Daniil Medvedev se confie à cœur ouvert.
Le joueur de 28 ans s'est déjà construit un magnifique palmarès comprenant un sacre en Grand Chelem, 20 titres dans 20 tournois différents et une place de numéro un mondial.
Brillant sur ocre en 2023, l’ancien numéro 1 mondial souhaite poursuivre sur sa lancée en réussissant un beau parcours à Roland-Garros.
Daniil Medvedev se confie à cœur ouvert.
Le joueur de 28 ans s'est déjà construit un magnifique palmarès comprenant un sacre en Grand Chelem, 20 titres dans 20 tournois différents et une place de numéro un mondial.
Il a également eu la chance, selon ses propres termes, de côtoyer deux générations. La première, celle du légendaire "Big Three" de Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic et la seconde, celle des jeunes prodiges Carlos Alcaraz et Jannik Sinner.
Tiraillé entre son rôle de trouble-fête face aux monstres sacrés et le défi permanent représenté par les nouveaux grands noms de la discipline, Daniil revient sur ce statut de joueur au croisement de deux époques.
"C’est vrai que ce n’est pas facile à vivre", a-t-il confié à rolandgarros.com dans une interview réalisée à l'occasion du Masters 1000 de Madrid.
"C’est valable dans tous les sports : vous affrontez des adversaires exceptionnels et, au moment où leur niveau décline, ou du moins semble décliner, de nouveaux joueurs arrivent pour vous mettre au défi, et même vous battre."
"Pour moi, défier Novak ou Rafa, ce n’est jamais simple. J’allais oublier Rafa, mais il est de retour. On verra jusqu’où il peut aller."
"Pour moi, Jannik, Carlos et Novak sont meilleurs que moi quand ils sont au maximum de leurs performances. Ce n’est jamais une mince affaire de gagner contre eux. Je suis content de les affronter car je dois hausser mon niveau pour les battre."
Medvedev occupe actuellement le 4e rang mondial, derrière Djokovic, Sinner et Alcaraz, des adversaires contre lesquels il a déjà gagné à plusieurs reprises. Pourtant, il avoue sans détour leur supériorité !
"C’est ce que je pense. Par exemple, à l’Open d’Australie (en janvier, battu en finale par Jannik Sinner), je jouais mon meilleur tennis. Certes, j’étais fatigué, ce qui m’a peut-être coûté la victoire, mais ce sont des spéculations. La réalité, c’est que même à mon maximum, j’ai perdu", explique-t-il.
Cette rivalité, il a fini par l'apprécier en la transformant en source de satisfaction lorsqu'il parvient à venir à bout de l'un de ses rivaux.
"C’est un drôle de sentiment... Ils sont excellents, je trouve que leur toucher de balle est meilleur que le mien. Mais à chaque fois que je les affronte, je me demande comment gagner, comment faire mieux que la fois précédente, si j'ai perdu notre dernier duel. D'ailleurs, même si c’était une victoire, je me demande comment faire encore mieux", a-t-il ajouté.
"Ils innovent toujours dans leur manière de jouer. Honnêtement, j’aime bien ce sentiment, même si parfois je préférerais jouer une finale dans laquelle j’ai plus de chances de gagner. Mais c’est génial de sentir que je me surpasse, comme contre Novak à l’US Open. C’est un sentiment incroyable."
S’entretenir avec Medvedev, c’est s’entretenir avec un joueur arrivé à un moment de sa carrière où le développement personnel prime, aussi bien sur le court qu’en dehors.
Ce travail sur lui-même est d’autant plus important depuis qu’il est devenu père, de la petite Alisa, 18 mois.
À bien des égards, Alisa a le caractère de son père, ce qui ne manque pas d’amuser son épouse, Daria, lorsqu’elle observe son mari et sa fille interagir.
"Par exemple, quand elle essaie de faire quelque chose, comme ouvrir une bouteille, elle n’y arrive pas car elle est trop petite. Elle se donne à fond, elle échoue, se met à crier, à jeter la bouteille ou à montrer son mécontentement, puis elle la laisse de côté. Deux minutes plus tard, elle réessaie. Comme moi sur le court !" a-t-il souri.
"Parfois je tente quelque chose mais ça ne marche pas. Je m’énerve pendant une dizaine de minutes mais je reste dans le match et je fais tout pour gagner, jusqu’au dernier point."
Ces similitudes ont amené Medvedev à se demander si son comportement sur le terrain n'est pas lié à son ADN plutôt qu'à quelque chose qu'il a appris de son environnement.
"Toute ma vie, j’ai échangé avec les autres pour m’améliorer. On parlait de mon enfance et souvent, les gens essayaient de trouver une explication à mon expressivité et mon énergie sur le court. Maintenant, je me dis que c’est peut-être simplement dans mes gènes. Je suppose que c’est un peu facile comme excuse mais je travaille sur moi-même pour montrer l’exemple à ma fille", poursuit-il.
Pour l’année 2024, Medvedev a pris comme bonne résolution de "devenir une meilleure personne" et selon lui, il est en bonne voie.
"Je pense que je fais de gros progrès. Je me sens plus en phase avec moi-même. Je peux piquer une colère, mais c’est comme ça que je fonctionne et je ne vais pas me réfréner. Même si j’y arrivais, ce serait renier ma personnalité. Ce n’est jamais bon d’enfouir ses sentiments. Quand je suis conscient de ce que je fais, je me sens plus serein, plus jovial, plus doux, que ce soit sur le court ou en dehors."
Sur le court, un des plus gros challenges pour Medvedev est de s'améliorer sur ocre, une surface sur laquelle il ne s'est jamais épanoui. Toutefois, ses progrès en la matière sont spectaculaires, surtout depuis la saison dernière, où il est arrivé à Roland-Garros auréolé d'un titre à Rome et sur une série de dix victoires pour seulement deux défaites.
Spécialiste autoproclamé des courts en dur, Medvedev apprivoise donc peu à peu la brique pilée. Celui qui reste sur une élimination au premier tour de l’édition précédente espère faire un beau parcours Porte d'Auteuil cette année. Il se montre d'ailleurs philosophe quant à sa campagne de 2023 et remet en perspective sa défaite en cinq sets contre Thiago Seyboth Wild au premier tour du tournoi. S'il salue la prestation spectaculaire de son adversaire, il estime que sa semaine de préparation entre sa victoire à Rome et son match face au Brésilien était insuffisante.
Interrogé sur son emploi du temps entre les deux tournois, il affirme : "Cette année, si je gagne à Rome, je m’y prendrai autrement."
"J’ai plutôt bien joué à Roland-Garros, malgré quelques doubles fautes. Mais Thiago a sorti un très grand match. J’étais déçu de perdre mais je suis heureux de m’être battu, d’avoir développé mon jeu et surtout d’avoir bien géré mes tournois sur terre battue la saison dernière."
Petit à petit, le protégé de Gilles Cervara est parvenu à apprivoiser la surface dans les moindres détails. Mais il a progressé étape par étape.
"Je commence à avoir de l’expérience. Chaque année, j’essaie de tenter des choses, de m’améliorer et de m’adapter à la terre battue. Je pense que j’y suis arrivé avec brio", a-t-il ajouté.
"J’ai aussi changé de cordage l’an dernier, ce qui m’a beaucoup aidé en général et en particulier sur ocre. J’ai l’impression de m’améliorer chaque année sur cette surface. Je n’ai toujours pas le niveau que j’ai sur dur, mais je m’améliore."
"J’ai les mêmes sensations cette saison, donc je vais essayer de faire un beau parcours à Roland-Garros."