Insubmersible, Djokovic renverse Musetti !

Longtemps bousculé par un Lorenzo Musetti en état de grâce, le patron du circuit mondial est passé tout proche de la sortie. Mais comme il l’a si souvent fait en Grand Chelem par le passé, le Serbe a su se surpasser pour renverser le match. C’est sur un ultime retour de coup droit gagnant que l’homme aux 24 titres en Majeurs a bouclé l’affaire, au bout de 4h28 d'une rencontre absolument irrespirable.

Et pourtant, ce n'est pas trop s'avancer que d'affirmer que l’Italien a réalisé le match de sa vie. Revers long de ligne, décalages coup droit ravageurs, demi-volées parfaitement touchées : en affichant un total de 53 coups gagnants pour 34 fautes directes, le Toscan a régalé un court Philippe-Chatrier rempli et survolté malgré l’heure tardive, le match ayant démarré peu avant 23h.

Mais face à Djokovic, même la perfection ne suffit pas et Musetti le savait déjà au moment de pénétrer dans l'arène. Ici-même en 2021, l'actuel 30e joueur mondial n’avait pas réussi à convertir son avantage de deux manches en victoire, contraint et forcé d'abandonner à l’entame du cinquième set. Trois ans plus tard, l’histoire s’est à nouveau révélée cruelle envers lui.

Djokovic était parti fort

Si cette partie a fini par basculer dans la folie, son entame a pourtant eu des airs de classique. Motivé à l’idée de boucler rapidement ce troisième tour, le tenant du titre a livré une première heure de jeu proche de la perfection. Impérial derrière sa première balle (75% dans le premier set), agressif en coup droit et maniant parfaitement l’amortie, il semblait se diriger vers un succès sans histoires. Ne ratant rien et forçant son adversaire à commettre quatre fautes directes à 6-5, il s’est montré clinique pour boucler la première manche.

Sur sa lancée, le n°1 mondial s’est envolé dans le deuxième set (7/5, 4-1). Une avance qui pouvait alors paraître définitive mais contre toute attente, c’est à ce moment qu'il a relancé un Musetti au visage pourtant résigné. Un lob mal apprécié, une volée pas suffisamment claquée, un smash de fond de court manqué… le Serbe a connu un véritable trou d’air une fois passé le cap de l’heure et demie de jeu. 

Mis au supplice par les slices rasants de son rival, il a tenu jusqu’au tie-break de cette deuxième manche mais n’a pu convertir sa balle de set à 6-5, acculé par un énorme coup droit du Transalpin. Déterminé à prendre son destin en main, ce dernier s’est jeté vers l’avant, réalisant une très belle demi-volée pour recoller au score (7/6(6)).

Le Serbe a repris vie

Le réservoir vide, le triple vainqueur de Roland-Garros a semblé totalement absent des débats au cours d’un troisième set maîtrisé de bout en bout par son adversaire. Trois petits coups gagnants, 50% de premières… Le public du Philippe-Chatrier a dû se pincer pour y croire : Novak Djokovic semblait se diriger vers une sortie prématurée, pour la première fois ici depuis 15 ans. 

Seulement comme chacun le sait, le "Djoker" n’est jamais aussi redoutable que lorsqu’il est poussé dans ses derniers retranchements. Reboosté par les “Nole, Nole” descendus en nombre des tribunes du Central, il a repris vie. Porté par sa haine viscérale de la défaite, il s’est forcé à ne plus reculer pour imposer une cadence d’enfer à son vis-à-vis, enchaînant quatre jeux de suite pour passer de 1-2 à 5-2. Même l’exceptionnel passing de revers en remise de smash du Transalpin n’y a rien fait : Djokovic avait posé sa main de fer sur la rencontre, et plus rien ne pouvait la retirer.

La suite ? Un cinquième set absolument exceptionnel, peut-être son meilleur disputé cette saison, avec en tout et pour tout deux petites fautes directes commises. C’est sur un retour de coup droit gagnant qu'il a parachevé son récital. Loin de son meilleur niveau depuis le début de la saison, le champion semble clairement s’être retrouvé cette nuit. Une bien mauvaise nouvelle pour son prochain adversaire, l'Argentin Francisco Cerundolo.

"J'essaie de parler français parce que vous méritez ça, a réagi à chaud le champion en titre au micro d'Alex Corretja. Qu'est-ce que je peux dire ? Avant tout, je veux féliciter Lorenzo. C'est un joueur qu'on doit applaudir ce soir ou plutôt ce matin (rires). Il a fait un match incroyable, qu'il est très proche de remporter. J'ai eu de la chance au début du quatrième set parce qu'il était le meilleur joueur sur le court. Je n'avais pas de solution pour répondre à son jeu. Tout ce qu'il a fait, il l'a produit avec énormément de qualité. J'étais en grande difficulté. Quant à vous, le public, vous méritez d'immenses remerciements parce que vous m'avez donné énormément d'énergie. Je n'étais pas le même joueur avant ce quatrième set. C'est incroyable que vous soyez restés, il est 3h du matin... Vous êtes trop jeunes les enfants, vous devez dormir (rires) ! C'est un des plus grands matchs que j'aie vécus ici, merci à tous... Maintenant, c'est impossible de dormir avec toute cette adrénaline donc si vous avez une after party, je viens !"