Le match est à sens unique : 6/4, 6/4, 4-2 Agassi. 30-15 sur le service de Woodruff. Agassi aux manettes. Accélération de revers long de ligne. Montée à contre-temps. Volée de revers déposée dans l'ouverture. Woodruff a flairé le coup. Il glisse un lob de revers à deux mains croisé pas très académique, mais diablement efficace.
"Je suis surpris, pris à contre-pied, commentera ensuite l'Américain. Je cours mais je n'ai pas le temps de me retourner pour frapper un coup droit. En fait, je n'ai pas d'autres choix que de tenter ce coup…"
"Pas de ça chez vous !"
Ce coup ? Oh, trois fois rien… Un "tweener" venu de l'espace frappé quasiment depuis le premier rang de la tribune présidentielle. Qui se transforme en passing supersonique, sous l'œil bluffé et admiratif de Woodruff, qui applaudit sportivement.
"N'essayez pas ça chez vous ! se marrera Agassi, à chaud, au micro de Nelson Montfort, en visionnant la vidéo. Je respecte beaucoup Yannick Noah mais lui, quand il tentait ce genre de coup, il se contentait de remettre la balle dans le court. Moi, j'en fais un coup gagnant !"
Un coup qui, évidemment, ne changera pas le sort du match, scellé depuis longtemps. Mais qui donnera un indice de l'état de grâce dans lequel se trouvait l'Américain. Lequel, la semaine suivante, décrochera son unique titre Porte d'Auteuil. À jamais frappé du sceau de son génie.
Regardez le "magic tweener" d'Andre Agassi en vidéo.