Affiche 2025 : la bande dessinée à l’honneur !

L’association inédite du tennis et de la bande dessinée

L’inspiration lui est venue en observant un court de tennis du dessus. Une vue exceptionnelle et unique qui l’a tout de suite emmené dans son univers : la bande dessinée. "À partir du moment où j’ai réalisé qu’un court de tennis vu en plan, ce sont des cases de BD avec les couloirs et les carrés de service, je me suis amusé à transfigurer le tracé d’un court et à le marier avec le gaufrier d’une bande dessinée, a raconté ce diplômé des Beaux-Arts d’Angers. Cela fait exactement 10 cases de formes différentes, qui peuvent former une page de BD. Ensuite, il fallait trouver un récit".

Dessinateur avant tout, Marc-Antoine Mathieu a déjà publié une vingtaine d’albums avec des narrations très différentes allant du livre-objet aux récits plus classiques dont il conçoit également les scénarios. Cet habitué a démarré ce nouveau projet, emblème de chaque édition de Roland-Garros, avec un carnet et un crayon. Il a commencé par poser pêle-mêle ses idées, avant de les transformer petit à petit en un croquis. "Une fois qu’on a ce dessin, on utilise de l’encre de Chine avec une plume ou un pinceau, puis on le numérise. La phase de "post-production" sur ordinateur permet de peaufiner et d’affiner les couleurs, car je ne suis pas peintre".

Grâce à cette production hybride mêlant son talent à un petit coup de pouce informatique, il est parvenu à reproduire le plus fidèlement possible la couleur de la terre battue. "C’est plus qu’une teinte, a précisé celui qui a obtenu le Prix du Meilleur Album pour Le Dessin au festival de Sierre en 2002. Il s’agit d’un pigment difficile à reproduire sur une image. Cette phase s’est également effectuée à partir des retours très constructifs de la FFT, en créant un dialogue passionnant avec des gens qui connaissent bien mieux le tennis que moi".

Une affiche aux multiples interprétations

Laisser les spectateurs élaborer leur propre récit en les invitant à reconstituer eux-mêmes l’ordre des évènements dans ces dix cases de bande dessinée, c’est le souhait premier de Marc-Antoine Mathieu. "Normalement, une affiche doit être perçue et comprise immédiatement, il doit y avoir une forme d’efficacité. Là, je voulais qu’elle contienne une histoire qui soit complètement interprétable par celui ou celle qui la regarde. Elle interroge le regard", a-t-il poursuivi.

Il guide néanmoins le public sur la temporalité de la séquence : la présence de la lune et des étoiles dans le ciel laisse penser que la journée débute en fin de matinée pour se conclure à l’occasion des sessions de soirée. "Il y a cette idée évidente d’un écoulement du temps en passant d’un bleu ciel à un bleu nuit, je donne les signaux que du temps a passé. Le court s’est endormi, peut-être que le match continue, on ne sait pas vraiment...Que se passe-t-il la nuit à Roland-Garros quand tout le monde est parti ? On peut formuler de nombreuses hypothèses, c’est ce que je trouve intéressant dans une image".

Les admirateurs de l’affiche peuvent désormais se créer leur propre match, leur propre après-midi à Roland-Garros. Laissez place à votre imagination !