Ses limites restent inconnues. Face à Karen Khachanov, Carlos Alcaraz a livré une nouvelle copie sans rature (6/1, 6/4, 6/4). Depuis les difficultés rencontrées face à Albert Ramos Viñolas, le jeune Espagnol semble avoir franchi un cap. Cela fait deux matchs qu'il frise l’excellence et son affrontement face à Alexander Zverev en quarts de finale nous fait déjà saliver.
Soirée de gala pour Alcaraz
Deuxième session de soirée et deuxième performance majuscule du jeune Espagnol, face à Karen Khachanov en huitièmes de finale.
Il a affirmé adorer jouer le soir et l'a confirmé sur le terrain. Carlos Alcaraz a donné un nouveau cours en public sous des projecteurs qui semblaient uniquement braqués sur lui. Après Sebastian Korda au troisième tour, c’est Karen Khachanov qui s’est assis au premier rang pour assister à l’exposé magistral de son benjamin, qui a subjugué le public 2h14 durant (6/1, 6/4, 6/4). Des leçons justement, ses adversaires peuvent en tirer. Et s'inquiéter.
12 coups gagnants en première manche
Dès l’entrée sur le court, le cours a débuté. Premier apprentissage : l’opportunisme. Alcaraz profite des fautes directes de son adversaire pour empocher le premier jeu blanc avant de le breaker dans la foulée (2-0). À 19 ans, l’Espagnol a la maîtrise d’un vieux briscard. Les jeux défilent devant un Khachanov qui peine à suivre et à prendre des notes pour la suite.
Deuxième chapitre abordé : rendre, rapidement, une copie propre. Après 29 minutes, la pause de fin de set offre un léger répit à Khachanov, auquel la tête de série n°6 a infligé un score sans appel (6/1). Un set terminé avec 12 coups gagnants pour Alcaraz contre seulement 2 pour son adversaire.
Défense et patience
Persévérant, Khachanov revient dans l’amphithéâtre du Philippe-Chatrier déterminé. Le 25e mondial débute par un jeu blanc sur son service, comme pour démontrer qu’il est prêt à passer au tableau pour montrer tout ce qu'il sait faire. Les débats s’équilibrent et le jeune Espagnol apparaît moins dominant. Les coups sont moins saignants, moins précis et son adversaire riposte avec vigueur. Il sauve deux balles de break à deux jeux partout. Alcaraz débute alors son troisième chapitre : la persévérance. Après ces deux balles non converties, il poursuit dans la même filière, cognant, poussant et repoussant son adversaire loin de la ligne jusqu'à ce que ce dernier commette quatre fautes qui lui offrent le break et le set (6/4).
Un tweener-lob d’exception !
La vitesse de déplacement d’Alcaraz fait des merveilles sur un grand court comme le Philippe-Chatrier. Khachanov tente tout mais il est face à un mur qui, en plus, a une main. Une main d’une douceur absolue qui parvient à amortir les frappes les plus puissantes de son adversaire. La carapace semble légèrement se fissurer alors qu’Alcaraz a un break d’avance. L’Espagnol concède trois balles de break et permet à Khachanov, d’une ultime faute de longueur en coup droit, de recoller (3-3).
Peut-être vexé, le Murcien décide d’accélérer. Avec la manière. Son coup droit monumental fait mal à Khachanov mais ce n'est rien par rapport à ce qui va suivre. Jusqu'au chef d'œuvre.
Quatrième chapitre : soigner la conclusion. Sur balle de break, Alcaraz frappe comme un sourd pour monter au filet et signer - déjà - une magnifique volée basse de coup droit. La défense de Khachanov est parfaite avec un lob. Mais l’Espagnol a tout lu. Il est déjà parti et d’un tweener fabuleux, il lobe son adversaire, qui ne peut rien faire si ce n’est concéder son service. La résistance du 25e joueur mondial est admirable et il demande le soutien du public après avoir sauvé cinq balles de match. Il finit tout de même par s’incliner au terme d'un match de grande qualité (6/4). "J'ai fait un très bon match. Je suis bien rentré dans la rencontre, a expliqué l'Espagnol au micro de Fabrice Santoro. Karen (Khachanov) est un bon joueur, très agressif mais j'ai très bien joué."
Le Philippe-Chatrier peut savourer. Pendant un peu plus de deux heures, il a pu assister aux premières loges à un cours magistral. Une leçon proposée par un maître, un artiste. Au prochain tour, Carlos Alcaraz retrouvera Alexander Zverev (tête de série n°3). L’Allemand mène 2-1 dans leurs confrontations directes mais a perdu la dernière, sur terre battue, en finale à Madrid (6/3, 6/1). L’occasion de savoir si le Murcien a définitivement pris une nouvelle dimension.