Ce dimanche dans la nuit de Melbourne, Novak Djokovic a écrit une nouvelle page de sa légende et de l’histoire du tennis en remportant son 10e Open d’Australie. Il égale au passage le record de 22 titres du Grand Chelem détenu par Rafael Nadal et sera de nouveau assis sur le trône du tennis mondial ce lundi. Epoustouflant.
AO 2023 J-14 : Djokodix, roi de Melbourne
Au terme d’une finale maîtrisée et sans suspense contre Stefanos Tsitsipas, Novak Djokovic a remporté un 10e Open d’Australie, son 22e titre en Grand Chelem.
Une finale à sens unique
Ecrasant face à Alex de Minaur et Andrey Rublev, dominateur malgré un léger trou d’air face à Tommy Paul, Novak Djokovic est monté en puissance tout au long de la quinzaine. Malgré une alerte physique et un imposant bandage à la cuisse, il avait annoncé avant cette finale être en pleine possession de ses moyens et parfaitement prêt pour livrer bataille face à un autre joueur en mission, Stefanos Tsitsipas.
Et le Serbe est un homme de parole. "Avec de tels résultats d'examens, 97 % des joueurs seraient allés directement dans le bureau du juge arbitre pour se retirer du tournoi. Mais pas lui. Il vient d’une autre planète ! Je suis avec lui depuis quatre ans, mais je suis encore parfois surpris par la façon dont son cerveau fonctionne" a confié son coach Goran Ivanisevic en conférence de presse post-victoire.
Contrairement à sa première finale contre Stefanos Tsitsipas Porte d’Auteuil en 2021, "Nole" est parfaitement entré dans son match pour imposer son rythme dès les premiers jeux. S’appuyant sur son incroyable couverture de terrain, il n’a laissé aucune solution au Grec. Impérial sur son engagement (94% de réussite derrière sa première et seulement cinq petits points perdus dans le premier set), il a réalisé le break dès le 4e jeu sur une double-faute de son adversaire, bien incapable de tenir la cadence et contraint de céder la manche inaugurale en 36 minutes (6/3).
Si un regain de précision et d’engagement de "Tsitsi" a permis au niveau de jeu global de monter d’un cran dans le deuxième set, il a dû attendre que le tableau des scores affiche 5-4 pour se procurer sa première opportunité de break, une balle de set en l’occurrence. Trop timide sur la deuxième adverse, il a poussé jusqu’à un tie-break marqué du sceau de la tension. Avec cinq fautes directes (42 au total contre 22 pour le champion) dans cet exercice, le protégé de Mark Philippoussis a laissé son adversaire s’envoler (7/6(4) en 1h10).
A ce moment-là de la rencontre, la donne était très simple. Pour remporter son premier titre en Grand Chelem, il devait faire ce que personne n’avait jamais réussi jusqu’ici : remonter deux sets de retard face à Novak Djokovic en finale d’un Majeur. Un exploit qui n’a pas eu lieu malgré un premier break dès l’entame du troisième, bruyamment salué par les nombreux fans présents dans les travées de la Rod Laver Arena.
Les retours supersoniques, les angles inatteignables et les frappes le long des lignes du Serbe ont fini par avoir la peau du challenger du soir, déçu mais qui a tenu à rester positif. "Je voulais vraiment ce trophée mais en rêver ne suffit pas, a-t-il déclaré avec lucidité en conférence de presse. Il faut agir. Il faut faire quelque chose sur le court. Il faut être présent et faire mieux à chaque fois. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que je n’étais pas loin à certains moments, mais ça ne s’est pas ressenti dans les tie-breaks. Je les ai mal commencés. Donc je vais juste essayer d’oublier et d’avancer. Ça va être une longue et éprouvante saison. J’essaie juste de penser à ça, de penser à l’avenir et pas au passé".
Après 2h56 d’une partie globalement maîtrisée, le roi de Melbourne pouvait quant à lui lever les bras vers le ciel et savourer son dixième sacre australien (6/3, 7/6(4), 7/6(5)).
Triplement historique
Mais après les sourires et sa fameuse célébration accompagnée de "Nole, Nole, Nole" descendus frénétiquement des tribunes, le "Djoker" a grimpé dans son box pour partager sa joie avec ses proches et laisser couler ses larmes. "Quand je me suis dirigé vers mon box, je me suis effondré émotionnellement, a-t-il avoué devant les journalistes. Je ne m’étais pas autorisé à me laisser distraire par autre chose que ce qui se passait sur le court jusqu’à présent, pas même par ma blessure, je suis simplement resté concentré sur mon jeu et ça m’a demandé une grande énergie mentale. Si je retourne deux semaines et demie en arrière, je ne pensais pas avoir les chances de gagner ce tournoi de cette manière, en étant blessé".
Une image forte et rare, qui prouve à quel point cette quête de la Decima et du 22e Grand Chelem s'est accompagnée d’une incroyable tension durant toute la quinzaine. "C’est l'un des tournois les plus difficiles que j'ai disputé dans ma vie compte tenu des circonstances, a-t-il lancé au public lors de son discours de vainqueur. C'est un long voyage et il n’y a que mon équipe et ma famille qui savent ce qu’on a traversé au cours des quatre ou cinq dernières semaines. C’est probablement la plus grande victoire de ma vie".
Privé d’un exploit retentissant par Daniil Medvedev lors de l’US Open 2021, le Serbe n’a cette fois pas laissé passer sa chance de marquer (encore) l’histoire. Car cette 12e victoire de l’année down under, la 28e consécutive sur la Rod Laver Arena lui offre une triple récompense, inimaginable il y a encore un an lorsqu’il n’avait pas pu disputer le tournoi.
En plus de garnir un peu plus son armoire à trophées, le recordman du nombre de semaines passées à la première place mondiale (373 semaines) sera de nouveau sur le toit du monde ce lundi. Et si pour le moment, il partage le record de titres du Grand Chelem avec son meilleur rival Rafael Nadal, "Djoko" ne compte pas s’arrêter là.
"Bien sûr, je suis motivé par l’idée de remporter le plus grand nombre de Grands Chelems possible. À ce stade de ma carrière, ces trophées sont la raison pour laquelle je continue de me battre, a-t-il poursuivi. Je n'ai pas l'intention de m'arrêter là et je me sens très bien dans mon tennis. Bien sûr, 35 ans, ce n’est pas 25, même si je veux croire que c'est le cas. Mais je sens que j'ai encore du temps devant moi. Je sais que lorsque je me sens bien physiquement et que je suis mentalement présent, j'ai une chance de gagner n'importe quel Chelem contre n'importe qui. J'aime mes chances pour l'avenir".
Et si cette course effrénée connaissait un nouveau tournant lors de la prochaine levée ? Novak, Rafa et l’histoire du tennis ont désormais rendez-vous à Roland-Garros.