Kenin tient son rang

Le premier quart de finale 100 % US à Roland-Garros depuis Jennifer Capriati - Serena Williams en 2004 n’était pas un duel attendu au début de la quinzaine. Encore moins une rencontre de spécialistes de terre battue. Sofia Kenin n’avait jamais atteint les quarts de finale d’un tournoi sur ocre avant cette édition de Roland-Garros, tandis que la 57e joueuse mondiale avait avoué n’avoir jamais mis les pieds sur un court en terre pendant ses quatre années passées à l’université.

Cette affiche s’est donc logiquement jouée sur des filières courtes, comme sur court en dur. L’engagement et le retour ont été décisifs et à ce petit jeu, Danielle Collins s’est montrée la plus inconstante, notamment dans la première manche qu'elle lâche donc 6/4.

Toujours dominée, Collins est rapidement distancée dans la deuxième manche. Mais la championne universitaire a déjà prouvé dans ce Roland-Garros qu'elle n’est jamais aussi forte que dos au mur. Comme lors de son troisième tour face à Garbiñe Muguruza, où, menée 3-0 dans le troisième set, elle avait remonté son handicap pour éliminer la gagnante 2016, elle va débreaker, puis prendre la tête, 5-4.

Dans ce dixième jeu, à sa quatrième occasion, elle va même prendre une deuxième fois l'engagement de son adversaire, arrachant ainsi la deuxième manche. L'occasion est belle de lâcher un de ses retentissants "come on!".

Étonnamment, la grande Floridienne, prise en main par Nicolas Almagro juste avant la quinzaine, va de nouveau s'éteindre. Il faut dire que de l'autre côté du filet, Kenin ne baisse pas de pied. Plus entreprenante, plus audacieuse, elle va très vite reprendre les commandes face à une adversaire en délicatesse avec sa mise en jeu (40 % de réussite sur premières balles dans le troisième set). Il faut dire qu'elle est en proie à des douleurs qui affectent son geste de service ainsi que ses déplacements. L'intervention du kinésithérapeute n'y changera rien. Kenin ne se laisse en rien perturber et enfile les jeux : 6/0.

Une autre dimension

A 21 ans, Sofia Kenin se qualifie ainsi pour sa première demi-finale à Roland-Garros où visiblement elle se sent bien. La joueuse aux origines russes avait déjà frappé un grand coup l’an dernier en éliminant Serena Williams, avant de tomber face à la future gagnante, Ashleigh Barty, en huitièmes de finale.

Cette année, elle a bel et bien pris une autre dimension en inscrivant son nom au palmarès de l’Open d’Australie. Une statistique illustre sa constance au plus haut niveau : elle est l’une des deux seules joueuses à avoir atteint la deuxième semaine des trois tournois du Grand Chelem disputés cette saison. La deuxième s’appelle… Petra Kvitova, qu’elle affrontera pour une place en finale.

Ce sera un tout autre challenge. La Tchèque, seule autre lauréate en Majeur encore en lice, s’est imposée lors de leurs deux précédents affrontements. Le duel promet.