Après 3h51 à cravacher sur le court pour contourner la défense exceptionnelle de son adversaire, Beatriz Haddad Maia a finalement repris confiance pour décrocher sa qualification en quarts de finale (6(3)/7, 6/3, 7/5). Il s'agit pour l'instant du match féminin le plus long de cette édition 2023, le troisième plus long de l'histoire de Roland-Garros.
Haddad Maia, historique et au bout de l'effort
La Brésilienne a absolument tout donné pour venir à bout de Sara Sorribes Tormo au terme d'un match épique, le plus long du tournoi féminin dans cette édition 2023.
Au bout du rouleau, en larmes, Beatriz Haddad Maia n'avait même plus la force de lever les bras pour remercier la foule. Sur un court Suzanne-Lenglen qui s'est rempli au fur et à mesure que le bruit de cette partie hors norme se propageait dans les allées de la Porte d'Auteuil, elle venait de remporter une énorme bataille, parmi les plus longues jamais disputées dans l'histoire du tournoi et du tennis féminin.
Le début du match a annoncé la couleur. En s'appuyant sur sa qualité de coup droit, la gauchère a commencé par enchaîner les points, huit d'affilée pour s'offrir un premier break (3-1). A l'aise du fond du court et agressive sur ses montées au filet, elle a pris le large et servi pour le gain du set (5-2). Avant de subitement s'écrouler. Sara Sorribes Tormo, avec son jeu défensif remarquable et fait de contres répétés, n'a cessé de renvoyer la balle dans le court et d'enchaîner les passings (5-5). Contre une adversaire vacillante au moment de conclure les points et trop imprécise (19 fautes directes dans ce set), l'Espagnole a viré en tête au tie-break (7/6(3)).
Tactiquement, la 132e mondiale a parfaitement mené sa barque en cernant les difficultés de son opposante au moment de placer des coups gagnants. En résistance permanente pour attendre la faute adverse, elle a patiemment construit son double break après - déjà - 30 minutes dans la deuxième manche (3-0).
Mais la variation, le toucher et la qualité de frappe de Beatriz Haddad Maia ont fini par avoir raison du mur auquel elle faisait face. Complètement relancée, elle a retrouvé sa capacité à dominer les échanges pour aligner six jeux de suite et prendre le deuxième set en 1h14.
Malgré quelques rechutes d'entrée de dernière manche, à l'image de ce quatrième smash de suite envoyé dans le filet, la Brésilienne a continué d'imprimer son rythme pour mener les débats (4-2). Sara Sorribes Tormo s'est battue jusqu'au bout en arrachant son engagement d'un énième jeu "longue durée" de 12 minutes, puis en égalisant sur le service qui aurait pu faire gagner son adversaire (5-5). Mais Haddad Maia, avec ce qu'il lui restait de lucidité, a continué de harceler sa vis-à-vis dans les échanges pour reprendre les commandes et remporter cette bataille homérique sur sa quatrième balle de match.
"Il y a tellement d'émotions qui me submergent, a-t-elle lâché, son exploit à peine réalisé. On a joué presque quatre heures. A ce niveau-là, ce n'est plus seulement du tennis mais tout un tas de choses qui m'ont traversé l'esprit. J'ai essayé de retrouver mon jeu quand j'étais en difficulté et je suis vraiment fière d'avoir repoussé mes limites pour l'emporter." En plus de remporter le troisième match féminin le plus long de l'histoire de Roland-Garros, Beatriz Haddad Maia a laissé une autre trace dans l'histoire : elle est la première Brésilienne à rallier un quart de finale en Majeur depuis Maria Bueno en 1968.