Tsitsipas en finale !

On se doutait que ce choc entre le patient Alexander Zverev, habitué des matchs en cinq sets, et Stefanos Tsitsipas, l’un des joueurs les plus affûtés du moment, pourrait durer. Cette affiche entre le cinquième et le sixième joueur mondial a tenu, dans ce domaine en tout cas, toutes ses promesses. Mais on peut toutefois regretter que les deux champions n’aient pas joué leur meilleur tennis au même moment.

Départ canon de Tsitsipas

C'est le Grec qui a réalisé le meilleur début de match. Dans la lignée de ses tours précédents, remportés avec maestria en trois sets (mis à part face à John Isner, en quatre), Tsitsipas, plus agressif, a rapidement muselé son adversaire, porté notamment par une belle longueur de balle. Souvent pris de vitesse sur son coup droit, Zverev n'a même obtenu aucune balle de break et donc concédé la manche initiale.

A l'entame du deuxième set, Zverev a réagi, prenant les devants, 3-0. Mais en vain. Car Tsitsipas a ensuite aligné six jeux de rang pour empocher la deuxième manche. L’Allemand se retournait vers son clan, abasourdi. Tsitsipas avait alors réponse à tout, remportant la majorité des échanges et couvrant parfaitement son terrain. A deux sets zéro, il avait la finale en point de mire.

Zverev, opération remontada

C’est alors que Zverev a enclenché le mode "remontada". On sait l’Allemand capable de remonter ce type de handicap, combien il s'exprime parfaitement sur les matches au long cours. Zverev pouvait même s'appuyer sur ses deux précédents : contre Carreno Busta en demi-finales du dernier US Open et au premier tour de cette quinzaine face à son compatriote Oscar Otte.

Enfin beaucoup moins attentiste, plus proche de sa ligne, l'Allemand en a surtout mis plus dans ses frappes. Impérial au service, il a embarqué le Grec dans de longs rallyes, l’obligeant à reculer et à jouer plus court. Ainsi, Zverev a recollé à deux manches partout.

Mais Tsitsipas, qui n’avait jamais perdu contre Zverev après avoir gagné le premier set, a repris ses esprits pour réussir à inverser une dynamique qui était alors favorable à son adversaire. Le break en poche, dès le troisième jeu de la cinquième manche, le Grec n’a plus desserré son étreinte. Il a même obligé Zverev à sauver quatre balles de match sur son service à 5/2. Avant de conclure au jeu suivant, sur son service, et de pouvoir lever les bras, soulagé. A 22 ans, une première finale en Grand Chelem l'attend.

Stefanos Tsitsipas devient ainsi le plus jeune joueur à disputer une finale de Grand Chelem depuis Andy Murray à l’Open d’Australie 2010. Et le plus jeune à Roland-Garros depuis Rafael Nadal en 2008, alors lui aussi âgé de 22 ans.

Le Grec est donc légitimement apparu très ému au moment de prononcer quelques mots au micro. "Tout ce à quoi je pense maintenant, ce sont à mes racines, d'où je viens. Je suis originaire d’un tout petit pays… Mon rêve était de jouer ici, de jouer dans un grand stade, de jouer un jour à Roland-Garros. Je n'aurais jamais penser y arriver." Le Grec a même versé quelques larmes : "C’est l’une des plus belles victoires de ma carrière", a-t-il conclu, fier d'avoir pu résister au combat mental de ce match forcément très éprouvant. Et de s'approcher encore un petit peu plus de son rêve...