Daniil Medvedev et Elena Rybakina ont créé la surprise sinon la sensation en triomphant ce week-end à Rome, où ils n'étaient pas attendus à pareille fête. Un titre qui fait d'eux des candidats légitimes, désormais, pour gagner aussi à Roland-Garros.
Medvedev et Rybakina s'invitent au bal des favoris
En triomphant ce week-end à Rome, Daniil Medvedev et Elena Rybakina ont ajouté leur nom à la liste des favoris de Roland-Garros.
Un titre avec de grosses conséquences
Un week-end à Rome est toujours, paraît-il, l'assurance d'une découverte à chaque pas. Ce que l'on vient d'y vivre oscille entre la surprise et le sensationnel. On y a d'abord appris qu'il pouvait pleuvoir autant au printemps en Italie qu'en automne en Ecosse. Mais surtout que Daniil Medvedev et Elena Rybakina, vainqueurs du troisième et dernier Masters / WTA 1000 de la saison avant le rendez-vous de Roland-Garros (28 mai-11 juin), pouvaient aussi pratiquer leur meilleur tennis et remporter les plus grands titres sur une surface qui n'était jusqu'à présent - dirons-nous en maniant l'euphémisme - pas leur préférée.
S'il était difficile, au vu de leur pedigree, d'occulter Medvedev et Rybakina de la liste des prétendants au Foro Italico, leur nom n'apparaissait pas non plus en première ligne des favoris. Particulièrement celui de Daniil, "hater" autoproclamé de la terre battue, un préjugé sans doute un brin exagéré qu'il a lui-même (sans doute) définitivement fait voler en éclats en remportant le premier titre de sa carrière sur ocre. Et pas n'importe lequel, donc.
Le protégé de Gilles Cervara n'a pas fait que jeter un pavé dans la mare. Il l'a fait avec violence, éclaboussant de son talent le monde des terriens en écartant notamment Alexander Zverev en huitièmes (6/2, 7/6), Stefanos Tsitsipas en demies (7/5, 7/5) et Holger Rune en finale (7/5, 7/5), tous multiples vainqueurs de titres sur terre battue et parmi les meilleurs spécialistes de la surface.
Lors de sa conférence de presse de pré-tournoi, le joueur de 27 ans, qui n'avait jamais gagné un match à Rome avant cette année, avait prévenu qu'il se sentait extrêmement bien, sur tous les plans. Assurément mieux que jamais sur terre battue. Un aveu sincère et risqué à la fois, mais qu'il a assumé de bout en bout en ne perdant qu'un seul set de sa semaine, au 2e tour, face à un autre spécialiste de terre, l'Espagnol Bernarbe Zapata Miralles (3/6, 6/1, 6/3).
En finale, dont le coup d'envoi a été retardé (d'1h40) par la pluie, qui aura perturbé le tournoi pendant douze jours, Medvedev a peut-être livré sa meilleure prestation face à un Rune qui a semblé un peu émoussé, de son côté, par un parcours magnifique lors duquel il avait battu le n°1 mondial Novak Djokovic en quarts (6/2, 4/6, 6/2) et le n°4 Casper Ruud en demies (7/6, 6/4).
"Je ne pensais pas être capable de gagner un Masters 1000 sur terre battue parce que jusqu'à présent, je ne m'y sentais pas bien, rien ne marchait pour moi sur cette surface, a déclaré après son titre celui qui avait tout de même atteint les demi-finales à Monte-Carlo et la finale à Barcelone en 2019. Je suis très heureux de l'avoir fait, d'avoir prouvé à moi-même et à tout le monde que je suis capable de gagner aussi sur terre battue."
Une victoire qui lui ouvre de nouvelles perspectives et qui a d'ores et déjà de grosses répercussions au classement : en décrochant le 20e titre de sa carrière, dont six Masters 1000 - tous dans des villes différentes -, Medvedev a repris la place de n°1 mondial à la Race et de n°2 mondial au classement technique, derrière Carlos Alcaraz, qui s'est pour sa part réinstallé au sommet au détriment de Novak Djokovic.
En conséquence, l'Espagnol et le Serbe, qui restent pour beaucoup les deux principaux favoris du Grand Chelem parisien, pourraient s'affronter dès les demi-finales Porte d'Auteuil, suivant le tirage au sort. Ce qui apparaissait il y a quelque temps comme la finale "idéale" pourrait donc ne jamais avoir lieu. Daniil Medvedev est passé par là pour mettre son grain de sel…
De la réussite pour Rybakina, des inquiétudes pour Swiatek
Du côté des femmes, Elena Rybakina avait déjà fait ses preuves sur terre battue puisque c'est sur cette surface qu'elle avait décroché le premier titre de sa carrière, à Bucarest, en 2019. Mais la Kazakhe, qui avait frappé plus fort sur d'autres surfaces en triomphant à Wimbledon l'an dernier ou Indian Wells cette année, y a décroché son premier gros succès de référence en profitant de l'abandon en finale de l'Ukrainienne Anhelina Kalinina, qui a dû jeter l'éponge à 6/4, 1-0 contre elle en raison d'une blessure à la cuisse gauche.
Ironie du sort, c'est également sur des blessures à la cuisse que Rybakina a bénéficié de deux autres abandons durant son parcours romain : celui d'Anna Kalinskaya au 3e tour – celle-là même qui l'avait battue d'entrée à Madrid – et surtout celui de la n°1 mondiale et grande favorite du tournoi, Iga Swiatek, en quarts de finale (2-6, 7-6, 2-2 ab.).
Cela n'enlève rien au mérite de Rybakina, qui avait su s'accrocher dans ce quart de finale au sommet lors duquel elle était menée 6/2, 4-2, balle de 5-2 avant de renverser la vapeur face à la Polonaise, laquelle a fini par ressentir une douleur devenue difficile à supporter dans le jeu décisif du 2e set. Abandon ou pas, c'est la troisième victoire en trois matchs cette saison de Rybakina sur Swiatek, qui débarquera à Paris certes toujours en favorite, mais avec un léger flou quant à son état physique.
"Je suis arrivée à Rome sans aucune attente, surtout que je souffrais d'allergies. Habituellement, il fait très chaud ici mais cette année, il a plu tout le temps et cela m'a aidée à survivre, s'est confiée à la WTA Elena Rybakina qui, grâce à ce succès, occupe cette semaine son meilleur classement (4e), ce qui lui permet aussi de pouvoir envisager plus sereinement le tirage au sort de Roland-Garros. J'ai toujours eu le sentiment de pouvoir bien jouer sur terre battue mais par manque de préparation ou de confiance, je n'y avais pas eu jusqu'à présent les résultats espérés."
C'est chose faite désormais pour Rybakina, qui avait elle-même été blessée au début de la saison sur terre battue (elle avait abandonné à Stuttgart, touchée au dos), mais qui est revenue en pleine forme au meilleur des moments. Après les titres d'Iga Swiatek à Stuttgart et d'Aryna Sabalenka à Madrid, les trois meilleures joueuses de l'année auront remporté les trois plus gros tournois sur terre battue de la saison avant Roland-Garros. Autant dire que ça promet…