L’histoire du sport a été marquée par nombre de résurrections. Mais il en est de plus belles que d’autres. S’il fallait établir un classement de ces retours de nulle part, de ces champions sortis de leur retraite ou de ceux revenus après une blessure ou un coup de blues, nul doute que l’aventure vécue par Paul-Henri Mathieu trouverait sa place au sommet.
Sa plus belle victoire
Qu’il s’aligne en 2012 pour son dixième Roland-Garros est peut-être, d’une certaine manière, l’un des exploits les plus invraisemblables de l’histoire du tournoi. Opéré du genou gauche en mars 2011, éloigné des terrains pendant plus d’un an et demi, Paul-Henri Mathieu semble perdu pour le tennis. Quand on dit "opéré", c’est un euphémisme. Souffrant d'arthrose au genou gauche, il s’est fait fracturer le tibia et le péroné afin… de se faire redresser la jambe. Cent fois, l’ex-numéro 12 mondial, deux fois huitième de finaliste Porte d’Auteuil, s’entend ainsi dire qu’il ne rejouera plus au tennis, de façon professionnelle s’entend. Sa rééducation puis sa réathlétisation sont des tortures, dont il réussit à sortir vainqueur. À l’époque, Mathieu, 29 ans, a déjà derrière lui plus d’une décennie sur le circuit, riche notamment de quatre titres ATP. Mais cette victoire sur ce mal qui le rongeait est d’une toute autre nature. Elle n’apparaîtra jamais dans les statistiques du champion. Mais c’est la plus belle.
Roland-Garros comme moteur
La volonté dont fait preuve le Strasbourgeois lui permet de retrouver les courts en janvier 2012 dans un tournoi Challenger en Allemagne. Un moment bouleversant, immortalisé par un documentaire Intérieur Sport, où il faut un cœur de marbre pour ne pas verser une larme. Un film où on le voit notamment taper des coups droits avec sa jambe meurtrie posée sur un banc. Une image qui en rappelle une autre, célèbre : celle de Thomas Muster, en 1989, ainsi à l’entraînement après son accident de la circulation à Miami, où il avait eu le genou brisé.
Cinq mois plus tard et quelques neuf tournois disputés, voilà PHM à Roland-Garros, sa maison. "Ce tournoi est le moteur de ma vie. À peine éliminé, je pensais au suivant", aime-t-il à répéter. Avec son dossard n°261, PHM a bénéficié d’une invitation et s’offre un premier tour de force. Pour son entrée en lice, il écarte l’Allemand Björn Phau, 85e mondial, après avoir été mené deux manches à rien. Ce Roland-Garros de la renaissance est déjà une réussite. Personne, à commencer par lui-même, ne peut imaginer la suite alors que l’ancien vainqueur du Grand Prix de Lyon se présente face à John Isner, 11e mondial et récent finaliste à Indian Wells.