Emu aux larmes, comme tous les spectateurs qui ont vécu ce moment hors du temps, Gaël Monfils s'est écroulé sur le court Philippe-Chatrier après avoir renversé Sebastian Baez au terme d'une bataille épique (3/6, 6/3, 7/5, 1/6, 7/5 en 3h47). Hormis un seul succès en Challenger, c'est sa première victoire sur le circuit depuis neuf mois et sa blessure au Masters 1000 de Montréal. Il revient sur cette nuit qui l'a vu renaître.
Gaël Monfils : "Un des meilleurs moments de sport que j’ai pu vivre"
Le Français revient sur son premier tour et sa qualification mémorable sur le Central.
Où placez-vous cette victoire sur l’échelle de votre carrière ?
Gaël Monfils : Clairement, top 2. J’avais joué un match aussi dingue contre Cuevas, il y a quelques années, sur le Lenglen. C'était également une atmosphère incroyable. Evidemment, celle-ci a une saveur différente. Je suis plus âgé, j’avais peut-être moins de chances de gagner. C'est top 2 ou top 1.
C’était un premier tour et pourtant, tous ceux qui ont regardé ce match ont vibré comme pour une finale…
G.M : En fait, tu oublies que c'est le premier tour. Tu te dis : "J’ai vécu un truc de dingue ce soir". J'oublie où je suis. J'ai réussi à gagner un match alors qu’au fond, je savais que cela allait être très, très dur. Je m'étais entraîné avec lui (Baez) la semaine dernière, je le trouvais monstrueux. Quand j'ai vu le tableau, je n’étais pas super content... Mais une fois que tu es dedans, tu acceptes. C’est l’un des meilleurs moments de sport que j’ai pu vivre.
Comment avez-vous vécu toute cette folie ?
G.M : Je ne m'attendais pas du tout à ça. Pas du tout à pouvoir rebondir sur certains choix tactiques, sur certaines choses. Je lâche le quatrième set parce que je suis fatigué, je suis mort ! Je sens que je n'en peux plus et je dis à Mikael (Tillström, son coach) : "J'ai besoin de souffler 10 minutes". Bon, j’ai plutôt eu besoin de 25 ! (Rires).
C'est fou, on peut penser que c'est une bêtise, mais je le fais en étant très conscient. Tu imagines qu’à Roland-Garros, j'ai réussi mentalement à me dire : "T'inquiète, je vais récupérer et je vais revenir dans le cinquième !" Tu imagines le malade que je suis ? C'est bizarre, mais pour être très honnête, je me suis dit : "Si je me bats et que je perds 6-4 le quatrième, je prends 6-1 au cinquième, c'est sûr".
Justement, dans la dernière manche, à 4-0 et balle de break contre vous, qu’est-ce qui se passe dans votre tête ?
G.M : Trois trucs. Je me dis : "J’ai pas envie de prendre 6-0 au cinquième, seul Murray me l'a foutu… Et Robredo aussi, je crois". J'ai envie de gagner au moins un jeu. Et inconsciemment, je me dis : "Si j'arrive à tenir jusqu'au changement de côté, avec le vent, on ne sait jamais..." A 4-1, je suis hyper content d'avoir gagné mon jeu, je me relâche. Puis je mets deux bons coups droits après et là, je me dis : "On va essayer de faire quelque chose".