Rendez-vous incontournable du sport mondial, le tournoi de Roland-Garros fait partie du patrimoine français. Récit d’une épopée débutée au XIXe siècle.
Un siècle d'histoire
L’histoire commence en 1891 avec la création des "Championnats de France sur terre battue". Réservés aux joueurs inscrits dans les clubs français et disputés en alternance au Stade Français, Parc de Saint-Cloud, et au Racing Club de France, à la Croix-Catelan, ils voient le héros de l’époque, Max Decugis, s’imposer 8 fois entre 1903 et 1914.
Un premier tournant majeur intervient en 1925, quand l’épreuve ouvre grand ses portes aux étrangers : les "Internationaux de France" sont nés. Sur le court, c’est l’âge d’or du tennis français. Chez les dames, Suzanne Lenglen triomphe 6 fois entre 1920 et 1926. Elle est la première vedette véritable du tennis. Ses homologues masculins Henri Cochet, René Lacoste, Jean Borotra et Jacques Brugnon, les fameux Mousquetaires, compilent quant à eux 10 titres en simple entre 1922 et 1932. Surtout, leur victoire en Coupe Davis en 1927 entraîne la construction d’un stade dédié à la défense de leur titre : il portera le nom de Roland Garros, pionnier de l’aviation disparu au combat durant la Première guerre mondiale.
Après l’interruption due au second conflit mondial, les vagues dominantes sont anglo-saxonnes : américaine d’abord, australienne ensuite, avec Rod Laver, Ken Rosewall et Margaret Court, cette dernière restant la joueuse la plus titrée à Roland-Garros, soit 13 titres toutes épreuves confondues amassés entre 1962 et 1973 (5 simples, 4 doubles et 4 mixtes).
Le passage au professionnalisme en 1968 permet au tournoi de prendre de l’ampleur. Tandis que Björn Borg (6 titres) et Chris Evert (7 titres, le record féminin) trustent le palmarès, le stade connaît sa première extension en 1979, passant de 5 à 10 courts. Une deuxième (1986) et une troisième (1992-94) permettent d’atteindre la superficie actuelle de 8,5 hectares pour 20 courts, dont deux Centraux, le Philippe-Chatrier et le Suzanne-Lenglen, où s’écrit la légende : Ivan Lendl, Mats Wilander, Monica Seles, Gustavo Kuerten s’offrent tous un triplé, Justine Henin monte à 4 titres, Steffi Graf à 6.
A l'heure espagnole...
Tandis que les Français font de la résistance (Françoise Dürr 1967, Yannick Noah 1983, Mary Pierce 2000) dans un sport de plus en plus mondialisé, c’est un vent venu d’Espagne qui souffle sur Paris depuis le début des années 1990. Arantxa Sanchez, Sergi Bruguera, Carlos Moya, Albert Costa et Juan Carlos Ferrero ouvrent la voie à l’ouragan "Rafa" : avec ses 10 titres (série en cours) conquis entre 2005 et 2017, Rafael Nadal repousse spectaculairement les limites de l’excellence à Roland-Garros.
Parallèlement, le plus exigeant de tous les Grands chelems se sera refusé à quelques géants du jeu : Bill Tilden, Maria Bueno, Jimmy Connors, John McEnroe, Boris Becker, Stefan Edberg, Pete Sampras, Martina Hingis, Venus Williams... D'autres n'ont échappé qu'in extremis à ce statut de "maudit" de Roland-Garros. Ce fut le cas d'Andre Agassi en 1999, après deux finales perdues en début de décennie, et surtout de Roger Federer (en 2009) et Novak Djokovic (en 2016) : contemporains de Rafael Nadal, les deux champions ont surmonté trois échecs préalables en finale avant d'enfin soulever la coupe des Mousquetaires, dernier titre du Grand chelem se refusant à eux. Plus que tout autre tournoi, Roland-Garros sait se faire désirer.