Rétro : Roland-Garros, acte fondateur de la saison 2021

Qui dit fin d’année dit bilan des événements majeurs de la saison écoulée ! Retour aujourd’hui sur les faits marquants de la cuvée 2021 du Grand Chelem parisien.

Novak Djokovic Roland-Garros 2021©Nicolas Gouhier / FFT
 - Romain Vinot

Après une édition 2020 décalée à l’automne en raison de la crise sanitaire, joueurs et joueuses ont de nouveau eu l’occasion de sublimer le printemps parisien. Des confirmations aux surprises en passant par de belles révélations, retour sur ce magnifique Roland-Garros 2021.

Djokovic, nouveau roi

Au coup d’envoi du deuxième tournoi majeur de l’année, nombreux étaient les prétendants au sacre dans le tableau masculin. Toujours confortablement installé sur le trône du tennis mondial et titré dans son jardin australien en début d’année, Novak Djokovic faisait évidemment partie des favoris. Seulement, à Paris, le maître des lieux se montre rarement enclin au partage. Le hasard du tirage au sort prévoyait d’ailleurs une demi-finale au sommet entre le Serbe et son meilleur ennemi, Rafael Nadal. Pour s’octroyer le droit de réussir l’un des plus grands challenges de l’histoire – à savoir battre le Majorquin deux fois Porte d’Auteuil – il est monté en puissance tout au long de la quinzaine.

Poussé dans ses retranchements par un flamboyant Lorenzo Musetti en huitièmes, le « Djoker » a tiré les leçons de cet avertissement pour se défaire ensuite de Matteo Berrettini en quarts. Des matchs plus longs et intenses que ceux disputés par « Rafa » mais une envie intacte d’offrir au public la confrontation dantesque qu’il mérite. Dans une ambiance électrique et un climat de tension presque insoutenable, les deux hommes ont joué une partition exceptionnelle ponctuée de points sublimes. Encouragé durant 4h10 par des spectateurs conscients d’assister à un événement marquant, Novak Djokovic est parvenu à renverser le roi de la terre battue, s’offrant ainsi l’un des plus grands exploits de sa carrière.

Seulement cette rencontre aux allures de finale n’en était pas une. Pour magnifier ce succès et entrer encore un peu plus au panthéon du tennis, « Nole » devait se défaire du meilleur joueur de la nouvelle génération sur terre battue : Stefanos Tsitsipas. Et là encore, il a un peu plus écrit sa légende en renversant un scénario très compromis. Mené deux manches à rien en ayant notamment perdu un tie-break irrespirable, le numéro un mondial est alors entré dans la tête du Grec, qui a soudainement perdu son rythme et ses sensations. Une aubaine pour son adversaire, spécialiste des retournements de situation et qui n’a plus lâché sa proie jusqu’à une dernière volée haute pour parachever son chef-d’œuvre et la plus longue finale à Paris (4h11) depuis Lendl – Wilander en 1987 (4h17). 

Un succès historique, synonyme de 19ème titre du Grand Chelem pour le seul joueur de l’ère Open à avoir remporté au moins deux fois tous les titres majeurs. Une finale aux airs de cerise sur le gâteau pour le tableau masculin, pas avare de suspense et de spectacle en 2021.

Krejcikova, doublé historique et inattendu

Si certains duels étaient très attendus chez les hommes, les affiches du tableau féminin en ont surpris plus d’un ! Mais ne dit-on pas que la beauté de ce sport réside dans son incertitude ? L’éclosion et l’envol de plusieurs joueuses ont rebattu les cartes et poussé probablement plus rapidement que prévu des têtes de série vers la sortie. Ce n’est d’ailleurs pas Barbora Krejcikova qui s’en plaindra. A 25 ans, la Tchèque a vécu une quinzaine absolument magnifique conclue par deux titres totalement mérités, devenant au passage la septième joueuse de l’histoire à réussir le doublé (la première depuis Mary Pierce en 2000) Porte d’Auteuil.

Déjà sacrée en double juniors (2013) et en double dames (2018) en compagnie de sa compatriote Katerina Siniakova, elle a complété un duo très attendu et qui n’a pas failli, en ne concédant qu’un seul petit set durant l’intégralité du tournoi. Mais la sensation est venue de son jeu et de son parcours en simple, tableau dans lequel elle était bien moins attendue, malgré son sacre à Strasbourg quelques jours plus tôt.

Ses coups tranchants, ses variations et son excellente couverture de terrain lui ont permis d’étouffer en deux manches Elina Svitolina, Sloane Stephens ou encore Cori Gauff. Bien que mis à rude épreuve, son sang-froid et sa solidité mentale ne l’ont pas quittée au moment de sauver une balle de match contre Maria Sakkari en demie. Et que dire de sa première finale en Grand Chelem ? Parfaitement lancée après le gain rapide du premier set, elle a su garder ses nerfs malgré le retour d’Anastasia Pavlyuchenkova, tremblant seulement légèrement pour conclure sur sa quatrième balle de match.  Une entrée flamboyante dans le cercle fermé des joueuses vainqueurs en Grand Chelem. De quoi être enfin rattrapée par l’émotion au moment de soulever la Coupe Suzanne-Lenglen et espérer reproduire ce type d’exploit à l’avenir.

Révélations et confirmations

Quel plus beau lieu que Roland-Garros pour se révéler ou confirmer de bonnes dispositions entrevues précédemment ? Cette année, nombreux ont été les joueurs et joueuses à avoir cette bonne idée. Le meilleur exemple est probablement Lorenzo Musetti. A 19 ans, le natif de Carrare en Toscane disputait son premier Majeur et s’est qualifié pour les huitièmes de finale. Ereinté par son duel face à Marco Cecchinato – dont les highlights continuent de faire le tour du monde – il est passé tout près d’un exploit historique face à Novak Djokovic. Il est attendu de pied ferme en 2022, tout comme Carlos Alcaraz. Passée par les qualifications, la pépite espagnole de 18 ans a frappé fort en atteignant le troisième tour avant de briller dans les autres Grands Chelems et au Masters des jeunes en fin d’année. C’est également à 18 ans que Marta Kostyuk a atteint les huitièmes de finale, s’offrant notamment le scalp de Garbiñe Muguruza au premier tour. Autre révélation du tableau féminin, la Slovène Tamara Zidansek, invitée surprise des demi-finales.

Au rayon des confirmations, le quart de finaliste en 2020 Jannik Sinner a seulement été stoppé dans son élan par Rafael Nadal mais a prouvé qu’il faudra bien compter sur lui à l’avenir. Dans le tableau féminin, Paula Badosa a changé de dimension en atteignant le top 8, tout comme Maria Sakkari, passée à un point seulement de disputer une première finale en Majeur. Enfin, à 29 ans, la tête de série n°31 Anastasia Pavlyuchenkova a vécu le plus beau parcours de sa carrière en atteignant la finale d’un GC pour la première fois après 52 participations. Ses victoires face à Sabalenka, Azarenka ou encore Rybakina ont réjoui les observateurs.

Cocorico

Moment toujours très particulier pour les Français, Roland-Garros a connu cette année un tableau juniors garçons historique. Pour la première fois en Grand Chelem, quatre représentants tricolores ont trusté les demi-finales. Luca Van Asshe, Arthur Fils, Giovanni Mpetshi-Perricard et Sean Cuenin se sont disputés le titre. Et au jeu du prestige national, c’est Van Asshe, licencié du TC XVI à Paris qui a succédé au palmarès à Geoffrey Blancaneaux, dernier vainqueur tricolore en 2016. Battu en finale, Arthur Fils est tout de même reparti avec un titre, décroché en double en compagnie de Giovanni Mpetshi-Perricard ! Un carton plein donc pour les Bleuets, qu’on a forcément hâte de revoir sur la terre battue parisienne l’année prochaine.

Un clan tricolore également mis à l’honneur en double hommes puisque Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut ont décroché leur deuxième titre après celui de 2018. Une finale renversante (à l’image également de la demie) face à la paire Golubev/Bublik qui a comblé le public du court Philippe-Chatrier.

16 mai – 5 juin 2022

Des spectateurs de retour en nombre et qui auront donc vécu de très belles émotions durant cette édition, également marquée par l’apparition des sessions de soirée et des duels épiques à chaque tour. De quoi prendre désormais rendez-vous du 16 mai au 5 juin 2022 !