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Djokovic peut-il le faire ?
Le Serbe fait un prétendant à la finale (sinon au titre) de plus en plus crédible au fil des tours.
Prenez un stylo et une feuille blanche, dessinez des montagnes russes et insistez bien sur les dénivelés. Contemplez le tout : vous aurez une sorte de résumé des derniers mois de la vie de Novak Djokovic. Le Serbe a connu en l'espace de quelques mois l’ivresse des sommets, puis une vilaine gueule de bois. Plutôt convaincant depuis le début du tournoi, "Djoko" va-t-il connaître le Roland-Garros de la résurrection ?
"Rome était le meilleur tournoi que j’ai disputé cette saison. Maintenant, Roland-Garros est probablement passé devant." C’est clair, net, précis : Novak Djokovic a de nouveau faim de tennis depuis le début de la saison sur terre battue. Si le Serbe a commencé son tournoi parisien piano (victoires contre Rogerio Dutra Silva et Jaume Munar), il est ensuite allé crescendo, écartant avec autorité Roberto Bautista Agut et Fernando Verdasco pour rallier son 9e quart consécutif à Paris (record absolu, à égalité avec Roger Federer).
Carré, solide. Après ses errements des 15 derniers mois, "Djoko" est-il de retour aux affaires ? "Il a perdu du muscle, donc c’est difficile de jouer de la façon dont il jouait avant, observe Andreï Medvedev, finaliste à Roland-Garros en 1999. Il est obligé désormais d’être un peu plus agressif, son jeu est sans doute plus imprévisible."
Plus encore que le physique, c'est le mental qui semble s'être remis à l'endroit. Après la perte d'un set au tie-break contre Bautista Agut, Djokovic a fracassé sa raquette au sol. Un "craquage" vite oublié : en dehors de cette petite absence, "Nole" semble en effet être enfin apaisé. "Même si ce n’est pas facile de se mettre dans sa tête, j’ai l’impression qu’il est revenu à son état d’esprit normal, qu'il est enfin heureux sur le court. Cela fait du bien de le voir jouer ainsi", se réjouit l'Ukrainien.
Mécontent de ses résultats des derniers mois, le natif de Belgrade a décidé de reformer il y a peu son ancienne équipe : Marian Vajda (coach), Gebhard Phil-Gritsch (préparateur physique) et Miljan Amanovic (kiné). La "dream team" de tous les succès entre 2011 et 2016. "Il n’a pas encore retrouvé son meilleur niveau mais il revient progressivement, note de son côté Sébastien Grosjean, ancien coach de Richard Gasquet et ex-n°4 mondial. Et surtout, on a retrouvé le "Djoko" qui a envie de gagner à nouveau, de se surpasser. Le fait de reprendre Marian Vajda comme entraîneur est un signal fort. Il dit : 'Je repars sur des bases qui m’ont permis de tout gagner'."
Niveau, entourage et joie de jouer : tout cela suffira-t-il pour que l'homme aux 12 Majeurs renverse la table et aille jusqu'au bout à Paris ? "Je suis persuadé qu’il est venu ici avec des attentes très basses. Mais maintenant, il joue bien, il gagne des matchs... Il peut voir loin", estime Andreï Medvedev. Qui, en réalité, ne voit même déjà plus qu'un seul joueur lui être vraiment supérieur : "Nadal, évidemment. En deux sets gagnants, Djokovic pourrait gagner. En trois sets, sur le court Philippe-Chatrier, cela me paraît encore un peu tôt. La façon dont Nadal bouge, le lift de son coup droit... Il épuise tout le monde, Djokovic compris".
Mais le tennis est fait d'imprévus. Et au temps de sa splendeur, l'enfant de Belgrade était réputé pour son mental en acier trempé. "Je ne veux pas m’arrêter là", a prévenu dimanche le Serbe, qui a encore deux matchs pour poursuivre sa montée en puissance avant d'hypothétiques retrouvailles avec "Rafa". L'invité surprise des quarts Marco Cecchinato est prévenu : Novak Djokovic n’est plus le roi omnipotent d’il y a quelques années. Mais il en a encore la fierté... et presque le jeu.