Ils sont artistes, associatifs, amis d'enfance, ou tout simplement joueurs de tennis et ont tous un point commun : ils ont bien connu Yannick Noah, avec qui ils partagent de nombreux souvenirs. Aujourd'hui, retrouvez le témoignage de Jo-Wilfried Tsonga.
Yannick Noah vu par... Jo-Wilfried Tsonga
Le jeune retraîté Jo-Wilfried Tsonga raconte la relation particulière qu'il entretient avec Yannick Noah, titré à Roland-Garros le 5 juin 1983.
Jo-Wilfried Tsonga
"Yannick, c’est quelqu’un qui a un grand cœur, mais qui, à la fois, peut être assez rigide et impulsif. Quand je dis impulsif, ça ne veut pas dire qu’il ne réfléchit pas, bien au contraire. Mais c’est quelqu’un qui fonctionne à l’instinct. Quand il a une illumination, il la suit. Il ne se pose pas la question de savoir si les gens vont être contents ou pas : il suit son truc, peu importe ce qu’on dit autour de lui. Et moi, c’est justement pour ça que je voulais qu’il soit notre capitaine de Coupe Davis : pour remettre tout le monde dans le rang. C’était nécessaire.
J’ai toujours eu une relation particulière avec lui, mais, au départ, sans qu’il le sache vraiment. C’est lié à mon histoire familiale un peu similaire à la sienne, avec un papa d’origine africaine, sportif, et une maman française. Un métissage et des origines provinciales, aussi. Mes parents étaient assez fans de lui, et moi, je l’adorais.
Finalement, la première fois que je l’ai vu, je devais avoir 18 ans. Il était venu faire une séance d’entraînement au Centre national, à Roland-Garros. Ça m’avait marqué, et je me souviens encore de certains de ses conseils. Deux ans plus tard environ, les responsables de mon ancien club de foot à Savigné-l’Évêque me demandent si je connais un artiste pour venir chanter à l’occasion des 50 ans du club. Je les vois venir gros comme une maison : ils voulaient que je fasse venir Yannick.
Sauf que je ne le connaissais pas plus que ça, à l’époque. Je récupère son numéro et je l’appelle, hyper gêné, sans y croire vraiment, mais juste pour me libérer de la demande. À ma grande surprise, il accepte à deux conditions : reverser la moitié des recettes pour une association d’enfants handicapés et garder l’autre moitié pour financer mon début de carrière.
Ce geste a été très important pour moi, car c’était en pleine période où j’avais mes problèmes de dos. Je ne jouais pas, des sponsors m’avaient lâché et j’avais besoin d’argent. Finalement, ça m’aura suivi toute ma carrière. Et même encore aujourd’hui, c’est quelque chose qui m’anime. Je me dis que si lui a fait ça pour moi, moi aussi je dois le faire pour d’autres.
Finalement, j’ai le sentiment que Yannick a toujours agi avec moi comme un grand frère. Il n’est pas toujours allé dans mon sens, mais j’ai toujours senti chez lui de la bienveillance à mon égard. Je respecte beaucoup ça et j’essaie de garder le même principe dans l’éducation de mes enfants ».