Au terme d'une intense opposition, Alexander Zverev est venu à bout d'un Frances Tiafoe entreprenant et dangereux mais qui a fini par plier (3/6, 7/6(3), 6/1, 7/6(5) en 3h41). Il affrontera Grigor Dimitrov lundi en huitième de finale, son sixième consécutif Porte d'Auteuil.
Zverev rugit et croque Tiafoe
Pour sa deuxième session de soirée, l'Allemand a remporté un énorme combat.
Il ne fallait pas arriver en retard. Le duel annoncé entre deux joueurs dont la puissance est l'atout majeur, a démarré tambour battant. Un bras de fer où chacun a essayé, avec autorité, de s'affirmer dès les premières mises en jeu. C'est d'abord "Big Foe" qui a annoncé la couleur en s'octroyant un premier break à l'aide d'un gros passing et d'un revers long de ligne rageur. Même s'il a parfois commis des fautes en cherchant à conclure le point, il a le plus souvent réussi à enchaîner les frappes dans les bonnes zones pour breaker à nouveau son adversaire et lui soutirer un set. Une première depuis le début du tournoi.
Dans ce combat de haut vol, Alexander Zverev aussi est parvenu à transcender la foule, avec un passing phénoménal pour breaker son vis-à-vis d'entrée de deuxième manche. Un avantage effacé dans la foulée grâce à un enchaînement de gifles en coup droit, de slices bien sentis et d'amorties déposées.
Les deux hommes n'ont cessé de se mettre sous pression. Mais en patron, le 12e mondial n'a pas flanché sur les trois nouvelles balles de break qu'il a dû sauver. Jusqu'à l'inévitable tie-break dans lequel "Sascha", après avoir vendangé une volée, a haussé le ton pour arracher le deuxième set d'un dernier coup droit gagnant. Suffisant pour provoquer l'euphorie des spectateurs et une bronca généralisée au message clair : eux aussi voulaient vivre une nuit de folie.
Tiafoe a voulu (trop) bien faire
Durant 11 minutes au début du troisième set, les deux hommes se sont battus et l'Américain est de nouveau parvenu à prendre le service adverse. Un mano à mano qui laissait présager une lutte équilibrée mais son jeu s'est soudainement délité. Moins précis, moins tranchant et moins régulier, le natif de Hyattsville a perdu patience. A vouloir tout conclure trop vite, il a enchaîné les fautes directes (51 au total). Et le demi-finaliste de l'an dernier s'en est délecté pour corriger son vis-à-vis et prendre les commandes (6/1).
Des trous d'air dont l'Allemand n'a pas été épargné, à l'image de la quatrième manche, durant laquelle une soudaine perte de confiance lui a une nouvelle fois coûté sa mise en jeu, offerte sur un plateau par une double faute (3-5). Sa chance est probablement d'avoir réussi à redresser immédiatement le gouvernail. De quoi accentuer un peu plus la tension installée depuis de nombreuses minutes.
A 5-5, Tiafoe l'a joué gros bras en enchaînant trois grosses premières pour préserver son engagement. S'il a pu autant rivaliser avec son adversaire, c'est aussi parce qu'il a passé un cap dans ce domaine (71% contre 56% depuis le début du tournoi). Alexander Zverev l'a imité pour l'emmener jusqu'au tie-break.
Il a d'abord résisté dans cet instant clé, avant de rugir. Jusqu'à se procurer une balle de match et la convertir, sur une nouvelle faute adverse. "Ça fait pile un an que je me suis blessé et j'ai vécu la période la plus dure de ma vie, lâchait un vainqueur ému au micro, juste après une très belle accolade avec celui qui est l'un de ses meilleurs amis. Ça a été tellement difficile sur ce magnifique court, mais j'ai réussi à m'en sortir et à m'offrir une deuxième semaine ici." Il est habitué à passer plus de 7 jours à Paris : c'est la sixième année consécutive qu'il sera en huitièmes.