FAA a fait trembler Rafa !

L'Espagnol s'en est sorti en cinq sets face à un admirable Félix Auger-Aliassime.

Rafael Nadal Roland-Garros 2022 8e de finale©Corinne Dubreuil / FFT
 - Rémi Bourrieres

Poussé dans ses retranchements par un admirable Félix Auger-Aliassime, Rafael Nadal a fait parler une fois de plus sa science des moments chauds pour s'imposer en cinq sets (3/6, 6/3, 6/2, 3/6, 6/3) en 4h21 et se hisser en quarts de finale. Stade auquel le "Djokodal" tant attendu aura bien lieu !

Après 13 sacres à Roland-Garros, Rafael Nadal (n°5) n'a pas encore fini d'écrire l'histoire de son incroyable légende personnelle à Paris. Il vient d'y disputer un nouveau morceau de bravoure pour mater en cinq sets l'admirable et magnifique résistance de Félix Auger-Aliassime (n°9), qui s'est montré héroïque pendant une grande partie du match mais qui a fini par plier lorsque le maître des lieux a montré les muscles, tout au bout d'un 5e set de grande qualité.

3/3 en 5 sets

C'est la troisième fois seulement que Rafael Nadal est poussé aux cinq sets à Roland-Garros, après un 1er tour face à John Isner en 2011 et une demi-finale d'anthologie contre Novak Djokovic en 2013. Et c'est la troisième fois qu'il s'en sort, avec toujours plus ou moins la même recette : une part de réussite, bien sûr, mais surtout, encore et toujours, cette formidable et presque surréaliste capacité à sortir son meilleur tennis dans les moments chauds.

On en veut pour preuve, par exemple, ce petit passing de revers glissé en bout de course, au terme d'une folle cavalcade vers l'avant, pour ramener une volée amortie de son adversaire et réaliser le break décisif dans le 5e set. Et ce dernier jeu de très haute volée, ponctué de trois coups gagnants, pour étouffer définitivement les dernières volontés de rébellion du Canadien. Nadal, décidément, sera toujours Nadal.

Son entame de match, pourtant, avait été timide, voire inquiétante. Emprunté, maladroit, commettant d'étonnantes fautes directes, l'Espagnol semblait avoir encore la tête à la finale de la Ligue des Champions, à laquelle il avait assisté la veille au Stade de France. Deux balles de break sauvées au début du 2e set, concomitantes au retour du soleil, l'ont subitement réveillé. À partir de là, Rafa n'a fait que monter en puissance et lorsqu'il s'est détaché deux sets à un, il était difficile de croire encore aux chances d'Auger-Aliassime.

Toni Nadal ne voulait plus voir ça

Mais c'est là, au contraire, que ce dernier a été grand, faisant l'étalage de ses énormes progrès réalisés sur tous les plans, et particulièrement dans le domaine mental, depuis un an. Au lieu de s'enfoncer dans sa coquille, le protégé de Frédéric Fontang a relevé la tête et musclé son jeu encore un peu plus. Il a creusé l'écart très vite au 4e set et géré son avance pour s'offrir un moment de légende : ce n'est pas tous les jours qu'on dispute un 5e set sur le court Philippe-Chatrier face à Rafael Nadal.

C'en était alors trop pour Toni Nadal, oncle de Rafa, conseiller spécial de Felix, qui a assisté aux quatre premiers sets en tribune présidentielle mais préféré s'en aller ensuite pour laisser ses deux joueurs favoris s'expliquer sans lui. Ce qu'ils ont fait, nous offrant au crépuscule de la journée un spectacle en tout point magnifique.

Porté par la qualité exceptionnelle de son service – 69% de 1ères balles réussies hier, et quelles 1ères balles ! -, le Canadien a tenu le choc jusqu'à 3-3. C'est alors que Nadal, soutenu par le public du Chatrier, a porté une ultime accélération. Décisive, cette fois.

"À la fin du match, je sentais que je devais faire quelque chose en plus, j'ai joué plus agressif et ça a fonctionné, a-t-il ensuite déclaré à son compatriote Alex Corretja au micro. Je n'ai pas eu la meilleure des préparations mais on est à Roland-Garros, dans mon endroit préféré, et la seule chose que je peux garantir pour la suite, c'est que je me battrai jusqu'à la fin…"

Il le faudra, à l'heure des retrouvailles face à son meilleur ennemi Novak Djokovic dans un quart de finale que tout le monde avait coché depuis le tirage au sort. Il s'agira de leur 59e duel, leur 10e à Roland-Garros, et il comporte comme d'habitude son lot de mystère.

Le premier d'entre eux concerne l'état physique de Rafael Nadal : s'il a rassuré par rapport à l'état de son pied, n'a-t-il pas en revanche laissé un peu trop d'influx avec ces 4h21 passées sur le court, presque deux fois plus que le Serbe aujourd'hui pour battre Diego Schwartzman ? Le compte à rebours a déjà commencé. Ça va être long d'attendre jusqu'à mardi…