Open d’Australie 2022 : les enjeux du tableau masculin

Medvedev, le nouvel intouchable ?

Dans la hiérarchie des favoris pour le sacre, Daniil Medvedev est tout en haut. Auréolé d’un premier titre en Grand Chelem après son incroyable parcours à l’US Open en 2021, le Russe fait figure d’ogre dans le tableau messieurs. Seulement arrêté en finale par le maître des lieux lors de la précédente édition, il souhaite franchir la dernière marche à Melbourne. Un deuxième Majeur consécutif qui le propulserait encore davantage dans la cour des très grands et qui lui offrirait sur un plateau la place de numéro un mondial. Un trône qu’il a frôlé du bout de la raquette en fin de saison, disputant notamment les finales du Rolex Paris Masters et du tournoi des Maitres avant d’être sacré avec la Russie en Coupe Davis.

Saison après saison, le protégé de Gilles Cervara progresse, gagne en constance et accumule de la confiance. Ses 63 victoires en 2021 (contre 13 défaites) confirment qu’il poursuit sa mue vers le statut d’intouchable. Reste à savoir si son exercice 2022 sera meilleur que le précédent. Ses premiers coups de raquette laissent à penser qu’il n’a rien perdu de sa superbe, à l’image de ses victoires face à Matteo Berrettini et Felix Auger-Aliassime en ATP Cup. Une compétition durant laquelle il s’est déjà bien dépensé, tout en prenant beaucoup de plaisir. "Ce n'est pas facile mais mon corps réagit beaucoup mieux qu’au début de la compétition. C'est positif car c'est une bonne préparation pour l'Open d'Australie en termes d'effort physique " a-t-il commenté en conférence de presse suite à la victoire de la Russie contre l’Italie en phase de poule. S’il monte en puissance et qu’il livre une partition similaire à son récital new-yorkais, peu de joueurs pourront l’empêcher d’inscrire son nom au palmarès de l’Open d’Australie. Il devra toutefois être attentif dès les premiers tours au vu du tableau passionnant que le tirage au sort lui a réservé.

Zverev & Tsitsipas pour une première !

Parmi les candidats capables d’arrêter le Russe, comment ne pas évoquer Alexander Zverev ? Le champion olympique, également couronné pour la deuxième fois de sa carrière lors des ATP Finals en novembre, n’a jamais semblé aussi sûr de sa force. Joueur le plus titré en 2021, il ne lui a manqué qu’une victoire en Grand Chelem pour réussir une saison parfaite. Mais si l’Allemand semble parfois avoir un blocage lorsqu’il s’agit de triompher au meilleur des cinq manches, il n’est jamais très loin du graal. Demi-finaliste à Melbourne (2020), à Roland-Garros (2021) et à l’US Open (2021), il a également manqué de peu une occasion en or lors de la finale new-yorkaise face à Dominic Thiem en 2020.

Mais depuis cet échec marquant, Sascha a remporté de prestigieux succès, notamment face aux deux épouvantails du circuit, à Tokyo puis Turin. De quoi faire de lui le troisième homme, comme il l’a souligné en décembre à l’occasion d’un podcast avec Boris Becker : "Avant, on avait l'habitude de parler de Nadal, Federer et Djokovic. Mais cette année, tous les grands tournois, les Grands Chelems, les Jeux de Tokyo, le Masters, ont été gagnés par Medvedev, Djokovic et moi. Et je ne m'attends pas à ce que ce soit différent l'année prochaine".

Dans son analyse, le n°3 mondial oublie peut-être un peu vite Stefanos Tsitsipas. S’il a moins performé lors de la deuxième moitié de saison avant d’être opéré du coude fin novembre, il ne faut pas négliger les six premiers mois magnifiques du Grec. Arrêté aux portes de la finale par Daniil Medvedev à Melbourne après avoir réalisé un exploit renversant face à Rafael Nadal, le natif d’Athènes a pris sa revanche à Roland-Garros avant d’y disputer sa première finale en Grand Chelem. Et puisque l’appétit vient en mangeant, la prochaine étape serait naturellement d’inscrire son nom dans la case "vainqueur". Présent à l’ATP Cup en début de mois, il a d’ores et déjà annoncé la couleur concernant sa condition physique. "Seul le temps me permettra de complètement soigner mon bras et de récupérer de l’opération mais je pense que, dans une semaine, je serai très, très proche d'être à 100 %" a-t-il confié en conférence de presse.

Nadal finalement le premier à 21 ?

Parmi les nombreux enjeux de cette saison, la course au record de titres en Grand Chelem chez les hommes devrait nous tenir en haleine une bonne partie de l’année. Seulement elle pourrait prendre un tournant plutôt inattendu dès l’Open d’Australie. Alors que Novak Djokovic a eu une opportunité historique de remporter un 21ème sacre lors du dernier US Open, c’est cette fois Rafael Nadal qui pourrait avoir l’occasion de passer devant ses deux rivaux. Mais s’il a effectué un retour gagnant à Melbourne la semaine passée après de nombreux mois éloigné des terrains pour soigner sa récurrente blessure au pied, le Majorquin aura fort à faire au vu du tirage au sort. Placé dans la partie d’Alexander Zverev, il pourrait avoir sur sa route Thanasi Kokkinakis, Karen Khachanov puis Hubert Hurkacz ou Aslan Karatsev.

Un défi de taille pour le champion de l’édition 2009, qui retrouve progressivement sa confiance et ses sensations. "Ce n’est pas possible d’être en pleine confiance et de se sentir parfaitement bien après une blessure de près de six mois. Il faut reconstruire cette confiance, tant sur le plan tennistique que sur le plan physique jour après jour. C’est ce que j’essaie de faire. Je travaille dur pour retrouver toutes mes sensations tout en essayant de préserver mon organisme au maximum" a-t-il déclaré lors de l’ATP 250 de Melbourne.

Les jeunes loups ont faim

Si les ténors du classement ne laissent bien souvent que des miettes aux autres joueurs du circuit, plusieurs jeunes ont tiré leur épingle du jeu l’an passé et comptent bien récidiver. Les Canadiens Denis Shapovalov et Felix Auger-Aliassime - qui ont chacun disputé une demi-finale en Majeur en 2021 - ont récemment prouvé leur grande forme à l’ATP Cup. Et que dire de Carlos Alcaraz ? Le jeune prodige espagnol, déjà quart de finaliste à Flushing Meadows, peut légitimement espérer atteindre le troisième tour et livrer un duel de cogneurs face à Matteo Berrettini. On n’oublie évidemment pas Jannik Sinner, dont le tableau semble largement à sa portée même s’il pourrait bien croiser la route du triomphant revenant Andy Murray au 3ème tour.

La surprise du chef ?

Qui dit Grand Chelem dit souvent parcours inattendu ou du moins plus beau que prévu. Et si un scénario à la Raducanu semble invraisemblable dans le tableau masculin de cet Open d’Australie, les récentes jurisprudences Karatsev ou Hurkacz (à Wimbledon) pourraient bien donner des idées à certains protagonistes du tournoi. Un joueur issu des qualifications, un come-back gagnant, un jeune passé jusque-là sous les radars ? Les possibilités sont nombreuses et font assurément de cet Open d’Australie un immanquable de la saison.