L’une était très attendue. L’autre, beaucoup moins. Hier, Iga Swiatek et Taylor Fritz ont remporté le tournoi d’Indian Wells en prenant respectivement le meilleur sur Maria Sakkari et Rafael Nadal. Une très belle confirmation pour la Polonaise, désormais officiellement dauphine d’Ashleigh Barty et une excellente surprise pour l’Américain, qui soulève son plus beau trophée chez lui après une quinzaine de rêve dans le désert californien.
Indian Wells : Swiatek confirme, Fritz crée la surprise
Ce dimanche, le tournoi d’Indian Wells a livré son verdict : Iga Swiatek et Taylor Fritz succèdent à Paula Badosa et Cameron Norrie au palmarès.
Swiatek, la nouvelle invincible
Des sourires, des cris de joie et une raquette jetée en l’air : il va probablement falloir s’habituer à ce rituel. Comme à Doha fin février, Iga Swiatek s’est montrée impériale à Indian Wells pour remporter le troisième tournoi WTA 1000 de sa carrière, le deuxième consécutif. Invaincue lors de ses 11 derniers matchs, la native de Varsovie a une nouvelle fois fait étalage de son talent et de son caractère, alternant les succès écrasants et les victoires à l’arrachée. Une semaine dorée qui lui confère le statut de joueuse à battre, elle qui semble désormais capable de triompher dans n’importe quelle situation.
Opposée à Maria Sakkari en finale (6/4, 6/1 en 1h20) après avoir étrillé Madison Keys (6/1, 6/0) et écarté Simona Halep (7/6(6), 6/4), la championne de Roland-Garros 2020 a maitrisé sa frustration et les éléments malgré un jeu de service concédé blanc d’entrée. La tension et les tourbillons de vent ont empêché cette finale de prendre de la hauteur mais comme souvent à ce stade de la compétition, à la fin, c’est Iga qui gagne. "Le plus important était de parvenir à rester dans les rallyes et de ne pas être celle qui commet les fautes. Je n’ai pas vu les stats mais je pense qu’il n’y a pas eu beaucoup de coups gagnants. Ce n’était pas la plus belle finale mais ça forge mon expérience" a-t-elle expliqué dans le podcast WTA Insider.
Objectif N°1 ?
Toutes catégories confondues, Swiatek a désormais remporté douze de ses treize finales, une statistique qui prouve à quel point elle est solide dans les grands rendez-vous. Son excellente préparation avant l’Open d’Australie et son travail psychologique pour aborder au mieux chacune des échéances de la saison portent leurs fruits. "Mentalement, je sens que je suis désormais capable de rester calme et de trouver des solutions. Avant, je me battais avec mes émotions et je ne faisais pas les bons choix […] Quand je perdais, j’avais l’impression que ma vie était ratée, que toute mon existence était remise en cause. Maintenant, je mets plus de distance et les choses sont plus claires. Je suis plus calme et j’ai davantage de confiance, c’est la clé" avait-elle décrypté en conférence de presse pendant le tournoi.
Une mentalité et des résultats qui lui permettent désormais d’être confortablement installée à la deuxième place mondiale avec presque 700 unités d’avance sur Maria Sakkari, qui fait également un joli bond au classement grâce à son parcours californien. Si elle a expliqué que son rang n’était pas une obsession, elle a conscience de sa progression et de sa proximité nouvelle avec le trône. "Avant je me disais ‘OK je vais jouer et peut-être que je serai plus haute au classement ou plus basse’. Mais être première, maintenant, c’est vraiment possible. Je vais donc y réfléchir un peu plus mais je dois surtout continuer à faire ce que j’ai toujours fait et ne pas me mettre la pression".
Avec ou sans pression, Iga Swiatek est désormais crainte par toutes ses adversaires. Et dire que la saison sur terre battue, sa surface de prédilection, n’a pas encore débuté…
Une alerte pour Nadal
Si la Polonaise a poursuivi sa série d’invincibilité, celle de son modèle Rafael Nadal s’est en revanche arrêtée en finale face à Taylor Fritz. Vainqueur d’un duel épique face à Carlos Alcaraz dans le dernier carré, le Majorquin - qui restait sur vingt victoires de rang et trois titres en 2022 - n’a pas pu lutter à armes égales contre l’Américain, à cause d’une défaillance physique au niveau des côtes. "C’est douloureux, j’avais du mal à respirer. Quand je bouge, c’est comme une aiguille qui s’enfonce. Ce n’est pas seulement la douleur, ça affecte également ma respiration" a-t-il expliqué à la fin de la rencontre.
Un souci que le vainqueur de l’Open d’Australie voudra effacer avant le passage sur terre battue mais qui n’enlève rien à son incroyable début de saison. "J’ai donné le meilleur de moi-même au cours des deux dernières semaines, mais cette fois, ce n’était pas possible, même si je me suis battu jusqu’au bout […] Les deux derniers mois ont été incroyables, inoubliables. Je profite de choses que je n’aurais jamais pensé pouvoir vivre à nouveau" a-t-il poursuivi.
Fritz, d’un possible forfait au sacre !
Une défaillance qui ne doit pas faire oublier la performance XXL de Taylor Fritz durant ce Masters 1000. A 24 ans, le natif de Rancho Santa Fe a réalisé un rêve en remportant "son" tournoi, le plus bel aboutissement de sa jeune carrière. "C’est un rêve fou que je n’imaginais pas possible. Quand j'étais petit, mon père m'amenait ici et me disait qu'un jour j’allais gagner ce tournoi. Le voir après ma victoire était très émouvant. Il était vraiment fier !" s’est-il félicité à la fin du match.
Un rêve qui a pourtant failli virer au cauchemar avant la rencontre. A l’occasion de sa demi-finale victorieuse face à l’autre invincible Andrey Rublev, Fritz s’est tordu la cheville dans l’avant-dernier jeu. Une grosse douleur qui aurait pu le contraindre à déclarer forfait, selon ses dires : "C’était la pire douleur imaginable. J'étais au bord des larmes parce que je croyais que j'allais devoir déclarer forfait […] Mais j'étais déjà arrivé jusqu’ici, je voulais tenter. Mon équipe n’était pas d’accord mais tout le monde m’a soutenu. Je suis entré sur le court et j'ai joué sans la moindre douleur. Je n'ai rien senti ! Je ne sais toujours pas comment c'est possible d'être passé d'un extrême à l'autre en quelques heures".
Une persévérance pleinement récompensée au terme d’un match maitrisé et qu’il est parvenu à conclure en deux manches, alors que son adversaire a tout tenté pour disputer un set décisif (6/3, 7/6(5)). Bien que diminués physiquement, les deux hommes ont offert du spectacle au public, approchants même le sublime à l’occasion de quelques échanges, comme celui ci-dessous, miraculeusement bouclé au filet.
Une montée en puissance indéniable
Avec ce succès – le plus important de sa carrière faut-il le rappeler – Taylor Fritz confirme sa récente montée en puissance et franchit un vrai cap. Car battre Rafael Nadal dans une finale de Masters 1000 avec autant d’enjeu, ce n’est ni anodin, ni chose aisée. Passé tout proche d’un exploit énorme au troisième tour de l’Open d’Australie 2021 contre Novak Djokovic, le jeune Américain avait finalement cédé au cinquième set. Cette fois, il n’a pas laissé la pression l’envahir et ce titre vient récompenser ses très nombreux efforts. Il pourrait également faire office de déclic pour le désormais 13e joueur mondial, premier représentant de son pays au classement et premier vainqueur local à Indian Wells depuis André Agassi en 2001. "J'ai tellement perdu ces matchs contre les grands joueurs… J'avais l'impression qu'ils étaient imbattables, que c'était beaucoup trop haut pour moi" pensait-il.
S’il n’est pas certain de pouvoir enchaîner à Miami en raison de sa cheville douloureuse, nul doute qu’il va prendre le temps de profiter de ce sacre et revenir en pleine possession de ses moyens, avec des ambitions décuplées.