Open d’Australie : Pouille, l’effet Mauresmo ?

Qualifié pour sa première demi-finale majeure, le Français renaît. Grâce à lui et à sa coach.

Amelie Mauresmo and Lucas Pouille talking during practice at the 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT
 - Myrtille Rambion

Une saison 2018 à oublier. Une envie à retrouver. Un aveu de burn-out. Et un Open d’Australie qui ne lui avait jamais souri, puisqu’il n’y avait jusqu’ici jamais passé un tour. Voilà le bagage pas forcément facile à porter avec lequel Lucas Pouille est arrivé à Melbourne.

 

Mais dans le vent puis la chaleur australienne, le Nordiste s’est accroché, puis a commencé à développer un tennis où on l’a petit à petit retrouvé : percutant au service, habile en retour et gonflé à bloc mentalement.

Au point que, en suivant tranquillement son bonhomme de chemin, Lucas Pouille s’est hissé jusqu’à sa première demi-finale en Grand Chelem. En livrant au passage un véritable morceau de bravoure face à Milos Raonic, assommé en quarts.

Lucas Pouille smiling and fistpumping after his victory in the quarters of the 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

 Que le succès et les résultats arrivent si tôt dans la saison et alors qu’il a entamé une nouvelle collaboration avec Amélie Mauresmo en décembre dernier, après avoir acté la séparation avec son coach pendant six ans, Emmanuel Planque, impressionne. Et fait légitimement s’interroger : est-ce là l’effet Mauresmo ?

Tentative de réponse(s) avec les principaux acteurs.



Loïc Courteau, co-entraîneur de Lucas Pouille : “C’est Lucas qui s’est reconstruit tout seul, en décidant d’un nouveau projet, de nouveaux objectifs, il avait envie d’essayer de passer un autre cap. C’est lui qui a été le moteur de ce qui se passe là. Il y a un effet Amélie Mauresmo, forcément, un petit peu comme au foot : à partir du moment où il change de structure, où il décide de changer d’entraîneur et de prendre Amélie, il y a un effet aussi.

Amélie, on sait très bien le parcours qu’elle a eu dans le haut niveau et elle sait de quoi elle parle justement dans ces moments-là. Son expérience à ce niveau-là est très importante. Il y des projets de jeu

dont on a parlé avec Amélie et Lucas est d’accord avec ça et il l’a travaillé depuis un mois et demi.“

Clémence Bertrand, fiancée de Lucas Pouille : “ Lucas revient de loin et ç’a été énormément de travail. Oui, il a fait un burn-out… On n’est pas des robots, on vit des moments de tension, des sentiments très forts et dans les défaites, tu as l’impression de faire perdre toute ton équipe. Je pense que le fait de quitter Manu (Planque)na été une énorme décision, très, très compliquée à prendre. C’est sûrement la plus grosse décision de toute sa vie et je pense que c’est là que le déclic est venu, en fait.

Quand il m’a dit qu’il avait choisi Amélie, j’étais super contente. Le fait que ce soit une femme, je me suis dit qu’il y aurait une autre approche. Peut-être plus en douceur, plus délicate. C’est un super choix et aujourd’hui, ça paye. On retrouve enfin le Lucas d’avant et je pense que ce n’est pas terminé.“

 

Amelie Mauresmo watching Lucas Pouille serving at practice during 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

Lucas Pouille : “Amélie m’apporte beaucoup de confiance au niveau de mon jeu, de ma personnalité, de mon état d’esprit. Comme je le répète depuis le début, l’objectif n’est pas d’atteindre les demies ou la finale, mais de faire progresser mon jeu, de réussir à mettre en pratique en match tout ce que je travaille à l’entraînement.

Cela me met moins de pression. J’essaie de me concentrer sur mon jeu, plus sur les conséquences et les résultats. Amélie connaît tout du tennis. La question n’est pas d’être une femme ou un homme, peu importe. Il s’agit juste de savoir de quoi vous parlez et ce que vous faites et c’est son cas. Forcément, c'est le joueur qui est sur le terrain et qui prend des décisions. Mais toute cette atmosphère entre nous, ça ne vient pas que de moi. Je suis plus détendu, maintenant j’ose ‘déconner’ trente minutes avant d’entrer sur le court, ce qui n’était pas le cas avant.“

Amelie Mauresmo and his children at the 2019 Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

Amélie Mauresmo : Je vous mentirais si je vous répondais qu’il  ya un mois et demi j’aurais pensé le voir en demi-finale de l’Open d’Australie. En revanche, sur la performance de chaque match, ce n'est pas surjoué et c'est assez posé. Il y a un mois et demi, il n'était pas à ce niveau-là. À force de travail, il a progressé. Mentalement, il est très posé et la confiance est arrivée au fur et à mesure. Il trouve sa routine. Il n'y a rien d'extraordinaire. Sur des matches au meilleur des cinq sets, on fait assez light sur les journées off, on met des petites intentions ici ou là dans certaines phases de jeu. On privilégie la récupération : le sommeil, la nutrition, l'hydratation.

 Nous, entraîneurs, sommes sur la préparation du match, c'est-à-dire les vidéos, bien noter tout ce qu'on a envie de faire passer au joueur, etc. Toujours penser au lendemain, essayer d'avoir un coup d'avance. Pour jouer contre Novak, J'ai mon idée que je ne vais évidemment pas développer ! J'ai beaucoup de choses très précises sur le jeu de Novak et de Lucas. Il ne faut pas oublier qu'on a des consignes d'ajustement par rapport à l'adversaire mais l'acteur principal, c'est le joueur et l'identité de jeu de son joueur.“