Pavlyuchenkova ne renonce jamais

La Belge Elise Mertens aurait dû être prévenue : pour éliminer Anastasia Pavlyuchenkova de ce Roland-Garros, il ne faut pas la battre une fois. Il faut la battre deux fois. La finaliste de l'édition 2021, freinée depuis par une sérieuse blessure au genou et qui bénéficie d'un classement protégé, affiche une joie de jouer et une résilience qui la rendent sacrément dure à apprivoiser. Et ce malgré un niveau de jeu toujours - logiquement – branché sur courant alternatif.

Comme lors de son match précédent contre Anastasia Potapova et plus encore lors de son 2e tour contre Liudmila Samsonova (face à laquelle elle était menée 5-2 au 3e set), "Nastia" a fini par gagner, on ne sait trop comment, un match qu'elle aurait dû perdre. Jusqu'à 6-3, 3-1, 0-40, elle était dominée de la tête et des épaules par une Elise Mertens impressionnante qui, dans la lignée de son succès expéditif au tour précédent face à la n°3 mondiale Jessica Pegula (6/1, 6/3 en 1h22), se dirigeait tranquillement vers son premier quart de finale à Roland-Garros.

Et puis, au terme d'un jeu marathon dans lequel elle a sauvé un total de sept balles de 4-1, Pavlyuchenkova a fini par sauver son service. Un peu par miracle, beaucoup par opiniâtreté. Toujours est-il qu'à partir de là, la dynamique du match a soudainement changé de camp. Sur un court Philippe-Chatrier balayé par le vent, la Belge s'est progressivement laissée gagner par le doute et quelques microfailles sont alors apparues dans son tennis au cordeau, à l'image d'un lancer de balle soudainement déréglé qui a complètement enrayé sa deuxième balle (16 doubles fautes au total).

A l'inverse, la protégée de l'académie Mouratoglou s'est élevée, presque d'un coup, à un niveau de jeu digne de celui qu'elle avait lors de sa finale ici en 2021. Notamment lors d'un tie-break du deuxième set où elle a fait étalage de toute sa panoplie technique, sa puissance mais aussi sa superbe qualité de main pour survoler ce jeu décisif à haute pression et revenir, miraculeusement, à une manche partout.

A partir de là, Pavlyuchenkova avait la main sur sa victoire, ou presque, face à une Elise Mertens qui a fait appel au kiné pour se faire manipuler au niveau du dos. Tout n'a pas été si simple, toutefois, lors d'un 3e set où chaque jeu fut un combat, et où elle se fit encore reprendre de 5-1 à 5-3 en manquant quatre balles de match.

Mais la cinquième fut la bonne, pour le plus grand bonheur de celle qui, à 31 ans, jouera son troisième quart de finale à Roland-Garros. Elise Mertens a pour sa part été stoppée pour la troisième fois en huitièmes. "J'ai encore vécu un match incroyable, c'est pour vivre ce genre de moments que je suis revenue et que je travaille très dur depuis plusieurs mois, s'est réjouie l'héroïne du jour dans son interview d'après-match avec Marion Bartoli. Je suis hyper heureuse d'être ici, dans ce tournoi où j'ai une relation spéciale depuis les juniors. Et je crois que mentalement, je suis encore plus forte qu'avant…"

Voilà qui n'est pas une bonne nouvelle pour sa prochaine adversaire, Karolina Muchova ou Elina Avanesyan.

Suivez les huitièmes de finale de ce dimanche 4 juin