Krejcikova en finale, au bout du suspense

La guerre des nerfs a bien eu lieu. Et même au-delà. Maria Sakkari et Barbora Krejcikova découvraient toutes les deux le dernier carré d’un tournoi du Grand Chelem. Et la pression qui l’accompagne. Le bras qui tremble, les jambes qui flagellent, le pouls qui s’accélère… Durant plus de trois heures, les deux joueuses sont passées par toutes les émotions. Même celle, si cruelle, pour Sakkari, de croire en la victoire, lorsqu'elle a compté une balle de match à 5-3 dans le troisième set

7 breaks dans la première manche

Le premier set a donné le tempo de ce qu'il risquait d'arriver par la suite : sept breaks ! A ce petit jeu de gagne petit, c'est Krejcikova qui a le dernier mot et s'adjuge un premier set où Sakkari s'était brièvement détachée, 3-1.

Le combat, déjà, est très intense. Ce qui n'est pas pour déplaire à Sakkari, cette si belle athlète. Alors, très vite, la compatriote de Stefanos Tsitsipas, qui disputera ce vendredi sa demi-finale, reprend les choses en main : 4-1. Et malgré un retour de son adversaire, empoche la deuxième manche. Les choses très très sérieuses pouvaient commencer.

Après un arrêt au stand de la Tchèque, partie se changer, c'est Sakkari qui prend le meilleur départ dans la troisième manche. Elle réussit le premier break. On ne le sait pas encore mais ce dernier acte ne sera pas un sprint mais bien un marathon magnifique.

Une balle de match effacée

Si Sakkari veut s'imposer physiquement, Krejcikova laisse parler sa qualité de frappe, son sens du jeu et son intelligence tactique, en variant frappes sèches et "moon balls". Si elle donne le sentiment d'être au-dessus tennistiquement, c'est pourtant la Grecque au cœur grand comme ça qui se procure la première balle de match, à 3-5. Mais Krejcikova vient au filet pour s'en sortir. Chapeau !

A partir de ce moment-là, le match bascule dans l’irrationnel et le sublime avec une Sakkari que l'on sent un ton en dessous mais qui ne veut rien lâcher. A 7/6, elle écarte trois balles de match au courage. Elle rugit, montre le poing, harangue le public qui penche en sa faveur. La Tchèque, elle, reste dans sa bulle. Focus, comme on dit.

Alors Krejcikova poursuit son travail de sape et se procure deux nouvelles balles de match. A 8/7, 30/40, elle lève même les bras, pensant voir faute en longueur la balle de son adversaire. A tort. Mais quatre points plus tard, elle peut enfin exulter et s'impose sur sa cinquième balle de match, après 3h18, dans ce qui constitue la plus longue demi-finale dames de l'ère Open à Roland-Garros en nombre de jeux (38).

Après avoir repris son souffle, Krejcikova a eu un mot pour Jana Novotna, la championne tchèque décédée en 2017 d'un cancer et qui fut l'une de ses guides. "De là-haut, elle me regardait", a déclaré la Tchèque au micro de Marion Bartoli. "Elle me manque et je veux juste la remercier parce que je suis là grâce à elle".

Barbora Krejcikova aura un jour pour se reposer de ce match titanesque. Samedi, elle retrouvera en finale Anastasia Pavlyuchenkova qui avait validé son ticket un peu plus tôt dans la journée face à Tamara Zidansek (7/5 6/3). Encore un défi de taille pour la championne tchèque, qui semble taillée, en ce moment, pour les plus grands exploits...