Passé par tous les états, de la domination aux trous d'air béants, Holger Rune a haussé le niveau de jeu et le curseur de la folie pour arracher sa qualification face à Francisco Cerundolo (7/6(3), 3/6, 6/4, 1/6, 7/6(7)).
La folie Holger Rune
Au terme d'une partie au scénario exceptionnel et invraisemblable, Holger Rune a réussi à rallier les quarts de finale pour la deuxième année consécutive.
Brillant, fulgurant mais inconstant. Holger Rune a embarqué le public du court Suzanne-Lenglen dans un ascenseur émotionnel ce lundi. Si son talent ne fait évidemment l'objet d'aucun doute, l'écart entre ce qu'il est capable de produire par moments et les baisses de régime qu'il peut connaître le rend imprévisible, impossible à cerner. Dans ce match, il a donné le tempo de bout en bout et ce dès le premier set. En menant largement (4-1) puis en lâchant subitement (5-5), avant de retrouver sa qualité de frappe dans le tie-break pour sauver sa peau (7/6(3)).
Il a ensuite perdu le deuxième presque tout seul, en oubliant qu'il était l'un des meilleurs serveurs du circuit dans les moments les plus importants. Cinq doubles fautes lui ont coûté la manche (3/6). En variant davantage son jeu, en alternant entre les amorties que son adversaire n'allait pas chercher et les frappes qu'il ne pouvait pas rattraper, il a repris le jeu à son compte. Et même s'il a encore été tremblotant, il a repris la tête du match d'un énorme passing (6/4).
Et puis, d'un coup, sans que personne dans ce Lenglen plein à craquer ne comprenne, plus de son, plus d'image. Le Danois a semblé en perdition dans la quatrième manche. Nerveux, imprécis, comme s'il avait abandonné très tôt pour jeter ses forces dans la fin de partie, à la Gaël Monfils. Francisco Cerundolo en a profité pour aligner un passing extraordinaire en contre de smash et un retour fantastique sur un service à 198 km/h pour égaliser sur un score sans appel : 6/1.
Un dernier set complètement fou
Dos au mur, le 6e mondial a pris la dimension du danger qui le guettait. "Positive ! Positive !", a-t-il hurlé à son clan. Plus expressif, il a lâché sur le court la frustration emmagasinée depuis le début d'une partie dont l'issue est restée incertaine jusqu'à la dernière frappe de balle. Après quelques cris pour soulager l'esprit, il s'est focalisé sur le tennis. Plus précis dans son jeu de jambes, plus appliqué dans sa préparation de frappe, le Danois a retrouvé de la justesse, au meilleur moment.
La dimension du match a changé. Dans ce mano a mano où ils se sont rendu coup pour coup, Cerundolo a failli prendre le dessus. A 4-3 et avec trois balles de break, il est passé tout près d'enterrer les espoirs adverses. Avant que Rune, plus solide que jamais, ne sauve les meubles et s'offre le break dans la foulée (5-4).
Sauf que ça ne pouvait pas finir ainsi. L'Argentin a débreaké et d'un revers long de ligne venu d'ailleurs, est repassé devant (6-5). Dans un Lenglen en fusion, embrasé par une frénésie contagieuse, les reins et les nerfs d'Holger Rune sont restés solides (6-6). Les échanges ont duré, chacun a craqué tour à tour. Et au bout de cette fin de match dingue où la folie a pris le dessus sur le niveau de jeu, le Danois s'en est sorti.
"C'est unique d'avoir joué sur ce court avec un public si incroyable, lâchait-il plein de soulagement en bord de court. Je me suis dit que je devais me détendre, m'amuser et simplement jouer au tennis pour éviter de retomber dans mes travers." Un derby scandinave l'attend au prochain tour, pour le remake du bouillant quart de finale de l'an dernier, face à Casper Ruud.