Quel match, quel combat et quel miracle ! On a bien failli assister à un véritable séisme ce mercredi soir à Roland-Garros mais Carlos Alcaraz, considéré comme l'un des principaux favoris du tournoi avec Novak Djokovic et Rafael Nadal, s'est battu comme un damné pour finalement renverser la vapeur face à son compatriote Albert Ramos-Viñolas, s'imposant 6/1, 6/7(7), 5/7, 7/6(2), 6/4 en 4h34. Mené deux sets à un, le jeune Espagnol de 19 ans a sauvé une balle de match à 5-4 (service adverse) dans le 4e set, avant de remonter encore un break de retard dans le 5e !
Le miracle Alcaraz !
Le prodige espagnol a mis 4h34 et sauvé une balle de match pour battre son compatriote Ramos-Viñolas.
La suite dira si Alcaraz a hypothéqué une partie de ses chances dans ce Roland-Garros avec cette débauche d'énergie, ou si au contraire ce succès peut être la pierre fondatrice d'une glorieuse destinée. Mais ça n'est probablement pas, pour l'heure, son souci principal. Dans un premier temps, l'Espagnol a bien gagné le droit de savourer une victoire fantastique, une de plus à mettre à l'actif de sa légende naissante.
Une victoire qu'il est allé chercher avec sa tête, avec ses tripes, on n'ose écrire avec autre chose. Car son tennis, en revanche, était assez loin des standards stratosphériques auxquels il nous avait habitués depuis le début de la saison. Sur le court Simonne-Mathieu où on ne le reverra peut-être plus de si tôt, Alcaraz était plutôt, ce mercredi, en mode arrosage automatique.
En difficulté
Après un 1er set pourtant rondement ficelé, le protégé de Juan Carlos Ferrero s'est mis soudainement à cumuler les fautes directes, notamment côté revers, tout au long d'un 2e set dans lequel on l'a progressivement – et étonnamment – vu se crisper au fil des jeux. On en veut pour preuve son nombre relativement faible d'amorties tentées dans ce match (25 tout de même…). Carlos n'avait pas le bras aussi laxe que d'habitude, clairement.
Il aurait pu pourtant s'épargner tant de frayeurs s'il avait mené deux sets à rien, ce qu'il n'a pas été loin de faire puisqu'il a mené 4 points à 2 dans le jeu décisif du 2e set. Mais ensuite, tout s'est compliqué. En face, Ramos-Viñolas (34 ans) a aussi montré qu'il ne sort pas de nulle part, qu'il a été 17e mondial en 2017 - année de sa finale à Monte-Carlo et de son huitième à Roland-Garros (un an après y avoir atteint les quarts) - et qu'il a déjà chassé pas mal de gros gibiers dans sa carrière, comme Roger Federer ou Andy Murray.
Persévérance et abnégation
Petit à petit, sa patte gauche a fait de plus en plus de mal à son compatriote qui s'empêtrait dans ses mauvaises sensations, tout en refusant malgré tout de se compromettre dans un tennis plus assuré. Résultat : une feuille de stats à 74 coups gagnants pour 74 fautes directes, tout à fait révélatrice de ce qu'on a vu sur le court, à savoir une alternance d'énormes coups de massue et de grossières fautes directes.
Le seul tort de Ramos-Viñolas a été de trembler un peu à la conclusion. A l'image de sa balle de match, obtenue à 5-4 au 4e set sur son service, et manquée d'un tout petit coup droit dans le filet. Le genre de biscuit qu'il ne faut pas donner à l'ogre d'en face. "A partir du moment où j'ai sauvé cette balle de match, je me suis senti plus frais, c'est comme si j'avais fait à nouveau le plein d'énergie", a ensuite confirmé Alcaraz au micro, effectivement soudain plus relâché au point de survoler le tie-break du 4e set.
Il était pourtant loin d'être au bout de ses peines. Encore mené 3-0 au 3e set, le Martien de Murcie a dû déployer de nouveaux trésors d'abnégation et de ténacité pour revenir au score, breaker dans la foulée à 3-3 et encaisser le choc d'un nouveau débreak et d'un retour de Ramos-Viñolas à 4-4.
L'histoire retiendra que c'est contre Albert Ramos-Viñolas que Carlos Alcaraz avait remporté le tout premier match de sa carrière sur le circuit principal, à Rio en 2020, à l'issue d'un combat déjà farouche (7/6 au 3e set), à seulement 16 ans. L'histoire retiendra également que c'est contre ce même Ramos-Viñolas qu'il a remporté son premier match en cinq sets à Roland-Garros. Un match fondateur, ou une victoire à la Pyrrhus ?