De Melbourne à Riyad en passant par la Porte d’Auteuil, terre de Grand Chelem et de Jeux olympiques, le monde a de nouveau vibré toute l’année au rythme des exploits des meilleures joueuses du circuit. Avant de se projeter vers une nouvelle page aussi indécise qu’enthousiasmante, il est l’heure de dresser le bilan de l’exercice 2024.
Rétro WTA 2024 : rugissements et éclosions
Une nouvelle patronne impériale sur dur, une reine déchue mais toujours intouchable sur terre battue, des duels épiques et de nouveaux visages en haut de l’affiche : retour sur la magnifique saison WTA 2024.
Une année sous le signe du tigre
Une nouvelle reine s’est installée sur le trône. Ou plutôt réinstallée, étant donné qu’Aryna Sabalenka avait occupé cette position de manière éphémère en 2023, durant quelques semaines entre sa déchirante finale new-yorkaise et la grand-messe de Cancun au cours de laquelle sa grande rivale Iga était redevenue 1ga. Un léger goût de trop peu sans doute pour celle qui a toujours rêvé de la place de numéro un mondiale.
Alors en 2024, "Saba" a mis toutes les chances de son côté, d’abord en conservant sa couronne à l’Open d’Australie – en seulement 8h11, sans perdre le moindre set – puis en faisant une nouvelle démonstration de son appétence pour la terre battue (finales à Madrid et Rome). Diminuée à Roland-Garros (défaite en quarts contre Mirra Andreeva) et privée de Wimbledon et de JO en raison d’une douleur à l’épaule, elle a repris sa conquête du pouvoir en se muant en quasi-invincible sur dur, réalisant au passage son autre souhait le plus cher à Flushing Meadows. Première joueuse à triompher à Melbourne puis à New York au cours de la même saison depuis Angelique Kerber en 2016, elle a également profité de cette période dorée sur sa surface de prédilection pour collecter deux autres trophées de catégorie 1000 dans l’Ohio puis à Wuhan.
Mais au-delà des lauriers et des chiffres (56 victoires, record), c’est l’attitude, le travail et les progrès de la meilleure joueuse de l’année qui ont subjugué aussi bien les observateurs que ses adversaires. "J’ai été vraiment très impressionnée par Aryna cette année. J’ai l’impression qu’elle est devenue une meilleure joueuse, elle est plus complète et mentalement, on dirait qu’elle maîtrise parfaitement toutes les situations. Son service, qui était sa plus grande faiblesse, est devenu sa plus grande force sur le court. C’est motivant et inspirant" a d’ailleurs analysé Jessica Pegula, aux premières loges lors des finales de Cincinnati et de l’US Open. Rayonnante en dehors des courts, intraitable derrière sa ligne et en parfaite symbiose avec toute son équipe : l’heureux règne de Sabalenka ne fait peut-être que commencer…
Les pieds sur terre, la tête ailleurs
Puisqu’à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire, le trône suscitera toujours les convoitises de nombreuses prétendantes. La première d’entre elles n’est autre que l’ancienne locataire longue durée des sommets, Iga Swiatek. Dépossédée de son bien en toute fin d’exercice et coupable de plusieurs contre-performances en Grand Chelem, la Polonaise n’a pour autant pas caviardé son année, bien au contraire. Sacrée à quatre reprises en Masters 1000 (Doha, Indian Wells, Madrid et Rome), elle a surtout remporté un quatrième Roland-Garros, le troisième consécutif.
Une domination sans partage sur ocre qui faisait d’elle la grandissime favorite dans la quête de l’or olympique Porte d’Auteuil. Battue à la surprise générale par Qinwen Zheng dans le dernier carré, elle s’est finalement parée d’un métal bien moins précieux à ses yeux. Une désillusion suivie d’une élimination en quarts de finale du dernier Majeur de la saison qui ont convaincu la désormais n°2 mondiale de s’associer avec Wim Fissette, en lieu et place de Tomasz Wiktorowski. Ce nouveau partenariat lui permettra-t-elle d’oublier ses problèmes extra-sportifs et de passer un cap en Australie ou encore sur un gazon qui se refuse à elle depuis de nombreuses années ? Réponse en 2025.
Succès espérés, ascensions inattendues
À l’issue de l’exercice 2023, l’hypothèse d’une consolidation d’un Big 3 ou d’un Big 4 en compagnie d’Elena Rybakina et de Coco Gauff était dans tous les esprits. Seulement les deux joueuses n’ont pas eu la constance espérée. La championne de Wimbledon 2022 a certes remporté trois titres et disputé deux autres finales lors des quatre premiers mois de l’année mais ses sorties précoces à Melbourne, New York et Riyad l’ont empêchée de rêver plus grand. De son côté, la championne de l’US Open 2023 a atteint le dernier carré des deux premiers Majeurs avant de perdre de l’altitude au cours de l’été. Cependant, sa fin de saison – marquée notamment par son sacre aux finales WTA et à Shanghai – l’a replacée au centre de l’échiquier et laisse augurer d’excellentes perspectives pour les mois à venir.
Les places laissées vacantes à l’occasion de plusieurs grands rendez-vous ont par ailleurs été comblées avec brio par des protagonistes qui n’étaient pas ou plus forcément attendues à ce niveau. Classée au 30e rang mondial en janvier, Jasmine Paolini a éclos sur le tard (28 ans), s’adjugeant le premier WTA 1000 de sa carrière à Dubaï avant de réussir un sensationnel back-to-back en finales de Grand Chelem, à Roland-Garros puis à Wimbledon. Parée d’or aux JO de Paris en compagnie de Sara Errani, elle s’est également qualifiée pour les Finales WTA en simple et en double, le tout en terminant l’année 4e mondiale avec un saladier d’argent dans ses bagages !
En finale au All England Club, l’Italienne s’est inclinée face à Barbora Krejcikova, loin d’être épargnée par les blessures ces dernières années. Sacrée en 2021 Porte d’Auteuil, la Tchèque n’avait remporté que sept rencontres en 2024 avant sa folle aventure londonienne durant laquelle elle est devenue la deuxième joueuse la moins bien classée (32e mondiale, tête de série n°31) à soulever le Venus Rosewater Dish depuis l’élaboration du classement WTA en 1975.
Récompensée du titre honorifique de "meilleure progression de l’année" par la WTA, l’Américaine Emma Navarro a enchaîné les accomplissements tout au long de la saison en remportant son premier titre WTA en janvier avant de disputer les quarts de finale à Wimbledon puis les demies à Flushing Meadows, intégrant ainsi le Top 8 mondial, une place seulement derrière sa compatriote Jessica Pegula. Cette dernière a, quant à elle, brisé son plafond de verre personnel en Majeur, disputant la finale de "son" Grand Chelem après six échecs consécutifs en quarts.
Satisfactions en pagaille
Au rayon des confirmations et autres talents en devenir, difficile de ne pas évoquer le savoureux cru de Qinwen Zheng. Outre sa médaille d’or olympique précédemment évoquée, la Chinoise a remporté le WTA 500 de Tokyo et disputé la finale de l’Open d’Australie et très récemment celle du Masters. Suivie partout dans le monde par ses très nombreux fans, la superstar a également effectué ses grands débuts dans le Top 10 puis dans le Top 5 !
"Révélation de l’année" en 2023, la très jeune Mirra Andreeva (17 ans) a brillamment poursuivi sa progression en atteignant les huitièmes à Melbourne Park puis le dernier carré Porte d’Auteuil. Auréolée d’un premier sacre en WTA 250, elle a aussi créé la surprise en s’adjugeant la médaille d’argent en double à Paris. Une prouesse réalisée en compagnie de la très puissante Diana Shnaider, autre sensation titrée à quatre reprises sur trois surfaces différentes et désormais 13e mondiale…
On ne peut que souhaiter les mêmes lendemains qui chantent à la nouvelle "révélation de l’année" Lulu Sun, dont le conte de fées dans le berceau du tennis n’a laissé personne indifférent. La régularité étant la pierre angulaire des plus belles carrières de la discipline, nul doute que ces jeunes pousses feront tout pour continuer de performer au plus haut niveau. Si elles y parviennent, l’avenir du tennis féminin est en de très bonnes mains.