Alors que Iga Swiatek, Aryna Sabalenka et Elena Rybakina accaparent les projecteurs médiatiques et les trophées majeurs au fil des semaines, on a parfois tendance à oublier la régularité de Maria Sakkari au plus haut niveau. Depuis qu’elle a fait son entrée dans le top 10 en septembre 2021, elle n’a passé qu’une seule semaine en dehors de ce groupe d’élite.
Interview - Sakkari : "Beaucoup de choses ont changé"
La star grecque estime qu’elle aborde cette édition 2024 de Roland-Garros dans une bonne dynamique.
Au cours des 18 derniers mois, les trois têtes d’affiche ont disputé des duels épiques qui leur ont valu de se détacher du lot, au point que certains fans et observateurs parlent de "Big Three" de la WTA. Sakkari, qui a atteint son meilleur classement (3e mondiale) il y a deux ans, accorde peu d’importance à ces considérations.
Elle préfère au contraire souligner la grande richesse du tennis féminin dans ses hautes sphères, où plusieurs joueuses sont capables, selon elle, de contester cette théorie du Big 3. "Iga est exceptionnelle depuis deux ans mais personne n’est imbattable. En faisant une bonne semaine, une joueuse peut facilement s’immiscer dans la danse, ce qui changera radicalement la donne pour elle, a-t-elle indiqué dans une récente interview accordée à rolandgarros.com. Mon principal objectif, c’est d’arriver au niveau de ce top 3 et ensuite, tout sera possible pour moi."
"Iga est la joueuse la plus régulière à l’heure actuelle mais je trouve que tout le monde joue bien. Sur un jour donné, tout le monde peut battre tout le monde. Je ne prête vraiment pas attention à ces discussions au sujet du Big 3 car je ne pense pas qu’il y ait seulement trois joueuses à ce niveau."
Montée en puissance
Après une entame de saison 2024 en demi-teinte (5 victoires, 4 défaites), Sakkari est montée en régime en atteignant la finale à Indian Wells, les quarts à Miami et les demies à Charleston sur les trois tournois suivants.
La joueuse grecque a enregistré 7 victoires et 3 défaites sur terre battue (hors BJK Cup) en amont de Roland-Garros et elle affiche un bilan de 19 succès (pour 9 défaites) toutes surfaces confondues depuis le début de l’année.
"Je pense que l’expérience que j’engrange sur le circuit et toutes les situations que je rencontre m’aident à développer cet aspect (la régularité), a estimé la joueuse de 28 ans. Le fait que j’ai été très régulière dans mes résultats et mon classement au cours des trois dernières années m’a beaucoup aidée. Vous me connaissez, j’en veux toujours davantage mais je dois avant tout retrouver pleinement cette stabilité et améliorer mon jeu. De ce côté-là, je trouve qu’il y a déjà du mieux."
En février, Maria a mis fin à six ans de collaboration avec son entraîneur Tom Hill, qu’elle a remplacé par David Witt, l’ancien coach de Jessica Pegula et Venus Williams.
"Ce n’est jamais facile de prendre ce genre de décision. J’ai eu la sensation que nous n’avions plus rien à nous apporter mutuellement et c’est ce que je lui ai dit, a développé Sakkari. On a eu une discussion très saine à Doha. On a tous deux conclu que l’on ne pouvait plus continuer ensemble. En l’état actuel des choses, on n’arrivait plus à obtenir de bons résultats en travaillant ensemble."
"On s’est séparés en bons termes et je considèrerai toujours Tom comme un frère. Je suis content pour lui qu’il revienne sur le circuit (aux côtés de l’Américaine Peyton Stearns). Je serai toujours là pour lui, quoi qu’il arrive. J’ai ressenti que j’avais besoin de quelque chose de différent, que je trouve maintenant avec David".
Nouvelle approche
Il est parfois compliqué d’entendre un nouveau discours quand on sort d’une relation de travail aussi longue. Mais Sakkari était prête à opérer cette transition. Le résultat qu’elle a obtenu à Indian Wells, tournoi lors duquel elle a étrenné cette collaboration, est là pour en témoigner. "Ç’a été facile. Je n’ai rien contre Tom, bien entendu, mais ç’a été bien d’entendre une nouvelle voix, a-t-elle expliqué. David est très expérimenté, très aguerri, ça fait de nombreuses années qu’il est sur le circuit. Il a travaillé avec deux excellentes joueuses."
"C’est bien d’avoir quelqu’un d’aussi expérimenté dans mon équipe. Il prend les choses avec du recul, il est très posé. Comme j’ai un caractère très méditerranéen, j’ai tendance à stresser, à me laisser rattraper par mes émotions. Depuis que je travaille avec David, beaucoup de choses ont changé chez moi. Je ne ressens plus aucune tension en provenance de mon box et c’est génial."
"Je suis là où je veux être"
Ce que Sakkari apprécie chez David Witt, c’est qu’il ne complique pas les choses outre mesure. Une simplicité qui l’a aidée à enchaîner les bons résultats. "La régularité que j’ai atteinte va me permettre de franchir un palier et j’espère que ça me permettra de gagner un grand titre, a-t-elle déclaré à Rome. C’est l’objectif que je poursuis aujourd’hui."
Demi-finaliste à Roland-Garros et à l’US Open en 2021, Sakkari n’a pas rallié la deuxième semaine lors des huit derniers tournois du Grand Chelem qu’elle a disputés. Elle aborde toutefois le tournoi parisien dans un état d’esprit différent, satisfaite de son niveau, sans pour autant accorder trop d’importance aux résultats bruts.
"J’ai déjà eu de grandes attentes et ça ne m’a pas vraiment réussi. En ce moment, j’essaie simplement de rester dans cette dynamique, a-t-elle assuré. "Je me sens bien dans mon tennis. Je me dis : peut-être que je perdrai au prochain tour, peut-être pas, peut-être que je gagnerai cette semaine... Personne n’en sait rien, en fait. Je suis satisfaite de mes sensations. Peut-être que cette saison sur terre battue ne se passe pas comme je voudrais. Peut-être que je jouerai super bien sur herbe, qui sait. Ce que je sais, c’est que je suis là où je veux être et que j’ai les sensations que je recherche", a-t-elle conclu.