Culture RG: Torben Ulrich, hippie sur court

UN HOMME, UNE HISTOIRE. Le point commun entre Roland-Garros et Metallica ? Découverte.

Torben Ulrich smiling at Roland-Garros©Gil de Kermadec/FFT
 - Lauriane Labes

Le joueur danois Torben Ulrich a participé à 14 éditions du tournoi de Roland-Garros de 1948 à 1973. Pourtant il n’a atteint qu’une seule fois les huitièmes de finale en simple en 1959, battu par le vainqueur de l’année Nicola Pietrangeli.

Mais peu importe, gagner n’est pas sa motivation principale.

Un esprit libre


Jouer l’amuse et lorsqu’il dispute le double, avec son ami Kurt Nielsen, le public ne se lasse pas de voir les deux compatriotes aborder le match avec humour et décontraction. Chouchou du public français, Torben Ulrich n’est pas un nerveux et il se dégage de cet homme, tout droit venu du Nord, une impérieuse tranquillité.

Certes, son jeu n’est pas parfait et ses coups sont souvent imprévisibles mais en pleine révolution hippie, son style décalé plait. À la fin des années 1960, il apparait sur le court coiffé de nattes ou de tresses qui retiennent ses cheveux longs qu’il a décidé de ne plus couper.



Pourtant d’un naturel très doux, le joueur danois accepte difficilement les contraintes. En 1956, alors qu’il joue une rencontre contre l’équipe suédoise pour la Coupe de Scandinavie, il sabote volontairement son match suite à une décision controversée de l’arbitre. Cette attitude lui vaudra une suspension de quelques mois. Ce n’est ni la première, ni la dernière de sa carrière.

Un esprit libre qui lui vaudra d’ailleurs quelques mois de prison. En effet, alors qu’il doit effectuer son service militaire, il refuse de porter l’uniforme.

Torben Ulrich hitting a backhand.©Gil de Kermadec/FFT

Tennis et Metallica


Il ne s’impose pas plus de règles lors des tournois. Pendant Roland-Garros, il se rend toutes les nuits dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. Accompagné de son frère Jörgen, également joueur de tennis, Torben, talentueux joueur de clarinette et de saxophone, vit pleinement sa passion pour la musique jazz dans les caves du mythique Vieux-Colombier.

Là, il participe à des “bœufs“ qui l’empêchent de jouer tout match de tennis le lendemain matin. “Impossible pour lui de jouer un match avant 14h. Il dormait.“ témoignait son ami Gil de Kermadec.




Féru de musique, Torben Ulrich court les festivals et les concerts, écrit des chroniques musicales dans un grand hebdomadaire et anime des émissions radios très appréciées des jeunes danois qui se retrouvent dans cet anticonformisme affiché. Une passion transmise à son fils, Lars, batteur du groupe de musique Metallica.

Aujourd’hui âgé de 91 ans, Torben Ulrich est fidèle à sa longue barbe et on reconnait bien sous les traits du vieil homme le regard tendre du joueur apprécié des années 1950. Depuis la fin de sa carrière sportive il conserve son esprit libre et flirte avec tous les arts : peinture, littérature, danse et bien sûr la musique.