Sonego, Musetti : les Lorenzo visent le grand 8

Les deux Italiens disputent leur huitième de finale de Roland-Garros ce dimanche.

Sonego & Musetti
 - Marius Veillerot

Depuis quelques années, les Italiens se plaisent à Roland-Garros et n'hésitent pas à prolonger leur séjour en deuxième semaine. A l'occasion de cette édition 2023, Lorenzo Musetti et Lorenzo Sonego ne dérogent pas à la tradition et vont respectivement défier Carlos Alcaraz et Karen Khachanov. Chacun dans son style.

Les tifosi peuvent souffler. En cas de panne de Jannik Sinner et Matteo Berrettini, les deux Italiens les plus coutumiers des sommets, ils peuvent compter sur d'autres représentants pour les relayer. Si Fabio Fognini a échoué de justesse à rallier les huitièmes, les Lorenzo de la bande ont fait le boulot. Sonego et Musetti seront au rendez-vous de la deuxième semaine. Ils sont là pour confirmer une tendance lourde : le réservoir de la Botte est profond.

"Nous avons une génération merveilleuse, avait salué Adriano Panatta dans une interview accordée à rolandgarros.com en 2021. Cela veut dire que la fédération a bien travaillé", avait opiné Nicola Pietrangeli, un autre ancien champion Porte d'Auteuil. A l’époque, Musetti avait enclenché son éclosion et Sonego avait déjà découvert les huitièmes du Majeur parisien un an plus tôt. Cette saison, les deux Transalpins réalisent un tournoi impressionnant mais auront fort à faire pour aller plus loin.

Sonego, la clim’ et le feu

Le joueur de 28 ans a enflammé les supporters italiens. En revanche, il a refroidi la fan base de Ben Shelton, les espoirs français autour d’Ugo Humbert et les grandes ambitions d’Andrey Rublev. Face à ce dernier, le Turinois est revenu de nulle part, ou plutôt d’un deuxième set en forme de bulle, pour réussir la plus grande rimonta de sa carrière (5/7, 0/6, 6/3, 7/6 (5), 6/3).

Il ne s’était jamais imposé après avoir concédé les deux premières manches et Rublev n’avait jamais subi un tel retournement de situation. Désormais, l’espiègle Italien a de sérieux arguments pour s’inviter en quarts pour la première fois en Grand Chelem.

En 2020, il avait été arrêté en 1/8e de "Roland" par un Diego Schwartzman au sommet de son art. Un an plus tard, Roger Federer lui-même s’était chargé de le bouter hors de Wimbledon. Ce dimanche, bien qu’imposant, l’obstacle paraît moins insurmontable. Karen Khachanov est monté en puissance depuis le début de la quinzaine, mais la tête de série numéro 11 devra délivrer ses meilleurs coups droits pour déborder un Sonego infatigable.

"Je joue mon meilleur tennis cette année", a-t-il lancé en conférence de presse. S’il n’est pas certain qu’il réalise une célébration aussi iconique qu’au terme de sa victoire contre Rublev, le Piémontais pourra se rattraper auprès de ses plus grands fans avec le futur titre sur lequel il planche. "Je travaille sur une nouvelle chanson", a-t-il révélé, alors qu’il a compilé plus d’un million d’écoutes sur son single Un solo secondo. La sortie est prévue pour juillet. "Nous verrons si nous faisons mieux que la première fois."

Musetti, le styliste

Au rayon musical, Lorenzo Musetti, lui, est plutôt rock. Tennistiquement, davantage classique. S’il rêvait de devenir acteur dans sa jeunesse, il joue son rôle à la perfection sur la terre battue parisienne : celui de l’esthète old school. A l’instant de titiller la petite balle jaune, le Toscan ne néglige pas le style. A tel point qu’il privilégie parfois l’élégance à l’efficacité.

A Paris, le fan de Roger Federer allie les deux. Il n’a pas lâché une manche, que ce soit contre Mikael Ymer, Alexander Shevchenko ou Cameron Norrie. Sa prestation contre le Britannique (6/1, 6/2, 6/4) pourrait d’ailleurs être sa "meilleure performance de la saison". "Je suis mieux préparé que jamais", a-t-il glissé.

"Talentueux et créatif, selon Panatta, il ressemble peut-être plus au prototype du joueur italien." Malheureusement pour lui, il a rendez-vous avec le tennisman le plus impressionnant de ce "Roland", Carlos Alcaraz. Pour son premier huitième Porte d’Auteuil, il avait été renversé par le futur vainqueur Novak Djokovic. En 2022, il avait aussi mené de deux sets avant de voir Stefanos Tsitsipas reprendre le dessus, dès le premier tour.

Lorenzo Musetti, 1er tour, Roland-Garros 2023©Nicolas Gouhier / FFT

Néanmoins, retrouver l’Espagnol lui rappellera le souvenir heureux de son premier titre sur le circuit principal. Le Transalpin lui avait fait goûter amorties, variations et tutti quanti en finale du tournoi d’Hambourg en juillet 2022. "Le match de Hambourg m’a donné beaucoup de confiance", a expliqué le protégé de Fognini. Ce succès avait récompensé l’évolution de son geste au service. D’une mise en jeu en relais d’appuis, il s’était tourné vers les appuis fixes, avec réussite.

Fidèle à son tennis, le joueur de 21 ans se concentre d’abord sur sa propre raquette. "Face à chaque joueur que j’affronte, je dois me concentrer sur moi-même, sur ma stratégie, a-t-il confirmé. Et si ça ne marche pas, essayer d’avoir plusieurs plans ou de varier davantage. J’essaie de m’en tenir à mon plan de base qui met en difficulté beaucoup de joueurs. Comme ça, je n’ai pas trop besoin de penser à qui est de l’autre côté du filet".

Reste à savoir si son plan de base posera des problèmes au numéro un mondial et favori du tournoi.