Difficile d'être une n°1 mondiale moins contestable que ne l'est Iga Swiatek. La Polonaise n'a plus perdu un match depuis le mois de février, alignant une 35e victoire d'affilée pour décrocher samedi son deuxième Roland-Garros. Quelles perspectives s'ouvrent à elle, désormais, pour passer du statut de patronne à celui de légende ?
Swiatek, et maintenant ?
La n°1 mondiale, qui a décroché samedi son deuxième Roland-Garros, va devoir désormais relever d'autres défis pour continuer d'écrire sa légende.
D'abord, bien réussir l'enchaînement sur gazon
Pour diverses raisons, elle n'a encore jamais dépassé les huitièmes de finale de Wimbledon (c'était l'an dernier) ni même du moindre tournoi sur gazon sur le circuit principal. Il est possible que le lift violent qu'elle imprime à ses frappes perde un peu en efficacité sur herbe. Mais il n'y a pas de raison non plus de penser qu'une joueuse qui a gagné Wimbledon chez les juniors (en 2018) ne puisse pas s'y adapter chez les grandes.
Si elle s'imposait à Londres, Swiatek deviendrait la 52e joueuse de l'histoire triplement titrée (au moins) en Grand Chelem, la 22e de l'ère Open et la 4e en activité (avec les sœurs Williams et Naomi Osaka). Elle se placerait aussi à portée de tir d'un magnifique Petit Chelem. Petit à petit, elle grignoterait des places dans la grande légende de son sport.
Poursuivre cette fameuse série de victoires
Voilà bien une chose à laquelle Iga ne doit surtout pas penser, tant ce serait énergivore sur le plan mental. Mais on est bien obligé de le faire pour elle. Avec cette 35e victoire décrochée samedi en finale de Roland-Garros (une performance jamais vue depuis Venus Williams en 2000), la Polonaise n'est plus devancée dans ce registre que par une poignée de joueuses, et quelles joueuses : Monica Seles (36), Martina Hingis (37), Chris Evert (55), Margaret Court (57), Steffi Graf (66) et Martina Navratilova (74), la recordwoman du genre.
Swiatek n'est donc, dans un premier temps, qu'à trois matchs de s'installer à la 5e place derrière quatre légendes absolues. Anecdotique ? Pas vraiment. Mais chut…
S'installer durablement à la place de n°1
Mathématiquement, elle est assurée de le faire : Iga Swiatek attaque ce lundi sa 10e semaine à la tête du classement WTA avec le double de points d'avance (8 600 contre 4 300) sur sa nouvelle dauphine, Anett Kontaveit. L'équivalent de plus de deux titres en Grand Chelem !
Même en cas d'énorme fléchissement bien improbable, Swiatek conservera donc sa couronne pendant de longues semaines qu'on ne manquera pas, là non plus, de compter. Sur les 28 joueuses qui ont été n°1 mondiales, elle affiche pour l'heure le 25e règne le plus long mais avec d'ores et déjà de grandes championnes en ligne de mire : Venus Williams (11), Jennifer Capriati (17), Maria Sharapova (25) ou Amélie Mauresmo (39). D'ici la fin de l'année, Iga Swiatek devrait donc se rapprocher considérablement des reines ayant le plus marqué l'histoire du tennis.
Avoir une rivale à sa hauteur
Voilà longtemps que le tennis féminin est à la recherche d'une patronne inoxydable. En ce sens, Iga Swiatek a parfaitement "fait le job", un peu plus qu'Ashleigh Barty dont le statut de n°1 était également incontestable, mais dont les apparitions étaient aussi plus sporadiques.
Comment ne pas regretter encore une fois, soit dit en passant, le départ soudain à la retraite de l'Australienne en mars dernier ? Son duel avec Swiatek aurait certainement valu son pesant d'or. À la place, la Polonaise n'a, pour l'heure, pas de rivale à sa hauteur. Mais sa victime en finale, Coco Gauff, peut en avoir la stature, au milieu d'une jeune génération ambitieuse conduite aussi par des Emma Raducanu, Leylah Fernandez ou Bianca Andreescu, liste non exhaustive.
Il faut le souhaiter en tout cas, pour ne pas voir Swiatek exercer trop longtemps une domination sans partage qui pourrait aussi lasser le public. Il est même dans l'intérêt de la Polonaise que s'installe désormais une vraie rivalité au sommet.