Comment définir l’invraisemblable ? En remportant la finale de Roland-Garros l'opposant à Dominic Thiem (6/4 6/3 6/2 en 2h42), Rafael Nadal a repoussé un des membres les plus doués de la jeune génération pour remporter le tournoi parisien pour la 11e fois. Mais il a surtout repoussé le temps, écrit - une fois de plus - l'Histoire, alors que l'Espagnol compte désormais 17 titres du Grand chelem. Irréel ? Indicible ? Rafael Nadal n'est pas encore un sujet de philo du bac. En attendant, il assoit toujours un peu plus son incomparable légende.
Sans égal
Rafael Nadal remporte son 11e Roland-Garros.
Le temps d’un set, le court a fait penser à un ring rouge, bordé de milliers de spectateurs hypnotisés par le rugissement des guerriers. Martyrisées par deux boxeurs poids moyens, les malheureuses balles du court Philippe-Chatrier subissaient l'enfer. Uppercuts, revers et directs liftés : Rafael Nadal et Dominic Thiem prouvaient qu'ils étaient bien les deux meilleurs joueurs du monde sur l'ocre. Car pour sa première finale, l’Autrichien n’est pas venu en victime expiatoire. Quand le protégé de Gunther Bresnik prenait le contrôle des échanges avec son coup droit, il faisait plus que jeu égal avec le roi de Majorque. L'Autrichien déployait des trésors de défense pour déborder "l'Invincible".
Mais comme souvent avec "Rafa", le scénario s'accélérait dans le money time. Sous la pression démoniaque du lift espagnol, Thiem laissait échapper un point, puis deux… puis le break blanc. Si l'Autrichien dominait légèrement en termes de points gagnants (11 contre 10), il arrosait bien trop le court de fautes directes (18 contre 12) pour prendre le dessus. Set "Rafa".
Nadal, au-delà des chiffres
Le seul homme à avoir osé faire chuter le roi ces deux dernières années sur terre (Rome 2017, Madrid 2018) semblait alors prendre conscience de l'immensité de la montagne à gravir. Le poids de cette finale contre le maître des lieux pesait des tonnes sur des épaules soudainement chétives. Sereinement, inexorablement, Rafael Nadal prenait le contrôle de l’échange et s'envolait vers la victoire. Au courage, Dominic Thiem tentait de repousser l'échéance comme il pouvait. Mais il était déjà (bien) trop tard. 6/4 6/3 6/2 en 2h42 : la undecima était désormais bien réelle.
"C'est juste impensable"
"C’est juste impensable de gagner autant de fois à Roland-Garros, s'est ému l'Espagnol à la fin du match. C’est vraiment incroyable, je suis très content. J’ai joué un très bon match aujourd’hui, contre un rival très agressif. Dominic a fait une grande quinzaine. Il fait partie des joueurs dont le circuit a besoin".
A ceux qui se posaient encore la question : non, la fameuse Decima n'a pas rassasié le Majorquin. Insatiable, il continue à régner en maître omnipotent sur son ocre adoré et à repousser toujours plus les limites. Vu son niveau de jeu étincelant de cette année, l'épopée ne semble pas terminée. A 24 ans, Dominic Thiem est déjà un superbe musicien de la terre battue. Rafael Nadal, quant à lui, en est le plus grand des symphonistes. Plus que jamais.