De la joie, des larmes, du soulagement et des accomplissements personnels et collectifs qui resteront gravés dans la mémoire des joueuses, joueurs, fans et observateurs : retour sur une semaine particulièrement marquante pour la discipline.
L’aventure d’une vie
Quand le tennis s'écrit en capitales...
Récompense, tradition et héritage
32 ans après le triomphe de son père Petr dans la capitale américaine, Sebastian Korda a remporté le tournoi ATP 500 de Washington. Une première dans l’histoire du circuit masculin réalisée au terme d’un superbe come-back face au prodige italien Flavio Cobolli (4/6, 6/2, 6/0), lui-même impressionnant en demi-finales pour s’offrir le scalp du chouchou du public, Ben Shelton. Un deuxième sacre en carrière (après l’ATP 250 de Parme en 2021) teinté d’émotions pour le désormais 18e mondial, son meilleur classement en carrière. "C’est assez émouvant, j’ai un petit peu pleuré, a-t-il confié après sa finale. Je me suis très souvent entraîné sur le court Central et réussir à inscrire mon nom au palmarès après mon père, c’est vraiment sympa."
Si l’attente n’a pas été aussi longue pour Paula Badosa, le soulagement ressenti à l’issue de son ultime succès face à Marie Bouzkova (6/1, 4/6, 6/4) était à la hauteur des nombreuses difficultés physiques traversées ces derniers mois. "Ça représente tellement. Il y a un an, j’étais dans mon canapé, a confié l’ancienne numéro deux mondiale, redescendue un temps au-delà du top 100 en raison d’une fracture de fatigue et de vives douleurs au dos. C'est donc une grande différence, je suis désormais de nouveau une athlète". Grâce à ce quatrième titre – le premier depuis Sydney en 2022 – l’Espagnole réintègre le top 50 pour la première fois depuis août dernier et sera assurément l’une des outsiders à suivre lors de la tournée américaine qui mènera les protagonistes de la WTA et de l’ATP à New York pour le dernier Grand Chelem de l’année (26 août – 8 septembre).
Djokovic, acteur majeur du théâtre des rêves
Les larmes ont également coulé à flots sur le court Philippe-Chatrier durant tout le week-end. Théâtre de l’olympisme pour la première fois de son histoire, la célèbre enceinte de la Porte d’Auteuil a vu l’un des plus grands champions de la discipline se parer d’or, au terme d’un combat extraordinaire d’intensité face à Carlos Alcaraz (7/6(3), 7/6(2)). Après quatre tentatives infructueuses et une première médaille de bronze remportée à Pékin en 2008, Novak Djokovic a glané le seul titre qui manquait encore à son immense palmarès.
"Quand j’ai porté le drapeau de la Serbie lors de la cérémonie d’ouverture à Londres en 2012, je pensais que c’était le meilleur sentiment qu’un athlète pouvait ressentir, a-t-il expliqué en conférence de presse. Mais c’était avant aujourd’hui. Ce moment dépasse tout ce que j’ai imaginé, espéré et vécu jusqu’ici. J’ai toujours dit que représenter mon pays a toujours été ma plus grande priorité et mon plus grand honneur, que ce soit en Coupe Davis ou aux Jeux Olympiques. Porter haut les couleurs de la Serbie, c’est ce qui me motive le plus. J’ai gagné le bronze lors de mes premiers Jeux et j’ai ensuite échoué trois fois sur quatre en demi-finales. Aujourd’hui, à 37 ans, j’affronte un joueur de 21 ans, probablement le meilleur du monde actuellement. Il a gagné Roland-Garros, Wimbledon et il joue un tennis incroyable… Quand on prend tout ça en considération, c’est probablement le plus grand exploit de ma carrière."
Cinquième joueur de simple de l’histoire – le plus âgé – à réussir le Golden Slam en carrière (remporter les quatre Majeurs et la médaille d’or olympique) après Andre Agassi, Steffi Graf, Rafael Nadal et Serena Williams, l’homme aux 24 titres du Grand Chelem, 40 Masters 1000 et 7 Finales ATP est encore un peu plus entré au panthéon de son sport, peut-être au moment où on l’attendait le moins. "Cette année a été bizarre pour moi, je n’ai pas gagné le moindre titre, ce qui ne m’est pas arrivé depuis longtemps, a-t-il analysé dans une salle de presse très bien garnie. Les Grands Chelems et les Jeux Olympiques étaient mes plus grands objectifs, en particulier les Jeux parce que c’était probablement ma dernière chance de tenter de gagner l’or. Ici, j’étais un meilleur joueur qu’à Wimbledon en termes de mouvements, de jeu, de sensations etc. Jouer à Londres était important pour retrouver de la confiance. Je n’avais pas besoin de motivation en plus pour jouer les Jeux parce qu’il n’y a pas mieux que de représenter mon pays. J’étais prêt pour ce tournoi, je n’ai pas perdu un set et j’ai senti dès les premiers tours que c’était ma chance, que si ça devait arriver, ce serait cette année. Quand je me suis qualifié pour la finale, c’était un gros soulagement parce que j’avais déjà fait mieux que par le passé. Je voulais l’or mais ça voulait dire qu’il fallait gravir la plus haute montagne du moment."
Accompagné par le Murcien (médaille d’argent) et Lorenzo Musetti (médaille de bronze) sur le podium, le joueur aux 19 victoires olympiques – encore un record – a d’ores et déjà donné rendez-vous avec humour à son équipe et ses fans dans quatre ans pour les Jeux de Los Angeles 2028…
"Queenwen" la guerrière
Si la tête de série n°1 a été couronnée dans le tableau messieurs, Iga Swiatek est quant à elle repartie de Paris avec une très belle médaille de bronze autour du cou. Grande favorite du tournoi, la quadruple championne de Roland-Garros a été battue dans le dernier carré par Qinwen Zheng, première joueuse chinoise de l’histoire à remporter une médaille d’or olympique en simple dames.
Après deux marathons de plus de trois heures face à Emma Navarro et Angelique Kerber – qui a disputé le dernier match de sa carrière à l’occasion de cet événement – et un inattendu succès en deux sets face à la reine du circuit, la 7e joueuse mondiale a été solide et sérieuse pour venir à bout de Donna Vekic (6/2, 6/3 en 1h45), première médaillée féminine de l’histoire de la Croatie. "Mon parcours n’a pas été facile, a-t-elle analysé en conférence de presse. Plusieurs joueuses ont gagné leurs rencontres en deux sets, moi j’ai eu des combats très difficiles, des matchs que j’ai failli perdre. J’ai été menée contre Emma, Angélique, Iga… Mais j’ai eu cette force en moi et ici, je me suis dit que je ne pouvais pas abandonner. Je ne sais pas pourquoi, il y a des moments où on peut lâcher prise mais pour ces Jeux, j’ai tenu et j’ai réussi. J’ai remporté l’un des tournois les plus importants de ma vie."
Un accomplissement incroyable pour la finaliste du dernier Open d’Australie, allongée en croix sur la terre battue parisienne après la balle de match. La même célébration que celle de son modèle Na Li, première Chinoise à avoir remporté un tournoi du Grand Chelem à Roland-Garros en 2011."Depuis que je suis petite, je suis inspirée par Li Na et j’ai toujours voulu moi-même pouvoir inspirer les jeunes et notamment les jeunes filles, a-t-elle poursuivi. Le tennis est un sport formidable, il faut se battre, être forte et rapide… C’est un sport complexe, je suis vraiment contente d’avoir remporté cette médaille d’or, je représente mon pays et j’essaie toujours de m’améliorer. Mais c’est vrai qu’après cette victoire, j’ai l’impression que je vais enfin pouvoir jouer au tennis de manière plus détendue !"
Double dose de bonheur
Eliminée dès le troisième tour en simple par la surprise de cette édition Anna Karolina Schmiedlova, la finaliste de Roland-Garros et de Wimbledon, Jasmine Paolini, a remporté la première médaille d’or de l’histoire du tennis italien avec sa partenaire et amie Sara Errani, 7e joueuse de l’histoire à réaliser le Golden Slam en double après Gigi Fernandez, Pam Shriver, Serena Williams, Venus Williams, Barbora Krejcikova et Katerina Siniakova. Rayonnantes sur le podium en compagnie de Diana Shnaider/Mirra Andreeva (en argent) et Sara Sorribes Tormo/Cristina Bucsa (en bronze), les Transalpines ont brillamment effacé la déception de leur finale perdue sur ce même court Philippe-Chatrier il y a deux mois.
En double hommes, épreuve marquée notamment par le dernier match de la carrière d’Andy Murray et la création d’un duo "Nadalcaraz" qui a fait rêver le public, ce sont les spécialistes de la discipline Matthew Ebden et John Peers qui se sont parés d’or en prenant le meilleur sur Rajeev Ram et Austin Krajicek. Des Américains en argent donc mais aussi en bronze puisque Taylor Fritz et Tommy Paul ont remporté le match pour la 3e place contre la paire tchèque Adam Pavlasek/Tomas Machac.
Ce dernier a fait mieux que se consoler en double mixte puisqu’il a remporté l’or aux côtés de Katerina Siniakova après un dernier match à suspense face au duo chinois Xinyu Wang/Zhizhen Zhang. Les Canadiens Gabriela Dabrowski et Félix Auger-Aliassime complètent ce magnifique palmarès.