Dernier match de cette quinzaine australe, la finale du simple messieurs opposera donc les têtes de série n°3 et n°4. Une affiche inédite à Melbourne et la première finale sans Roger Federer, Rafael Nadal ou Novak Djokovic depuis 2005, match qui avait vu Marat Safin triompher face à Lleyton Hewitt. A cette date, Jannik Sinner n’avait que trois ans… Il y a donc peu de chance qu'il s'en souvienne. Mais dimanche c'est lui, qui - après avoir fait chuter le maître des lieux, Novak Djokovic, dix fois vainqueur à Melbourne, au terme d’une demi-finale maîtrisée de bout en bout - aura l’occasion d’inscrire pour la première fois son nom au palmarès d'un Grand Chelem face à Daniil Medvedev.
AO 2024 : Sinner - Medvedev, avènement ou confirmation ?
Premier titre pour Jannik Sinner ou deuxième trophée pour Daniil Medvedev ? C'est l'enjeu majeur de cette finale de l'Open d'Australie 2024.
Sinner apprend vite
Après avoir battu un top 5 en Grand Chelem pour la première fois en neuf tentatives lors de son quart de finale contre Andrey Rublev, l’Italien, seul joueur du tableau à n’avoir pas perdu un set avant les demi-finales, a passé un autre cap contre Novak Djokovic.
Battu en trois sets par le Serbe lors de sa première demi-finale en Grand Chelem à Wimbledon en 2023, Jannik Sinner n’a, cette fois, pas laissé passer sa chance pour s’imposer 6/1, 6/2, 6/7(6), 6/3. Qualifié pour sa première finale, il a l’opportunité d’entrer pour de bon dans la cour des grands.
Comme contre le "Djoker", le protégé de Darren Cahill présente un bilan négatif face à son futur adversaire (6-3 pour le numéro trois mondial) mais à l'image de son face-à-face avec le Serbe, c’est lui qui a remporté sa dernière confrontation avec l'élève de Gilles Cervara. Les trois dernières même… Après l’avoir battu pour la première fois en finale de Pékin en octobre dernier, il l’a de nouveau dominé à Vienne puis lors des finales ATP. De quoi aborder sereinement ce 10e duel, lui qui a remporté neuf de ses dix derniers matchs contre des top 5 sur le circuit (ne s’inclinant que contre Novak Djokovic en finale du Masters).
Pas de quoi s’enflammer cependant pour Sinner, bien conscient que le plus dur reste à faire face à un adversaire qu'il n'a encore jamais affronté dans un match au meilleur des cinq sets. "La saison dernière et plus particulièrement la fin de saison m’a donné beaucoup de confiance, notamment en ma capacité à avoir de bons résultats en Grand Chelem. Mais encore faut-il le faire, non?”
Fidèle à lui-même, il n’a d’ailleurs pas explosé de joie après sa victoire dans le dernier carré. "Je savais que c’était une demi-finale, ce n’est pas comme si j’avais gagné le tournoi comme ça. Dimanche ce sera une finale. Il y aura d’autres émotions car une finale c’est toujours différent. J’ai hâte d’y être et on verra ce qu’il se passera."
L’avantage de l’expérience ?
Daniil Medvedev, lui, sait déjà ce qu’est une finale de Grand Chelem. Titré à New York, il disputera dimanche sa sixième finale majeure, la troisième à Melbourne après celles perdues contre Novak Djokovic (2021) et Rafael Nadal (2022). Mais pour la première fois, il n’y affrontera pas l’une de ces deux légendes mais un joueur inexpérimenté à ce niveau. "J’aimerais que ça fasse une grande différence mais en termes de tennis je suis sûr que ce sera un match très difficile car Jannik joue un tennis incroyable, a commenté son coach français. Il l’a encore prouvé face à Novak Djokovic. Daniil l’a affronté en fin de saison dernière et ce furent des matchs très durs. Mais oui j’espère que le fait de jouer sa première finale le rendra un peu plus tendu, moins bon et nous donnera quelques opportunités d’exploiter cette chance de ne pas jouer Djokovic ou Nadal. Mais cela reste un incroyable joueur en face de Daniil donc ce sera aussi un énorme challenge."
Un possible avantage sur lequel le vainqueur de l'US Open 2021 aimerait bien capitaliser : "J’espère que ça va me donner un avantage oui. Je n’aurai probablement pas celui du physique. L’avantage tennistique, on verra. Mais il m’a battu les trois dernières fois… Donc j’espère que mon expérience m’aidera. Une première finale est spéciale pour tout le monde. Je ne sais pas comment Jannik gèrera ça mais moi j’ai cette expérience, je ferai de mon mieux et je me battrai jusqu’au bout et on verra qui gagnera."
Un combat mental ET physique
Autre paramètre important de cette finale : le physique. Avec un seul set perdu (en demi-finale) et seulement 14h44 passées sur le court pour rallier la finale, soit près de 6h de moins que Daniil Medvedev (20h33), Jannik Sinner semble partir avec l’avantage de la fraîcheur avant ce dernier combat. Mais le numéro trois mondial préfère se concentrer sur les certitudes que ces matchs difficiles lui ont apporté. "Je suis plus fort mentalement que je l’étais avant ce tournoi parce que je sais que suis capable de choses dont je ne me sentais pas capable avant. Je n’avais jamais réussi ce genre de choses pour atteindre la finale. Je suis donc plus fort qu’avant mentalement et j’en suis heureux. Honnêtement je pense que c’est mieux d’arriver en finale en ayant gagné des matchs en trois ou quatre sets pour être mieux physiquement. Mais c’est comme ça. Je suis fier de mon parcours et j’ai hâte de disputer la finale et de me donner à 100% encore une fois."
Alors, Jannik Sinner ou Daniil Medvedev, lequel des deux sera le premier joueur à inscrire son nom au palmarès pour la première fois depuis Stan Wawrinka en 2014 ? Réponse à partir de 9h30 (heure française) dimanche matin.