Coupons court tout de suite aux idées préconçues : Pavlyuchenkova – Krejcikova sera la première finale en "ova" de l'histoire de Roland-Garros. Ce sera également la première finale russo-tchèque, et possiblement la plus surprenante jamais vue ici, plus encore que les deux précédentes finales dames en 2020 (Swiatek-Kenin) et 2019 (Barty-Vondrousova).
Pavlyuchenkova – Krejcikova, le bal des débutantes
La finale du simple dames entre Anastasia Pavlyuchenkova et Barbora Krejcikova, ce samedi (15h) sur le court Philippe-Chatrier, est l'une des affiches les plus inattendues de l'histoire du tournoi.
En tout cas, en terme de classement cumulé - Pavlyuchenkova est 32e, Krejcikova 33e –, ce sera la finale dames de Roland-Garros la moins "cotée" depuis 1977 et la victoire de la Yougoslave Mima Jausovec (10e) contre la Roumaine Florenta Muhaï (56e), une année où la plupart des meilleures étaient absentes.
Mais que les choses soient claires : les deux joueuses jouent largement au-dessus de leur classement. Anastasia Pavlyuchenkova a été 13e mondiale en 2011, année de son premier quart de finale en Grand Chelem atteint ici, à Roland-Garros, à 19 ans. C'était il y a dix ans et à l'époque, la Russe, qui avait intégré l'académie Mouratoglou durant l'été 2007, quelques mois après son titre de championne du monde juniors, était l'un des plus grands espoirs du tennis planétaire.
La suite de sa carrière s'est faite en circonvolutions mais aujourd'hui, à 29 ans, les faits sont là : Pavlyuchenkova joue un tennis sensationnel qui lui a permis de battre des outsiders comme Sabalenka ou Azarenka ou des surprises comme Rybakina ou Zidansek. Avec panache ou expertise, c'est selon, mais toujours à la bagarre !
La bagarre, il ne faut pas trop en promettre à Barbora Krejcikova. Sous ses dehors de jeune femme sage et bien rangée, la récente gagnante des Internationaux de Strasbourg, 25 ans, est une vraie tigresse. Elle l'a été tout autant et même un peu plus, en demi-finales, face à une référence en la matière (Sakkari), qu'elle a battue après avoir sauvé une balle de match.
La cinquième miraculée de l'histoire ?
Du coup, si elle gagne son prochain match de tennis prévu ce samedi sur le court Philippe-Chatrier, elle deviendra la cinquième joueuse de l'histoire à triompher à Roland-Garros en ayant sauvé au moins une balle de match en cours de route, après l'Américaine Margaret Osborne-Dupont (1946), l'Australienne Margaret Court (1962), la Russe Anastasia Myskina (2004) et la Belge Justine Henin (2005).
En chipotant un peu, on pourrait dire qu'elle deviendra aussi la première Tchèque sacrée à Paris, puisque Hana Mandlikova avait triomphé en 1981 sous la bannière tchécoslovaque. Beaucoup plus récemment, on a vu en finale Lucie Safarova (2015) - qui, comme Krejcikova, était également en finale du double – et Marketa Vondrousova (2019). Mais les deux se sont inclinées, respectivement contre Serena Williams et Ashleigh Barty.
Krejcikova a surtout parlé de Jana Novotna comme l'une de ses plus grandes inspiratrices. Comme la regrettée championne de Wimbledon 1998, elle dispose d'une technique extrêmement pure et chatoyante, avec un tennis moins porté vers le flet mais tout aussi complet. La force de frappe, en revanche, est incontestablement du côté de Pavlyuchenkova.
La dynamique du moment est peu ou prou identique, et espérons que l'aspect physique aussi, même si Krejcikova, qui a brillé sur tous les tableaux (y compris le double mixte), a passé beaucoup plus de temps sur le court (21h39 contre 16h14).
Reste évidemment l'aspect émotionnel, entre deux joueuses qui n'avaient jamais atteint auparavant ne serait-ce qu'une demi-finale de Grand Chelem. Ça, en revanche, personne ne peut l'anticiper, et surtout pas les intéressées. Mais il fait peu de doute que la clé du match se situe là, et presque uniquement là.