Cette fois, c’est fini, on ne reverra plus Roger Federer raquette en main en compétition officielle. A l’issue d’un double disputé en compagnie de son grand ami Rafael Nadal lors de la Laver Cup, le Suisse a réussi de majestueux adieux à Londres. Et si l’émotion ressentie par tous les fans de tennis finira quelque peu par s’estomper, le sceau du Suisse sur sa discipline ne sera pas effacé de sitôt.
Roger Federer, pour l’amour du jeu
Ce week-end, Roger Federer a mis un terme à une carrière exceptionnelle, que le monde du tennis n’est pas près d’oublier.
20 Grands Chelems, 103 titres ATP, 310 semaines passées au sommet de la hiérarchie mondiale, 1251 matchs remportés sur le circuit… On pourrait continuer d’égrener les chiffres marquants du parcours doré de Roger Federer ou ses nombreux records mais cela ne suffirait pas à expliquer en quoi l’annonce de sa retraite a fait trembler toute la planète sport.
Un trait d’union entre les époques
Il l’a dit lui-même dans une interview accordée à l’Equipe en marge de ses adieux programmés à Londres, ce qui revient le plus souvent lorsqu’on évoque le "maestro", c’est son jeu et sa personnalité, bien plus que de simples statistiques. "J’ai été surpris de voir à quel point les gens ont parlé de ma personnalité ou de mon jeu, comme étant ce qui restera dans le sport. Moi, je pensais que tout le monde allait se jeter dans les supers records, ce que j’ai réussi ou pas, alors qu’en fait non. La notion de longévité, le fait d’avoir connu l’ancienne génération est plus important."
Lui qui avait battu Pete Sampras en 2001 sur le Centre Court en huitièmes de finale de Wimbledon – qui était alors le "jardin" de l’Américain – a peu à peu construit sa légende pour devenir l’un des plus grands sportifs de l’histoire. Recordman du nombre de titres à Wimbledon, c’est là-bas qu’il a écrit quelques-unes des plus belles pages de sa carrière et c’est aussi au All England Club qu’il a battu le record de 14 titres du Grand Chelem de ce même Pete Sampras. Une marque qu’on pensait alors inatteignable mais que le Suisse et ses deux grands rivaux ont porté à des hauteurs encore plus stratosphériques.
Aisance et élégance
Le successeur d’Andy Roddick à la place de n°1 mondial en février 2004 a côtoyé et / ou affronté plusieurs générations de joueurs tout au long de ses presque 25 ans de circuit. Un quart de siècle qui lui a permis de porter le tennis dans une autre dimension. Grâce à son palmarès bien sûr mais aussi (surtout ?) grâce à son jeu, à cette impression de facilité qui se dégageait de chacun de ses coups.
Un œil exceptionnel, un jeu de jambes ultra précis, un équilibre parfait et une technique d’une fluidité sans pareille… Autant d’ingrédients qui donnaient parfois l’impression que rien n’était difficile pour le Suisse, même lors de ses plus intenses combats. Si certaines de ses qualités ont une part d’innée, elles sont surtout le fruit d’un travail quotidien auquel Roger s’est astreint avec sérieux tout au long d’une aventure au cours de laquelle il a été relativement épargné par les blessures (si l’on met de côté les problèmes de genoux qui ont accéléré son retrait du circuit).
"J’aurais adoré faire ce qu’il fait avec une raquette mais je ne pouvais pas", a commenté Björn Borg. "Il est le plus beau joueur que j’ai vu jouer », a glissé John McEnroe. Des hommages intergénérationnels auxquels il faut bien sûr ajouter ceux des contemporains de RF, qui n’ont pas manqué de lui rendre hommage dans les médias ou sur les réseaux sociaux depuis l’annonce de sa retraite. "Je ne te remercierai jamais assez d'avoir été la raison pour laquelle j'ai poursuivi le tennis, la raison pour laquelle je joue un revers à une main aujourd'hui et la raison pour laquelle j'ai rêvé pour la première fois en te voyant soulever le trophée de Wimbledon en 2004" a notamment écrit Stefanos Tsitsipas, présent sur le court de la O2 Arena ce week-end.
Popularité mondiale
Un événement qui a suscité un véritable tremblement de terre médiatique, tant la popularité de Roger Federer a depuis longtemps dépassé les frontières du sport. Une affection liée à la beauté de son jeu, à ses performances mais aussi à une personnalité et un charisme particulièrement appréciés partout où il est passé.
Polyglotte, le Suisse s’est ainsi toujours plié avec beaucoup de professionnalisme à l’exercice médiatique, répondant en trois langues (anglais, allemand et français) aux questions des journalistes lors de chacune de ses conférences de presse. Un sens de la communication qui a aussi fait de lui le chouchou du public dans presque tous les stades où il a évolué. A travers ses différentes prestations sur et en dehors du court, avec ses sponsors ou sa fondation, il s’est construit une popularité hors du commun et chacune de ses apparitions provoque des mouvements de foule, de passionnés rêvant d’approcher leur idole.
Pour l’amour du jeu
Mais au-delà de ses qualités humaines, de son élégance et de son palmarès, ce qu’on retiendra de Roger Federer, c’est son amour du jeu. Tous ceux qui ont eu la chance de partager quelques entraînements (ou de suivre de près certains d’entre eux) vous le diront, le tennis était avant tout un jeu pour le Bâlois. Et se retrouver sur le court, toujours un moment de plaisir pour lui. "Ce n’était pas censé se passer comme ça. J’étais juste content de jouer au tennis et de passer du temps avec mes amis, vraiment. Et puis je me suis retrouvé ici. Ç’a été un voyage incroyable. Je referais tout de la même façon", a-t-il commenté au micro de Jim Courier juste après avoir disputé le dernier match de sa carrière.
"Ç’a été génial, tellement amusant. Ç’a été incroyable. Merci à tous", a lancé à la foule londonienne et aux millions de fans derrière leur écran celui qui a également promis de "ne pas être un fantôme et de rester proche du tennis qui (lui) a tant donné".
Merci et à bientôt, Roger.