Medvedev en arbitre
Le caillou dans la chaussure du protégé de Goran Ivanisevic se nomme finalement Daniil Medvedev. Acteur malheureux d’une finale fantastique contre Rafa en 2019, le dauphin ne manque pas sa deuxième occasion à l'US Open face à un Serbe humain, en larmes dans le troisième set. "Le soutien, l’énergie et l’amour que j’ai reçus du public, je m’en souviendrai toute ma vie. C’est pour ça que j’ai pleuré pendant le changement de côté. L’émotion et l’énergie étaient trop fortes. Honnêtement, c’est aussi fort que de gagner 21 Majeurs", avait-il déclaré après la rencontre. Le record peut bien attendre la prochaine levée, en Australie, "chez lui". C’est en tout cas l’avis de tous les spécialistes, qui ne voient pas comment il pourrait passer à côté d’une telle opportunité.
Seulement voilà, en raison de la crise sanitaire, le numéro un mondial n’est pas présent à Melbourne pour défendre son titre, contrairement à Rafael Nadal, revenu sur la pointe des pieds après de longs mois d’absence. Un pied qui semble d'ailleurs aller beaucoup mieux ou en tout cas qui le fait moins souffrir. De là à le voir jouer les premiers rôles dans une Rod Laver Arena qui ne l’a sacré qu’une seule fois, il y a un pas que seuls les fans sont prêts à franchir. Et pourtant…
Lancé par un titre à l’ATP 250 de Melbourne, le Taureau de Manacor monte progressivement en puissance. Au bord du précipice face à Denis Shapovalov en quarts de finale, il passe sans sourciller l’obstacle Berrettini pour s’ouvrir les portes d’une 29e finale en Majeur. Un miracle permanent poussé à son paroxysme face à un Medvedev mué en arbitre du duel à distance. Dos au mur, mené deux sets à rien, il sauve trois balles de break à 3-2 contre lui dans la troisième manche. Niveau de jeu, suspense, scénario inimaginable, enjeux : la beauté du tennis résumée en une finale d’anthologie.