Qualifications 2024 : Eala, ce je ne sais quoi

A tout juste 19 ans, Alexandra Eala va tenter de devenir la première Philippine à se qualifier en Grand Chelem.

Alexandra Eala / 2e tour des qualifications / Roland-Garros 2024© Philippe Montigny / FFT
 - Rémi Bourrieres

Les qualifications d’un tournoi du Grand Chelem ont ceci de charmant qu’elles sont - entre autres - tout autant l’occasion de célébrer les anciennes gloires que de découvrir les nouveaux visages. Et si nous n'avons pas de boule de cristal, il y a tout de même fort à parier qu’Alexandra Eala figurera en bonne place dans le paysage du tennis de demain.

Née le 23 mai 2005, une date historique...

A tout juste 19 ans (elle est née le 23 mai 2005, un jour historique Porte d'Auteuil, on vous laisse deviner avant d'y revenir...), la Philippine est la plus jeune joueuse encore en lice dans le tableau des "qualifs", où elle s’est hissée au 3e tour aujourd’hui au prix d’un duel accroché face à une Australienne du même âge, Taylah Preston. Cette dernière a remporté le premier set, mené 4-2 au 3e et décoché 29 coups gagnants avant de s’avouer vaincue 4/6, 6/4, 7/5.

Une victoire révélatrice de la force mentale de la jeune Eala, qui a désormais l’histoire à portée de raquette puisqu’elle va tenter de devenir la première joueuse des Philippines à se qualifier pour un Grand Chelem. Elle aura fort à faire, toutefois, puisqu’elle affrontera la tête de série n°2 du tableau, l’Argentine Julia Riera, 93e mondiale et victorieuse de la Française Harmony Tan.

"Ce sera clairement l’un des matchs les plus importants de ma carrière, mais je devrai l’aborder avec la même mentalité que les autres", a commenté la native de Quezon City, dont la mère a été une nageuse de haut niveau (médaillée de bronze sur 100m dos aux Jeux de l’Asie du Sud-Est en 1985) et dont le frère aîné joue au tennis au sein d’une université américaine. "Avoir l’occasion de marquer l’histoire de mon pays, c’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé. C’est un immense privilège. Je reçois beaucoup d’amour des Philippins et j’en suis très reconnaissante."

S’il faut remonter à l’édition 1968 de Roland-Garros pour trouver trace d’un joueur philippin, Eduardo Cruz, dans le tableau principal du Grand Chelem, on a forcément aussi une petite pensée pour Leylah Fernandez, qui est certes canadienne mais dont la maman est originaire de cet archipel asiatique. On y pense d’autant plus quand on voit jouer Alexandra Eala, dont le style tennistique évoque tout à fait celui de la finaliste de l’US Open 2021, avec sa belle patte gauche, ses frappes lasers et sa capacité à trouver des angles.

Alexandra a pour sa part triomphé à l’US Open, en 2022, mais en juniors. Une catégorie dans laquelle elle a brillé puisqu’elle a également remporté l’Open d’Australie 2020 et Roland-Garros 2021 en double. Tout cela pour dire qu’elle est loin d’arriver de nulle part. Par ailleurs, elle été sacrée aux Petits As en 2018 et vient tout juste de décrocher, à Madrid (où elle était bénéficiaire d'une wild-card), son premier succès sur le circuit principal aux dépens de l’Ukrainienne Lesia Tsurenko (2/6, 6/4, 6/4).

Pas mal pour une joueuse qui est à l'origine plus à l’aise sur dur. Mais pas étonnant non plus quand on sait qu’elle s’entraîne depuis cinq ans à la Rafa Nadal Academy, où elle est désormais basée et coachée par l’Espagnol Joan Bosch. Ce qui, bien évidemment, lui confère des relations privilégiées avec le maître des lieux et boss de l’académie éponyme, un certain Rafael Nadal.

"Rafa ? Je le vois tous les jours s’entraîner, sur le court et en salle de gym. Je trouve ça assez surréaliste d’ailleurs et j’essaie de mesurer la chance que j’ai", raconte celle qui occupe cette semaine la 160e place mondiale. "Je ne sais pas s’il faut être optimiste quant à ses chances de le voir gagner ici, mais ce que je peux vous dire, c’est qu’il travaille très dur. Il a la mentalité d’un taureau. S’il y en a un qui peut le faire, c’est lui…"

Enfin, si vous n'aviez pas la référence et pour répondre à la devinette inaugurale, Alex Eala est née le jour où Rafael Nadal remportait face à Lars Burgsmüller le tout premier match de sa carrière à Roland-Garros. Si ça, ce n'est pas un signe du destin...