A 18 ans et 333 jours, Carlos Alcaraz a donc remporté son premier Masters 1000. Une performance exceptionnelle pour la pépite espagnole, déjà demi-finaliste à Indian Wells et largement au-dessus du lot à Miami. L’avènement d’un champion au lendemain de la prise de pouvoir nette et sans contestation d’Iga Swiatek, qui a poursuivi son incroyable série d’invincibilité en s’offrant le "Sunshine double" face à Naomi Osaka.
Miami : la folie Alcaraz, Swiatek invincible
Ce week-end à Miami, Carlos Alcaraz a remporté son premier Masters 1000 et Iga Swiatek a confirmé en beauté son nouveau statut de patronne du tennis féminin.
Alcaraz, c'est fou !
Ni la pression, ni ses adversaires n’ont eu raison de lui. Favori du dernier carré, Carlos Alcaraz a bel et bien ouvert son compteur en Masters 1000 avant même de fêter ses 19 printemps. Premier vainqueur espagnol à Miami, il est également le plus jeune joueur à soulever ce trophée, le troisième à remporter un tournoi dans cette catégorie, après Michael Chang (Toronto en 1990) et Rafael Nadal (Monte-Carlo en 2005). Une précocité qui donne le tournis pour un joueur en constante progression et qui apparaît déjà légitimement aux yeux de certains comme le futur successeur du Big 3, rien que ça.
Pour son entraîneur Juan Carlos Ferrero, il ne faut évidemment pas brûler les étapes même s’il est le premier impressionné par le niveau et le parcours du Murcien. "Sa victoire ne me surprend pas mais évidemment, c'est quand même allé très vite […] Laissons-le avancer, laissons-le jouer. Je pense qu'il peut faire une grande saison, espérons-le aussi en Grand Chelem. Le voir prendre part à une fin de deuxième semaine, c’est peut-être la prochaine étape. Mais bien sûr, avant ça, il va falloir s'entraîner, rester focus, parce qu’il est très facile de perdre sa concentration maintenant" a-t-il expliqué à la presse. Meurtri par le décès de son père Eduardo avant le début du tournoi californien, le vainqueur de Roland-Garros 2003 a fait le déplacement pour assister à la finale de son protégé, terminant en larmes après la balle de match.
Une finale qui dans 15 ans apparaitra peut-être comme le point de départ d’une fulgurante et irrésistible ascension vers les sommets. Mais au-delà de ce succès face à Casper Ruud (7/5, 6/4), il faudra surtout se souvenir de la partition jouée dans sa globalité, à Indian Wells et Miami. Des victoires écrasantes aux succès arrachés au caractère, Carlos Alcaraz s’est montré impérial dans tous les compartiments du jeu, bien loin de l’image du simple cogneur dont certains voudraient l’affubler. Si son dernier couplet n’était pas le plus beau, passer de 4-1 pour le Norvégien à 7/5, 3-0 en sa faveur prouve si cela était encore nécessaire, que la machine est écrasante une fois qu’elle est en route. "Il peut contre-attaquer et être très agressif, il n’y a jamais de moment de repos dans les rallyes. C’est également un des joueurs que j’ai rencontrés qui se déplace le mieux" a confié son adversaire, désormais classé au 7e rang mondial.
Tombé à la renverse après avoir déposé une dernière volée gagnante, Alcaraz a alors pleinement réalisé l’ampleur de son exploit. "C’est un sentiment incroyable, je suis tellement heureux d’avoir remporté ce titre. Quand j’ai gagné le dernier point, j’ai repensé à toutes les fois où j’ai rêvé de ça en étant plus jeune. Tous les rêves, tout le travail, tous les problèmes me sont revenus à l’esprit" a-t-il timidement analysé, lui qui fait preuve d’un comportement de guerrier sur le terrain.
Ce succès fondateur a été chaleureusement salué par Rafael Nadal mais également par le roi d’Espagne. "J’étais plus tendu par cet appel que par le match ! C’est assez incroyable que le roi d’Espagne vous félicite pour votre travail et votre victoire. C’est quelque chose d’impensable, c’est incroyable" s’est réjoui le prodige. De quoi se souvenir que le désormais 11e joueur mondial n’a que 18 ans et que son téléphone pourrait bien sonner en permanence dans un futur (très) proche.
Iga est devenue 1ga avec la manière
Sa série de 17 victoires consécutives, son nouveau statut de patronne du circuit et ses trois titres consécutifs en WTA 1000 feraient presque oublier qu’elle aussi, est un modèle de précocité. A 20 ans seulement, Iga Swiatek est devenue la plus jeune joueuse à réaliser le fameux "Sunshine double", la quatrième de l’histoire après Steffi Graf (1994 et 1996), Kim Clijsters (2005) et Victoria Azarenka (2016). Une magnifique cerise sur le gâteau avant de prendre officiellement possession du trône ce lundi matin.
En finale face à une Naomi Osaka pourtant de retour à son meilleur niveau, la Polonaise a surfé sur la vague de confiance qui l’habite depuis son titre à Doha, prémices de son incroyable série d’invincibilité en cours. Une victoire en deux sets (6/4, 6/0) qui vient conclure un tournoi de rêve, conquis sans perdre la moindre manche face à des adversaires de haut calibre comme Coco Gauff, Petra Kvitova ou encore Jessica Pegula. "J’ai été surprise de constater que je pouvais gérer tous ces matchs. J’ai eu beaucoup de doutes pendant ce tournoi, c’est assez fou pour moi. J’ai encore beaucoup appris sur moi-même, je n’ai plus besoin de me sentir à 100% sur tous les points pour gagner des matchs contre de grandes joueuses […] J’ai utilisé cette série de victoires et le classement pour engranger de la confiance" a-t-elle analysé suite à sa victoire.
Plus entreprenante et plus agressive sur le court grâce au travail de présaison effectué en compagnie de son nouvel entraîneur Tomasz Wiktorowski, Iga est également beaucoup plus sereine. Un changement de mentalité qui n’aura selon elle aucune incidence sur sa personnalité. "Je suis toujours la même personne, la même Iga. Mes plus grandes idoles sont toujours restées les mêmes. Je ne veux pas que le succès me change de manière négative. Ça va me donner beaucoup de confiance mais ça ne changera pas la personne que je suis" a-t-elle insisté.
A ceux qui imaginaient que la pression liée à son nouveau statut et à la retraite d’Ashleigh Barty allait la bouleverser et l’inhiber, elle a répondu par des victoires éclatantes, des cris de rage et une joie communicative sur le terrain. En mission tout au long du tournoi, elle a mis un point d’honneur à décrocher ce nouveau titre, comme pour prouver qu’elle méritait sa place de patronne. Plus personne ne peut décemment en douter.
Reste désormais à savoir ce que les prochaines semaines lui réservent. Pourra-t-elle prolonger son invincibilité sur terre battue, historiquement sa surface de prédilection ? Assumera-t-elle toujours sa position et son statut de favorite à Roland-Garros ? "Je vais travailler dur. C’est amusant pour moi de jouer sur terre battue et j’ai toujours cette motivation supplémentaire avant de jouer Roland-Garros. Mais pour les résultats, on verra. Je ne peux rien promettre" conclut-elle. Ses actes à l’occasion des dernières semaines de compétition valent bien plus que de belles promesses.