C'est un match qui fera date, un moment de légende, quelque part aussi un tournant dans l'histoire du tournoi. Au terme d'un match absolument étourdissant, Novak Djokovic a terrassé Rafael Nadal en quatre sets et 4h10 de jeu (3/6, 6/3, 7/6(4), 6/2) et s'est qualifié ainsi pour la finale aux dépens du maître des lieux qui n'avait jamais perdu une demi-finale à Roland-Garros. Le n°1 jouera dimanche sa sixième finale Porte d'Auteuil face au "néophyte" Stefanos Tsitsipas, qui avait lui eu besoin de cinq sets - mais "seulement" 3h37 - pour battre Alexander Zverev dans la première demi-finale.
Séisme à Paris !
Au terme d'un match strastosphérique et d'une folle soirée, Novak Djokovic a terrassé Rafael Nadal en quatre sets et gagné son billet pour la finale face à Stefanos Tsitsipas. C'est un coup de tonnerre !
Ce nouveau duel titanesque entre les deux monstres du tennis mondial s'est probablement joué lors d'un troisième set long de 91', avec un niveau de jeu parfois surréaliste, que le Serbe a remporté au jeu décisif en faisant craquer physiquement et –ceci expliquant cela- nerveusement son adversaire.
Nadal a eu sa chance, pourtant. Breaké à deux reprises dans ce troisième set, il est revenu les deux fois, avec la bravoure légendaire qu'on lui connaît, avant d'obtenir une cruciale balle de set à 6-5. Le Serbe l'a sauvée, au terme d'un échange étourdissant – un parmi tant d'autres – conclu d'une sublime amortie de revers.
A ce moment de la partie, les deux hommes évoluaient à un niveau cosmique, largement digne de leurs duels les plus mémorables (finale de l'US Open 2011, finale de l'Open d'Australie 2012, demi-finale de Roland-Garros 2013 ou encore demi-finale de Wimbledon 2018). Chaque échange semblait plus ébouriffant, plus épuisant que le précédent. Un chef-d'œuvre, que le public présent allait pouvoir suivre jusqu'à son terme malgré le couvre-feu de 23h00, la FFT ayant obtenu une dérogation exceptionnelle.
Un départ en roue libre, et puis...
Que cette partie vire au chef d’œuvre, ça n'était pourtant pas gagné, au vu du début du match. Rapidement, Nadal s'était détaché 5-0 dans le premier set et si ce score était sévère vu la physionomie des jeux, il n'en rappelait pas moins la finale 2020 que l'Espagnol avait entamée par une roue de bicyclette.
Sauf que cette fois, Djokovic a réagi rapidement. Et fermement. Il a bien failli opérer une spectaculaire remontée en effaçant six premières balles de set avant de finalement céder sur la septième (3/6). Mais dès le début du deuxième set, il a repris, si l'on ose dire, le taureau par les cornes. Et s'est installé en patron sur le terrain, pendant un peu plus d'un set et demie.
Nadal n'a dû qu'à sa force morale prodigieuse le fait de prolonger le combat jusqu'au bout du troisième set, mais manifestement, il s'épuisait au fil des minutes face à l'inoxydable résistance du roc qui lui faisait face. On pourrait dire que ce troisième set a basculé sur un coup de dé, cette volée de coup droit "facile" manquée par l'Espagnol à 3-4 contre lui au tie break. Mais était-ce un hasard, vraiment ?
La vérité, c'est peut-être que Nadal était sans solution, tout simplement, devant la résistance du Djoker, qui se montrait d'une précision diabolique et qui, en plus, servait admirablement bien. Les trois amorties tentées par Nadal sur les quatre derniers points du jeu décisif en dirent sans doute plus long que n'importe que discours : il y avait peut-être, dans ce choix, une forme d'impuissance.
On l'a compris au quatrième set quand Rafa, groggy, sonné, poussé dans les cordes, sembla sombrer physiquement au fil des jeux. Dans un ultime sursaut, il breaka pourtant d'entrée pour mener 2-0. Mais ce fut son chant du cygne. Derrière, il encaissa les six suivants. Avant de s'incliner sur un ultime revers dans le couloir.
Battre Rafa à Roland, l'exploit ultime
Après 13 titres et 105 matchs victorieux à Roland-Garros, Rafael Nadal vient donc d'y subir la troisième défaite de sa carrière. Il y avait eu celle face à Robin Söderling en 2009 (en huitièmes) et celle face à Novak Djokovic, déjà, en 2015 (en quarts). Il est bien possible que, dans le futur, on se souvienne encore davantage de celle-ci, en 2021.
Non pas parce qu'elle a des allures de fin de règne, il est beaucoup trop tôt pour dire cela. Mais parce que le match, en lui-même, restera mémorable. Novak Djokovic l'a confirmé ensuite au micro de Cédric Pioline : "C'est sûrement le plus grand match que j'ai jamais joué ici, à Paris."
C'est un exploit qui fera date, c'est certain, mais plus encore si le n°1 mondial le confirme en remportant le titre, dimanche, face à Stefanos Tsitsipas. Rien n'est encore moins sûr, évidemment. Pour l'heure, le Serbe n'a sans doute qu'une idée en tête : récupérer. Physiquement et nerveusement. Car ce qu'il vient de faire là, à savoir battre Rafael Nadal à Roland-Garros, c'est ni plus ni moins la chose la plus difficile à réussir en ce moment sur un terrain de tennis.