Florence et ses artistes. Paris et ses musées. Deux des plus belles cités du monde naturellement liées par leur fibre artistique. De la Joconde de Leonard de Vinci aux Esclaves de Michel-Ange en passant par la Vierge à l’Enfant de Donatello, l’art florentin est un pan entier de la capitale française. Avec Martina Trevisan, c’est une nouvelle artiste de Toscane qui a pris ses quartiers sur les bords de Seine.
Trevisan à Paris, "je t’aime à l’italienne"
Pour la deuxième fois de sa carrière, la Transalpine atteint les quarts de finale à Roland-Garros, tournoi avec lequel elle entretient une relation privilégiée.
Paris et Martina Trevisan, ce sont des chiffres. Éloquents. L’Italienne a remporté onze matchs en Grand Chelem dans toute sa carrière, dont neuf sur la terre battue de la Porte d'Auteuil. Quart de finaliste en 2020, la 85e joueuse mondiale est d'ores et déjà assurée de faire aussi bien cette année. Le tout sans perdre le moindre set (seules Iga Swiatek, Coco Gauff et Daria Kasatkina ont fait de même). Ce mardi, elle va défier Leylah Fernandez, tête de série n°17, pour tenter d'accéder à sa toute première demi-finale en Majeur.
Terre d’accueil
Titrée pour la première fois de sa carrière à Rabat mi-mai, Trevisan est arrivée en pleine confiance à Paris, où la surface sied parfaitement à son jeu. “Je me sens bien ici, le rebond est très haut. C’est dans ces conditions que mon jeu s’exprime le mieux avec mon coup droit de gauchère”, confiait-elle après sa victoire face à Magda Linette au deuxième tour (6/3, 6/2).
Conséquence de cette adaptation parfaite à la terre parisienne, celle qui a entamé le tournoi au 85e rang mondial démarre ses rencontres avec un avantage psychologique et un jeu qui pose problème à ses adversaires, comme l’a confié à demi-mot Daria Saville, sortie au troisième tour (6/3, 6/4) : "Elle arrive vraiment à bien utiliser son coup droit puisqu’elle l’orientait vers mon revers avec ce rebond très haut. Je pense que cela embête beaucoup de joueuses”.
Un amour réciproque
Autre élément qui semble perturber les vis-à-vis de Martina Trevisan : le soutien populaire. Daria Saville toujours :“J’avais l’impression que tout le monde était contre moi.” Après cette rencontre du troisième tour, l’Italienne a d’ailleurs reconnu qu’elle n’avait “jamais joué avec une foule comme ça”.
Une relation née en 2020 et que la joueuse ne parvient pas à expliquer : "Je ne sais pas d’où ça vient mais j'adore. Aujourd’hui a été une journée très spéciale. J’ai eu beaucoup de soutien. Quand je jouais, j’entendais tout le temps des ‘Martina, Martina !’. Les supporters m’ont beaucoup aidée.”
Sur ses réseaux sociaux en 2020, la joueuse avait déjà tenu à remercier le public, qui l’avait portée tout au long de son parcours. "C'était merveilleux. Un chapitre incroyable se referme mais le livre continue de s’écrire… Je continuerai à travailler dur pour avoir la chance de revivre ces émotions. Merci à chacun d’entre vous pour le soutien, vous étiez là pour vous réjouir et souffrir avec moi sur chaque point. Les rêves façonnent toujours le monde, crois en tes rêves.”
Roland et l'Italie, Sarà perché ti amo (Parce que je t’aime)
Guerrière sur les courts, Trevisan a une histoire torturée avec le tennis. Si l’amour ne s’explique pas, son histoire en fait peut-être une joueuse à part dans le cœur des supporters. À l’adolescence, la Florentine a mis le tennis entre parenthèses (de 2010 à 2014) pour soigner son anorexie. "À la maison, je ne respirais pas un air serein, a-t-elle dévoilé quelques années plus tard dans une lettre ouverte sur internet. Je m’entraînais beaucoup, même quand j’aurais eu besoin d'autre chose. Je sentais que j’avais une sorte de responsabilité. Comme si mon implication dans le tennis pouvait guérir les blessures de ma famille."
Trevisan est le dernier maillon d’une histoire d’amour qui lie Paris aux Italiennes. En 2010, Francesca Schiavone a remporté le titre. Deux ans plus tard, c’est Sara Errani qui a atteint la grande finale. Issue d’une famille de sportifs (son grand frère, Matteo, a remporté Wimbledon Juniors en 2007 et a été n°1 mondial dans la catégorie), Martina Trevisan rêve de s’asseoir à cette table. Quoi de plus normal quand on est ici comme chez soi ?