À la rencontre de... Damien Dumusois

Le célèbre arbitre français évoque ici ce métier si particulier. Et si passionnant.

 - Rémi Bourrieres

À 39 ans, Damien Dumusois est l'un des six arbitres français "badgés d'or" officiant à Roland-Garros. Rencontre.

Comme toutes les belles histoires, cela commence par un coup de dés. Le jeune Damien Dumusois a 15 ans, il joue au tennis au TC Montchânin (Saône-et-Loire) – il sera classé 15/3 –, qui a besoin d'arbitres pour officier sur les matches par équipes. Il s'inscrit au Trophée National Jeune de l'Arbitrage. Et tout s'enchaîne…

"J'ai arbitré durant l'été les championnats de France, à Roland-Garros, et c'était vraiment génial, se rappelle Damien. Nous étions une trentaine de jeunes logés sur place, sous le court Suzanne-Lenglen. Le soir, on pouvait jouer sur les terrains. Il y avait une super ambiance."

Damien ne quittera jamais cet univers. Il enchaîne sur des Futures, puis à Roland-Garros, en tant que juge de ligne. Quelques années plus tard, à l'orée du XXIe siècle, il obtient son premier diplôme international (le badge blanc).

Et, alors qu'il achève des études de STAPS, se lance progressivement. "Je rêvais de voyager, de découvrir le monde, de faire des rencontres tout en évoluant dans le milieu du sport, ma passion. L'arbitrage conciliait tout ça."

"Je sentais la chaise vibrer..."

Celui qui habite désormais à Saint-Louis (Haut-Rhin), arpente de plus en plus régulièrement le circuit et franchit les échelons jusqu'à obtenir le grade suprême de l'arbitrage, le badge d'or, en 2009. Voilà qui lui ouvre les portes des légendes. "Surtout à Roland-Garros où, en tant qu'arbitre français, on a la chance d'être bien soutenu. On est rapidement programmé sur de grands courts. Cela nous permet de progresser rapidement."

Jusqu'à arbitrer la finale dames entre Schiavone et Stosur, en 2010. Mais le premier match qui l'ait vraiment marqué reste la mythique demi-finale Federer-Djokovic, en 2011. "Je sentais ma chaise vibrer tellement le public s'enflammait. Bien sûr, on sent que le match est exceptionnel. Mais il ne faut pas se laisser griser. Nous sommes un peu les chefs d'orchestre du spectacle et la seule manière d'en profiter, c'est que tout se passe bien. C'est notre responsabilité."

En 2012, Damien est sur la chaise pour la finale de Roland-Garros entre Nadal et Djokovic. C'est sa première finale de Grand Chelem masculine. Quatre autres suivront à Paris (2015, 2016, 2018) et une autre à Wimbledon, en 2017.

Le voilà désormais considéré comme l'un des plus grands. "Je travaille dur pour rester au niveau. Il y a toujours des choses à apprendre, à améliorer. L'arbitrage, c'est une remise en question perpétuelle. Vous pouvez être bon tout un tournoi, si vous passez à côté le jour de la finale, les gens ne retiendront que ça. Comme pour les joueurs."

Gagner la confiance des joueurs

Les joueurs, le Bourguignon les connaît par cœur. "Certains aiment avoir plusieurs serviettes, ou de l'eau à température ambiante… Avant un match, je 'révise' toutes leurs habitudes. C'est comme cela aussi que l'on instaure une relation de confiance avec le joueur. Finalement, c'est cela la partie la plus importante de ce métier : la gestion de l'humain, la communication."

Cela induit une certaine pression. Arbitre, c'est un métier exposé et fatiguant. Après une dizaine d'années à l'ATP, il officie depuis janvier sous la houlette de la Fédération internationale. Il sera donc moins sur le circuit mais, à la place, a endossé de nouvelles responsabilités pour le développement de l'arbitrage en Afrique. Le début d'une autre aventure…