Sofia Kenin (6e) contre Iga Swiatek (54e) : c’est l’affiche inattendue de cette finale de Roland-Garros 2020. Une rencontre rafraîchissante entre deux jeunes joueuses à la détermination assumée qui grandissent à la vitesse de l’éclair.
Finale dames : la jeunesse au pouvoir
Sofia Kenin, 21 ans, et Iga Swiatek, 19 ans, s'affrontent en finale ce samedi. Un duel rafraichaîssant et indécis.
Deux trajectoires fulgurantes
Il y a deux ans, Iga Swiatek disputait Roland-Garros chez les juniors, où elle s’inclinait en demi-finales. Un an plus tard, elle était en huitièmes de finale chez les adultes, battue par la tenante du titre, Simona Halep. Cette année, elle a traversé le tableau sans un accroc, prenant une revanche éclatante sur la Roumaine, balayée sans ciller. La trajectoire de la Polonaise de 19 ans est limpide et pourrait donner le vertige aux meilleures joueuses.
De l’autre côté du filet, Sofia Kenin, 21 ans, avait marqué les esprits l’an dernier en sortant Serena Williams ici même avant de tomber en huitièmes de finale face à la future gagnante, Ashleigh Barty. L’Américaine aux origines russes a continué à travailler avec sa remarquable détermination et, sans plus attendre, elle a remporté en janvier dernier son premier titre en Grand Chelem : l’Open d’Australie.
La finale la plus jeune depuis 17 ans
Ces deux-là ne s’embarrassent pas des étapes, elles les franchissent à pas de géantes. Cette affiche sera la première finale à mettre aux prises deux joueuses de moins de 22 ans depuis Justine Henin – Kim Clijsters en 2003. Un vent frais souffle à Roland-Garros ainsi que sur le circuit féminin, et pas seulement parce que c'est l'automne.
L’ancienne joueuse française Sophie Amiach constate avec plaisir cette évolution. "Ce qui est extraordinaire dans le tennis féminin, c’est que lorsque l’on regarde le tableau, on ne se dit pas : 'Elle, elle va gagner le tournoi'". Kenin, qui a donc déjà remporté un tournoi du Grand Chelem, a la faveur des pronostics. Mais "il n’y a pas de grande favorite, tempère Sophie Amiach. Le souffle de la jeunesse fait oublier la pression, c’est ce qu’a très bien fait Ostapenko en 2017 lorsqu’elle gagne le titre. Elle était sur un nuage pendant deux semaines et jouait comme si elle était sur un ITF".
Une affiche indécise
Après sa demi-finale remportée en deux manches contre une autre lauréate en Grand Chelem, Petra Kvitova, Sofia Kenin s’est remémoré son seul et unique face-à-face avec Iga Swiatek. C’était dans le tournoi juniors de Roland-Garros 2016 et la Polonaise l’avait emporté 6/4, 7/5, alors qu’elle avait 15 ans. L’Américaine a d'ailleurs précisé qu’elle se souvenait de tous ses matchs et n'a pas oublié cette défaite.
"Kenin s’est améliorée match après match dans ce tournoi, constate Sophie Amiach. Elle se sert extrêmement bien de son amortie. Même si ce n’est que côté revers, les filles n’arrivent pas à la voir. C’est extrêmement fort ce qu’elle fait mentalement. Après cinq mois d’arrêt, elle a perdu le niveau de confiance qu’elle avait emmagasiné avec son titre en Australie. Elle a pris deux bulles à Rome par Azarenka et elle est de retour."
Avec son mental de championne, hérité de sa double culture américaine et russe, Sofia Kenin a su renverser des situations mal embarquées à plusieurs reprises dans cette quinzaine, avec notamment quatre succès acquis en trois sets.
En comparaison, Iga Swiatek a tranquillement tracé sa route jusqu'en finale, ne lâchant pas une manche en chemin. La Polonaise au jeu agressif et créatif a certes passé 3h30 de moins sur les courts, mais elle était encore engagée en double à la veille de sa finale. Après deux heures et demi de combat, elle encaissait d'ailleurs sa première désillusion de la quinzaine, aux côtés de Nicole Melichar.
Cette défaite ne suffira sans doute pas à dissiper la dose de confiance accumulée depuis deux semaines, tant la Polonaise a semblé imperméable à la pression jusqu'à présent. Pointant au 54e rang mondial, Swiatek est la finaliste la plus mal classée depuis la Roumaine Florenta Mihai en 1977. Et elle pourrait aussi devenir la plus jeune championne depuis Monica Seles en 1992.