5 choses à savoir sur Holger Rune

Pour son premier Roland, le Danois de 19 ans a éteint le Canadien Shapovalov au premier tour et dispute son premier huitièmes de finale en Grand Chelem.

Holger Rune, 1er tour, Roland-Garros 2022©Corinne Dubreuil / FFT
 - Marius Veillerot

(Mis à jour le 29 mai 2022)

C'est fait, Holger Rune a laissé son empreinte sur la terre rouge de Roland-Garros et dans l'esprit des suiveurs de la petite balle jaune. Contre Denis Shapovalov, tête de série n°14, l'occupant du 40e siège au classement ATP a signé sa première victoire Porte d'Auteuil. Le Danois avait déjà enquiquiné Djokovic au premier tour de l'US Open 2021. Une façon de poser une première pierre gravée de ses prénoms – Holger Vitus – sur le circuit. À 19 ans, il est déjà bien implanté dans le paysage du tennis mondial et s'y est encore enraciné un peu plus face à Henri Laaksonen et Hugo Gaston qui n'ont pas réussi à l'inquiéter. Hawk-eye sur la jeune carrière d'un tennisman qui fait rimer ambition et précocité et dispute à Roland-Garros le premier (d'une longue série ?) huitième de finale de sa carrière en Grand Chelem.

Victorieux chez les juniors

Si sa première victoire a été remarquée dans le tableau principal de Roland, Rune avait déjà trimballé sa raquette et son tempérament sur la terre battue parisienne. En 2019, le Danois avait en effet remporté le tournoi chez les juniors. En finale, une averse l’avait contraint à patienter une heure entre la deuxième manche et la troisième mais le jeune homme était déjà pressé. L’Américain Toby Kodat avait sauvé deux balles de match avant la pause pluie, puis "Holgy" lui avait infligé une "roue" dans le troisième set pour empocher la compétition du haut de ses 16 ans.

À l’époque, déjà, ce succès n’avait rien d’un coup d’une semaine. Au mois d’octobre de la même année, le natif de Gentofte s’était hissé au premier rang mondial du classement juniors.

Première fois à Munich

Trois semaines avant sa première à Roland, Rune a fêté son premier titre sur le circuit principal. À l'ATP 250 de Munich, il n'a pas lâché un set en cinq matchs disputés. Le droitier s'est même payé le luxe d'éjecter Alexander Zverev de Bavière (6/3, 6/2), s'offrant un joli cadeau, deux jours avant son 19e anniversaire, le 29 avril. Deux jours plus tard, il remportait la compétition suite à l'abandon de Botic van de Zandschlup (4-3 ab). "C'est probablement la pire façon de gagner une finale", a-t-il regretté à l'issue du match. Déjà vainqueur de cinq Challengers, Holger sait de quoi il parle.

Génération Alcaraz

La promotion 2003 est turbulente sur le circuit principal. Bien qu'il baigne en pleine lumière, Carlos Alcaraz ne relègue pas totalement Rune dans l'ombre. Le Danois est le plus jeune joueur à figurer dans le Top 100 actuel. Lui non plus n’a pas traîné en chemin. Passé pro en 2020, 475e début 2021, il compte parmi les 100 joueurs les mieux classés depuis janvier dernier.

Dans le même ton, ce mordu de terre battue est le premier joueur né en 2003 à s’être incrusté en quarts de finale d’un tournoi du circuit principal. C’était à Santiago, en mars 2021. Il a également pointé sa houppette blonde aux Next Gen ATP Finals, le Masters version biberon.

De la gouaille et de l’ardeur

Le tennisman de 19 ans se sert de son débit rapide pour traduire ses ambitions et afficher sa personnalité. Lars Christensen, son coach, a fait les présentations dans une interview accordée à l’ATP : "Il est très émotif, très compétitif aussi et très, très rapide".

Rune puise le carburant de son jeu offensif dans ses modèles, notamment Caroline Wozniacki. "C’est bon de voir que quelqu’un peut aller aussi loin qu’elle : remporter un Grand Chelem, un Masters et être numéro un mondiale, a-t-il commenté. C’est une inspiration pour nous tous."

Le Danois vise donc le toit du classement et se donne les moyens de ses ambitions, lui qui n'a pas hésité à réclamer un entraînement en commun à Djokovic. L’intensité qu’il déploie plaît à ses partenaires de jeu. Quant à sa gouaille et sa personnalité rieuse, elles ont aussi de quoi séduire, ou elles prêtent à sourire. On se souvient notamment que pour affronter "Nole" à l’US Open, le poulain de Christensen s’est présenté sur le court avec un sac d’une célèbre marque suédoise. "C'est un sac pratique. Je peux y mettre toutes mes boissons et mes bananes. Il me convient bien pour aller sur le court", a-t-il souri.

Le même entraîneur depuis ses 6 ans

Son coach se charge de canaliser l'ardeur du bonhomme. Guidé par sa sœur, "Holgy" a croisé la route de Lars Christensen dès ses 6 ans et demi. "C’est une aventure extraordinaire, commente l’entraîneur. Lorsque la relation est si étroite, c'est difficile d’être professionnel, de garder la bonne distance. Je dois parfois être très dur avec lui, mais je dois aussi le traiter comme mon fils."

Holger Rune, R1, Roland-Garros 2022Corinne Dubreuil / FFT

Ensemble, ils ont bâti la technique du jeune joueur et vaincu ses crises de fainéantise. Le tout sous l’œil de la maman, Aneke, puis de Patrick Mouratoglou, qui a ouvert les portes de son académie à un prometteur gamin de 13 ans.

Les bases du clan Rune sont solides. Renforcées par les anecdotes liant le coach et son apprenti : "Le temps d’une semaine, il était Rafa, avec le bandeau et tout l’équipement. Il voulait être comme lui. La semaine suivante, il devenait Federer et s’y consacrait entièrement." Le numéro 40 mondial n’évolue pas sur les mêmes cimes que son idole suisse mais il prend soin d’arroser le circuit de ses promesses. Silence, s’il vous plaît, ça pousse.