Quoi de mieux que de terminer une saison 2024 aboutie en boulet de canon ? Il faut sans doute poser la question aux têtes couronnées d’un nouveau week-end spectaculaire sur les circuits ATP et WTA. Des nouvelles stars de la discipline qui vont très rapidement réenfiler le bleu de chauffe, à Paris et à Riyad dans les prochains jours…
ATP / WTA : puissantes confirmations
Particulièrement brillants cette saison, Giovanni Mpetshi Perricard, Jack Draper et Qinwen Zheng ont de nouveau pris toute la lumière la semaine passée.
Giovanni Mpetshi Perricard, pour vous servir
Un grand gabarit et une telle puissance de feu ne passent rarement inaperçus. Mais c’est encore plus vrai lorsque le joueur en question n’a que 21 ans et qu’il peut se targuer d’être à ce jour la plus belle progression du classement professionnel masculin en 2024. 205e mondial en janvier, Giovanni Mpetshi Perricard culmine au 31e rang ce lundi grâce à un nouveau parcours de rêve vécu sur les courts en indoor de l’ATP 500 de Bâle. Tombeur successivement de James Duckworth, Félix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov, Holger Rune et Ben Shelton, le protégé d’Emmanuel Planque a soulevé le deuxième trophée de sa jeune carrière après l’ATP 250 de Lyon en mai.
Mais au-delà de cette prestigieuse liste d’adversaires et de ce nouvel accomplissement, c’est surtout la manière qui a subjugué les observateurs tout au long de son aventure suisse. Doté d’un engagement dévastateur et d’un sang-froid à toute épreuve, celui qui a également été huitième de finaliste à Wimbledon en juillet n’a pas concédé une seule fois son service en cinq rencontres, distribuant la bagatelle de 18 aces en moyenne par match ! "Sur cette surface, mon service est bien sûr une arme très importante, mais j’essaie aussi d’être agressif depuis le fond du court et de mettre la pression sur mon adversaire, a-t-il expliqué. Mais je suis très heureux de ma mise en jeu car c’était un élément important de ma panoplie cette semaine."
Et comme un symbole, c’est un autre très gros serveur du circuit qui a été écœuré par la maîtrise du Français dans cet exercice en finale (6/4, 7/6(4) en 1h26). "Il m’a presque tué sur l’un de ses services", a souri Shelton lors de la cérémonie de fin de tournoi avant que le principal intéressé lui-même ait un mot de sympathie à destination des ramasseurs de balles : "Vous avez été courageux parce que ce n'est pas évident de prendre des premières balles à 230 km/h !".
Bien supérieur sur sa mise en jeu (22 aces dont deux pour conclure son récital et 85% de points gagnés derrière sa première), "Gio" l’a aussi été dans les quelques rares longs échanges de la partie et dans tous les moments importants, à l’image des quatre services gagnants claqués alors qu’il était mené 4-5, 0-30 dans la deuxième manche. S’il manque encore de constance et qu’il devra faire preuve de davantage de régularité la saison prochaine pour s’installer durablement dans le Top 30 (voire mieux), le géant lyonnais progresse indubitablement dans tous les compartiments du jeu, de sa mobilité à la variété de ses coups.
"Je suis content de moi, de ce que j'ai fait aujourd'hui et au cours des cinq derniers jours, a-t-il analysé. C'est incroyable de gagner ici... Avant d'arriver en Suisse, j'ai eu un mois difficile (huit défaites lors de ses neufs derniers matchs, ndlr) mais c'est toujours bien quand les victoires s’enchaînent […] Mon objectif cette saison était de gagner un tournoi 250 ou 500 mais remporter les deux, c’est incroyable. Bien sûr, je me concentre sur ce que je peux améliorer dans mon jeu, je travaille beaucoup de choses à l’entraînement. Le travail a payé et je suis vraiment heureux." Un bonheur qu’il espère désormais partager devant son public à partir de mardi, au Rolex Paris Masters.
L’irrésistible ascension de Jack Draper
Orphelin d’Andy Murray depuis ses émouvants adieux en double aux Jeux olympiques, le peuple britannique lui a semble-t-il trouvé un digne successeur ces derniers mois. À seulement 22 ans, Jack Draper confirme tournoi après tournoi tout le bien que ses compatriotes et autres suiveurs du tennis mondial pensent de lui. Demi-finaliste surprise du dernier US Open, il a lui aussi brillamment ouvert son compteur en ATP 500 du côté de Vienne, son deuxième titre cette année et en carrière après l’ATP 250 de Stuttgart en juin.
Bousculé en quarts de finale par Tomas Machac, le natif de Sutton s’est montré impérial pour écarter Lorenzo Musetti dans le dernier carré avant de résister au retour de Karen Khachanov en finale (6/4, 7/5 en 1h35). Parfaitement lancé vers un succès sans histoire, il a vu le champion d’Almaty revenir de 0-4 à 5-4 dans le deuxième set avant de parvenir à faire une dernière différence pour stopper la série de huit victoires consécutives de "KK". "Je jouais très bien et la dynamique a changé, a analysé le champion. C’est juste la preuve qu’il est très bon et en pleine forme. C’est devenu très serré mais je suis resté solide et j’ai gardé un bon état d’esprit. Je suis content d’avoir pu m’en sortir, c’est un soulagement […] Gagner mon premier tournoi ATP 500 est une sensation incroyable. Je suis très heureux et fier de moi et de mon équipe. C’est pour des moments comme ça qu’on joue au tennis donc je vais en profiter !"
Une victoire qui lui permet de grimper au 15e rang mondial (son meilleur classement en carrière) et de devenir par la même occasion le premier joueur à être couronné de lauriers à Vienne pour sa première participation depuis… Andy Murray en 2014. Il y a des signes qui ne trompent pas.
Zheng, le vent en poupe avant les Finales WTA
Sur le circuit féminin, les meilleures joueuses de 2024 seront très prochainement réunies à Riyad pour y disputer les Finales WTA (du 2 au 9 novembre). Et si les regards seront naturellement tournés vers Aryna Sabalenka et Iga Swiatek afin de connaître l’identité de la n°1 mondiale au terme de cette incroyable saison, il ne faudra pas pour autant négliger les autres candidates à ce dernier trophée majeur. Et parmi ce prestigieux Top 8, l’une des deux novices de ce grand rendez-vous (avec Jasmine Paolini) devrait avoir les faveurs de nombreux supporters : Qinwen Zheng.
Entrée dans une nouvelle dimension depuis son titre olympique décroché sur la terre battue parisienne cet été, la première athlète à avoir fait la couverture de Vogue Chine continue de briller sur les courts. Malheureuse dans le dernier carré du WTA 1000 de Pékin puis en finale du WTA 1000 de Wuhan face à la nouvelle patronne du circuit, elle n’a pas laissé passer sa chance de remporter son troisième titre de l’année (après Palerme et les J.O) au WTA 500 de Tokyo. Un joli clin d’œil du destin puisque c’est au cours de ce même Toray Pan Pacific Open Tennis qu’elle avait atteint la première finale de sa carrière professionnelle en 2022 (défaite face à Liudmila Samsonova). "Je suis vraiment contente d’avoir pu me battre pour être sacrée championne ici à Tokyo, a-t-elle confié à l’issue de son sacre. C’est le titre que j’espérais obtenir quand j’avais 19 ans, j’avais tout donné mais je n’avais pas réussi, je m’étais inclinée en finale. Donc cette année, je suis vraiment très heureuse."
La 7e joueuse mondiale a poursuivi son impressionnante série de 28 victoires pour seulement 4 défaites depuis Wimbledon en prenant le meilleur sur la - toujours - dangereuse Sofia Kenin. Contrainte de déclarer forfait en demi-finale du double, la wild-card américaine a retrouvé la pleine possession de ses moyens pour pousser son adversaire au tie-break dans le premier set. Mais face à la puissance et la maîtrise à l’engagement de la finaliste du dernier Open d’Australie (16 aces, 92% de points gagnés derrière sa première), elle a fini par rendre les armes, ne se créant qu’une seule opportunité de break durant toute la rencontre.
En maîtrise tout au long de la compétition, elle se verrait bien prolonger la dynamique jusqu’au 9 novembre et ainsi boucler la plus belle saison de sa carrière aussi bien qu’elle ne l’a commencée. "Toutes les joueuses présentes à Riyad seront difficiles à battre, je vais devoir être concentrée dès le premier match. C’est la première fois que je participe à cet événement et je suis très motivée, on verra bien ce qui s’y passe !" a-t-elle conclu.
Danilovic, six ans plus tard
Enfin, une autre championne s’est distinguée sur le circuit féminin, du côté du WTA 250 de Guangzhou. Huitième de finaliste de la dernière édition de Roland-Garros, la Croate Olga Danilovic n’avait plus connu le bonheur de soulever un trophée depuis Moscou lors de la saison 2018. Une longue attente enfin comblée suite à cinq victoires consécutives dont quatre sans perdre le moindre set à l’image d’une finale express et sans conteste face à Caroline Dolehide (6/3, 6/1 en 1h15). "Je suis tellement heureuse de la façon dont j'ai joué toute la semaine et tout le tournoi, a-t-elle déclaré. Je suis très fière de moi et de mon équipe, j'ai montré ce dont j’étais capable et je me le suis surtout prouvé à moi-même. C’est très enthousiasmant de terminer la saison de cette manière !"