jeux Olympiques de Séoul. Et su faire fructifier la saine rivalité entretenue avec sa sœur Agata qui a également pratiqué le tennis à un haut niveau.
Très intéressée par la gestion mentale des matchs, la joueuse assume aussi complètement le fait de travailler depuis trois ans avec une psychologue, Daria Abramowicz (photo ci-dessus), afin de gérer ses émotions. «Les meilleures, ce sont celles qui sont les plus fortes mentalement», estime la championne polonaise. Une prise de parole rare dans un circuit où le sujet est peu abordé.
Autre aspect qui détonne chez la nouvelle reine de «Roland», qui aime s’aérer l’esprit en pratiquant la navigation : sa passion pour un rock assez old school (Pearl Jam, Red Hot Chili Peppers, Pink Floyd, AC/DC…) qu’elle écoute avant les matchs.
Iga Swiatek va-t-elle continuer à «électrifier» ses adversaires ? Seule la suite le dira, alors qu’elle n’a plus rejoué depuis la fin de Roland-Garros. Un tournoi qu’elle aura maîtrisé de bout en bout. Comme un certain Rafael Nadal.
Ça tombe bien : «C'est le seul joueur que je regardais à la télévision quand j'étais petite», a confié la Polonaise.
Il sera sans doute difficile à Iga d’égaler les himalayens records du maître des lieux. Mais pour une année, au moins, elle aura été son égale sur le court Central d’un tournoi devenu pour l’occasion «Poland-Garros».