AO 2022 - J12 : Nadal et Medvedev intraitables

Nadal de retour au sommet

Comme face à Denis Shapovalov, Rafael Nadal est parfaitement entré dans sa demi-finale. Efficace au service et capable de faire le break sur sa première tentative, le cinquième joueur mondial s’est tout de suite détaché au score, mettant ainsi nettement la pression sur son adversaire. Bien plus expérimenté que lors de leur première confrontation au même stade à l’US Open 2019, Matteo Berrettini a tout de même fait preuve d’une certaine nervosité, comme le prouvent ses 14 fautes directes dans la première manche et ses statistiques faméliques sur deuxième balle (1/8). Malgré un baroud d’honneur et trois balles de set sauvées sur le service du Majorquin, l’Italien s’est réveillé trop tard pour espérer renverser la vapeur dans ce premier set, remporté 6/3 en 43 minutes.

Un visage nouveau qui laissait entrevoir des jeux meilleurs pour le finaliste de Wimbledon mais que nenni. Dès l’entame du set suivant, "Rafa" a poursuivi sa tactique consistant à pilonner le revers de son vis-à-vis, avec réussite. Le premier break empoché d’un superbe coup droit a précédé le deuxième, acquis cette fois sur de nouvelles fautes grossières du Romain. La couverture de terrain exceptionnelle, la précision (deux fautes directes) et les coups tranchants ont fait le reste dans cette deuxième manche conclue 6/2 en 42 minutes.

Contrairement à son quart de finale, l’Espagnol n’a pas connu de coup de pompe physique dans le troisième set, se déplaçant toujours comme à ses plus belles heures. Mais dos au mur, c’est bel et bien Matteo Berrettini qui a élevé son niveau de jeu, lâchant enfin ses frappes dévastatrices. Devant au score pour la première fois de la rencontre, il n’a pas laissé passer l’occasion de faire le break sur un jeu de service complètement manqué par son adversaire, avant de finir le travail sur un engagement blanc.

La confiance et la puissance retrouvées, l’Italien s’est même offert le luxe d’enchaîner cinq jeux de service consécutifs sans perdre le moindre point (23 au total !). Beaucoup plus chahuté, Nadal a comme souvent eu le mérite de serrer le jeu en attendant une légère baisse de régime de l’autre côté du filet. Un coup de moins bien et une perte de confiance qui sont arrivés au pire moment pour le Transalpin, à 4-3 en sa défaveur. Costaud pour sauver une première balle de break sur un rallye magnifique de 23 coups, il a craqué en coup droit sur l’opportunité suivante, sa troisième faute de ce type dans le jeu.

Evidemment, face à un joueur du calibre de Nadal, ça ne pardonne pas. Malgré quelques turbulences, le Majorquin s’impose finalement en quatre sets (6/3, 6/2, 3/6, 6/3 en 2h55) en faisant très forte impression. De quoi se laisser aller à de belles émotions après la balle de match.

Une 500e victoire sur dur qui lui ouvre les portes d’une 29e finale de Majeur, la 6e à Melbourne. Désormais à un match d’un 21e titre du Grand Chelem historique, le Majorquin ne semble réellement pas penser à cet événement. "Pour être honnête, tout me surprend. C’est difficile à croire pour les gens de l’extérieur et même pour les gens qui m’ont suivi au quotidien au cours des six dernier mois. C’est difficile pour eux aussi de comprendre que je puisse jouer à ce niveau aujourd’hui. C’est difficile à expliquer honnêtement, je me sens juste chanceux de pouvoir jouer au tennis, de pouvoir garder une attitude positive, de pouvoir me sentir 'vivant' à nouveau en termes de compétitivité sur le plan du tennis. Ce sentiment m’avait manqué, je profite un maximum avec un minimum de pression, parce que je n’aurais jamais cru être là où je suis aujourd’hui. Je profite de chaque moment. Bien sûr, je tente de faire de mon mieux car j’étais en demi-finale et je voulais me donner une chance d’être en finale » a-t-il confié à Mats Wilander sur Eurosport.  Il a désormais rendez-vous avec Daniil Medvedev pour une finale de rêve.

Medvedev, la rage de vaincre

Désormais habitués des rendez-vous prestigieux, Daniil Medvedev et Stefanos Tsitsipas n’ont pas manqué leur entame de match. Extrêmement performants sur leurs mises en jeu, ils ont déroulé jusqu’à 4-4, moment choisi par le Russe pour faire quelque peu dérailler la machine adverse. Mais Tsitsipas a serré le jeu et inscrit de très beaux points pour sauver quatre balles de break. Il était alors écrit que cette première manche allait se décider au jeu décisif et malgré une option prise par le finaliste de Roland-Garros, c’est bien le numéro deux mondial qui a pris les commandes d’une partie de plus en plus intense.

Loin d’être écœuré, le Grec est retourné au combat, prenant l’engagement de son vis-à-vis dès l’entame du deuxième set sur sa première tentative, alors qu’il n’avait réussi à gratter que deux petits points jusqu’ici ! Un avantage qu’il n’a d’abord pas su conserver avant finalement de breaker de nouveau, contre toute attente, sur deux doubles fautes consécutives du Russe ! De quoi faire dégoupiller ce dernier, extrêmement virulent envers l’arbitre pour lui signaler qu’Apostolos Tsitsipas faisait du coaching pour son fils. Un exutoire insuffisant face à un énorme Tsitsipas au moment de conclure cette manche (6/4).

Pas totalement concentré au moment de reprendre le jeu, Daniil Medvedev est tout de même parvenu à sauver deux balles de break pour reprendre les commandes. Une troisième manche beaucoup moins tendue entre les deux hommes, dans un faux rythme jusqu’à 5-4. Le moment parfait choisi par le finaliste de la dernière édition pour arracher le set sur le service de son adversaire, trop tendre à cet instant pourtant si important.

Une méforme confirmée par deux nouveaux breaks du Russe pour s’envoler dans la quatrième manche. Beaucoup plus calme, il a retrouvé énormément de mobilité et d’intensité pour envoyer Tsitsipas dans les cordes. Ou comment se faciliter la fin de match et s’offrir une deuxième finale de Grand Chelem consécutive après sa victoire à l’US Open (7/6(5), 4/6, 6/4, 6/1 en 2h30).

Déjà au rendez-vous l'an passé face à Novak Djokovic, le Russe a réagi au micro de Jim Courier sur le fait d'être de nouveau opposé en finale à un joueur à la conquête d'un 21e Majeur : "Je vais encore jouer quelqu’un qui joue pour le 21e Grand Chelem ! Rafa avait dû regarder la finale de l’US Open à la TV et là ce sont les autres qui vont probablement regarder ! Les finales de Grand Chelem sont toujours spéciales. Bien sûr je me rappelle de mon match face à Rafa à l’US Open mais c’était ma première finale et nous avions joué presque cinq heures. Nous avons rejoué l’un contre l’autre depuis et je suis prêt ! Je sais que Rafa est un grand joueur mais je vais essayer de faire du mieux possible et de gagner ce match".

Mladenovic et Dodig sacrés en double mixte !

Engagés en double mixte en début de journée, Kristina Mladenovic et Ivan Dodig ont pris le meilleur sur la paire australienne Jaimee Fourlis / Jason Kubler (6/3, 6/4 en 1h17). La Française a ainsi remporté son huitième titre du Grand Chelem en double (cinq trophées en double dames et trois en double mixte). "Avec Ivan, on s'était envoyé des messages depuis longtemps pour essayer de jouer ensemble. Pour notre première association, c'est plutôt réussi !" a déclaré "Kiki" à l’issue de ce parcours victorieux.