Sur leurs traces

Emilio Gomez et Sebastian Korda sont au 2e tour des qualifs. Deux patronymes familiers...

Sebastian Korda, Roland Garros 2020, qualifying first round.©Clement Mahoudeau / FFT
 - Rémi Bourrieres

La ressemblance physique est palpable, la ressemblance technique un peu moins. Emilio Gomez et Sebastian Korda sont un peu l'incarnation vivante de la modernisation du jeu.

Les fans de tennis des années 90 auront (forcément) percuté : ils sont les héritiers d'Andres Gomes et de Petr Korda, tous deux gauchers, dotés d'un tennis plutôt débridé et vainqueurs "surprise" durant ces années-là d'un titre du Grand Chelem, l’Équatorien à Roland-Garros en 1990 (face à Andre Agassi), le Tchèque à l'Open d'Australie en 1998 (contre Marcelo Rios).

Emilio et Sebastian, eux, évoluent dans une filière plus traditionnelle : droitiers, avec un revers à deux mains et un jeu basé sur une grande solidité du fond de court. Mais par rapport à leurs compagnons des qualifs, ils doivent également endurer une pression supplémentaire : celle d'être sans cesse comparés à leur paternel.

"Jamais aussi bon que mon père"

Emilio aurait tendance à s'en amuser. Il est celui qui a le plus de bouteille puisqu'il aura bientôt 29 ans et a conscience qu'il ne sera " jamais aussi bon que (m)on père ", monté à la quatrième place mondiale après son sacre parisien. Ce qui ne veut pas dire que le meilleur de sa carrière est derrière lui, loin de là. L’Équatorien, 154e mondial, est même dans une très bonne phase : après avoir remporté l'an dernier son premier Challenger, il s'est qualifié en début d'année pour le tableau final de l'ATP 250 de Delray Beach.

Le confinement ne l'a pas stoppé dans son élan puisqu'il a étrillé au premier tour de ces qualifications la tête de série n°1, le Brésilien Thiago Seyboth Wild (6/3, 6/2), 106e mondial et récent finaliste du Challenger d'Aix-en Provence.

Pour Emilio, présent à Paris aux côtés de Raul Viver (un ancien top 100 devenu capitaine de l'équipe équatorienne de Coupe Davis et co-fondateur avec Andres Gomez d'une académie à Guayaquil), l'objectif est clair : intégrer pour la première fois le tableau final d'un Grand Chelem. Le voilà à deux matches de son rêve.

Emilio Gomez, Roland-Garros 2020, Qualifying first round© Corinne Dubreuil/FFT

Sebastian Korda et la famille en or

A terme, Sebastian Korda, lui, voit encore plus loin. A 20 ans, classé 210e mondial, il est l'un des grands espoirs de la génération montante. Et dans sa famille, question sport, on a tendance à réussir : outre son père, sa mère, Regina Kordova, a été 26e mondiale en 1991, son grand-père, Pavel Korda, a également été un très bon joueur avant l'ère Open, tandis que ses deux sœurs, Jessica et (surtout) Nelly, sont parmi les meilleures golfeuses au monde.

Sebastian, lui, était à la base plutôt porté sur le hockey sur glace, sport national en République tchèque, même s'il défend les couleurs des États-Unis, puisqu'il est né et habite à Bradenton, en Floride. Il a finalement opté pour le tennis en assistant à un match à l'US Open 2009 entre Novak Djokovic et Radek Stepanek, que son père entraînait à l'époque. On peut dire que bien lui en a pris. Sebastian s'est définitivement fait un prénom en remportant l'Open d'Australie juniors 2018, 20 ans après le sacre de son père, qui fêtait au même moment ses 50 ans.

Depuis, "Sebi" progresse à un bon rythme. Et il a sacrément réussi son départ post-confinement puisqu'il s'est qualifié à Cincinnati en battant Gilles Simon, avant de prendre un set à Denis Shapovalov au premier tour de l'US Open, où il était invité en tant que membre de l'USTA Player Development. 

Le profil du joueur moderne

Peu expérimenté sur terre battue européenne, il s'en est parfaitement accommodé face à son compatriote Mitchell Kruger (éliminé 6/1, 6/4), un adversaire qui l'avait sèchement battu en début d'année au Challenger d'Indian Wells. Il est vrai que Sebastian a bien préparé son affaire en partant s'entraîner à Prague, avec justement Radek Stepanek et Theodor Devoty, son coach présent à ses côtés à Paris, même si son père demeure l'entraîneur référent. 

Prototype du joueur moderne, à la fois très grand (1,96 m) mais aussi très mobile, il dispose d'un jeu extrêmement complet et dégage sur le court une impression de calme et de maturité qui ferait presque oublier ses 20 ans. De quoi le voir émerger de la jungle des qualifications ? Il faudra d'abord passer l'obstacle constitué par le Canadien Brayden Schnur...