Un sacre à Roland-Garros, une demi-finale lors du dernier Open d’Australie, deux WTA 1000 et une deuxième place mondiale qui lui tend les bras : à 20 ans seulement, Iga Swiatek affiche déjà un très beau palmarès et se construit une solide réputation sur le circuit. Joueuse la mieux classée du tableau à Indian Wells depuis l’élimination d’Aryna Sabalenka, parviendra-t-elle à assumer ce statut et à remporter un deuxième titre consécutif après Doha fin février ?
Iga Swiatek, taille patronne ?
Qualifiée pour les huitièmes de finale à Indian Wells, Iga Swiatek fait preuve de régularité, de caractère et nourrit d’importantes ambitions cette saison.
La recherche d’une concurrence durable
La confortable position d’Ashleigh Barty sur le trône du tennis mondial ferait presque oublier que la WTA est en recherche constante de patronnes, capables d’enchaîner les titres prestigieux et d’étouffer la concurrence. Une certaine régularité qui n’est pas si simple à trouver, à l’image des cinq grands tournois disputés en 2021 (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon, US Open et Masters), tous remportés par des joueuses différentes. Alors que la numéro un mondiale est enfin devenue prophétesse en son pays fin janvier, la question de son adversaire principale reste en suspens même si ce début de saison a donné quelques éléments de réponse.
Alors que Barbora Krejcikova – qui devra très prochainement défendre son plus grand titre en simple Porte d’Auteuil - a récemment subtilisé la place de dauphine à une Aryna Sabalenka très performante l’année dernière mais sans toutefois parvenir à passer le cap du dernier carré en Grand Chelem, une autre joueuse pourrait bénéficier de l’étiquette de concurrente durable d’Ash Barty à l’aube du début de la saison sur terre battue : Iga Swiatek.
Une préparation déjà payante
Deuxième à la Race et d’ores et déjà assurée de figurer sur le podium du classement global lundi prochain pour la première fois de sa carrière, Iga Swiatek s’était déjà distinguée lors de l’Open d’Australie. Après trois victoires expéditives à l’image de son parcours immaculé lors de l’édition 2020 de Roland-Garros, elle est ensuite parvenue à renverser des situations plus que compromises face à Sorana Cirstea et Kaia Kanepi pour disputer la deuxième demi-finale de sa carrière en Grand Chelem. Balayée par une impressionnante Danielle Collins, la native de Varsovie a pris un coup sur la tête mais ne s’est pas pour autant démobilisée.
Elle a fait le vide avant de poser ses valises à Doha. L’opportunité pour elle de mettre de nouveau en pratique le gros travail de préparation effectué avant la saison, en compagnie de son nouveau coach Tomasz Wiktorowski. "Il m’a convaincue de changer mon approche du tennis. Je suis plus agressive sur le court et j’adore ça. Au début j’étais sceptique donc je le remercie de m’avoir montré une perspective différente […] Je suis heureuse que les dernières semaines aient porté leurs fruits. Il y a une très bonne ambiance dans l’équipe et c’est important de s’amuser et d’avoir une bonne relation avec tous les membres de la team. Je bénéficie d’un soutien total et je me sens très à l’aise avec tout le monde" a-t-elle confié à l’issue de son épopée victorieuse au Qatar.
Car ce premier tournoi WTA 1000 de la saison a vu Swiatek remettre en marche son entreprise de démolition pour s’adjuger un deuxième titre dans cette catégorie (le quatrième de sa carrière au total), en écrasant au passage Maria Sakkari, Aryna Sabalenka et Anett Kontaveit en deux sets secs. Une performance remarquable pour une joueuse davantage reconnue pour ses succès sur terre battue et dont le déclic psychologique semble lui permettre de battre n’importe qui, sur toutes les surfaces. "Nous voulons toutes tellement gagner que c'est parfois très stressant. Ce tournoi m'a montré que si je n'ai pas peur, je peux jouer aussi bien que je le veux […] La constance et la stabilité sont essentielles. Souvent j’ai senti que je jouais bien pendant plusieurs tours et soudain, mon niveau de jeu baissait alors que je ne savais même pas pourquoi. Maintenant, je sens que j’ai plus de contrôle sur les choses et c’est vraiment cool. Ce n’est peut-être pas la chose la plus visible mais ça m’apporte beaucoup de paix" a-t-elle analysé.
Un nouvel état d’esprit
Un jeu plus agressif qui a permis à la championne Polonaise de remporter déjà 16 rencontres cette saison, le meilleur total chez les dames. Actuellement sur une série de sept victoires consécutives, elle alterne les succès écrasants et les retournements de situation grâce à un nouvel état d’esprit plus conquérant. Elle a levé les bras à quatre reprises cette saison après avoir concédé la première manche, soit autant que lors de ses exercices 2020 et 2021 cumulés. A l’image de ses dernières victoires à Indian Wells contre Anhelina Kalinina (5/7, 6/0, 6/1) et Clara Tauson (6/7(3), 6/2, 6/1), quelque chose a changé chez Swiatek.
Une résilience et un caractère à mettre au crédit de sa psychologue, Daria Abramowicz, qui l’aide constamment à trouver des solutions, comme l’a expliqué Iga en conférence de presse : "Mentalement, je sens que je suis désormais capable de rester calme et de trouver des solutions. Avant, je me battais avec mes émotions et je ne faisais pas les bons choix […] Quand je perdais, j’avais l’impression que ma vie était ratée, que toute mon existence était remise en cause. Maintenant, je mets plus de distance et les choses sont plus claires. Je suis plus calme et j’ai davantage de confiance, c’est la clé. Et tout ça vient avec l’expérience".
Viser toujours plus haut
Reste comme toujours à savoir si elle parviendra à confirmer ce début de saison très prometteur et ainsi poursuivre sa belle série sur dur. Pour cela, il faudra dès ce soir parvenir à prendre le meilleur sur Angélique Kerber, avec qui elle s’est entraînée en Californie. Une première confrontation entre les deux joueuses qui pourrait encore davantage donner confiance à Swiatek. De quoi lui permettre de se rapprocher encore un peu plus du sommet de la hiérarchie mondiale même si elle ne semble pas penser à ça jour et nuit. "Je me laisse un jour après un tournoi pour compter les points, vérifier les classements, voir à quelle place je suis. Mais pendant le tournoi, lorsque je m'entraîne, je me concentre sur le tennis parce que si je joue bien, le classement va venir" a-t-elle confié au micro d’Eurosport la semaine dernière.
Si elle continue d’enchaîner les bons résultats, cela pourrait venir encore plus rapidement que prévu.